Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Descendront ? Descendront pas ?

Des militants aounistes manifestant, le 9 juillet dernier, devant le Sérail, pour dénoncer l’ordre du jour du Conseil des ministres.

Le ministre de la Défense, Samir Mokbel, s'est dépêché de retirer le dossier des nominations sécuritaires du débat politique et médiatique pour éviter qu'il fasse boule de neige et suscite de plus amples tiraillements politiques. À l'issue de tractations effectuées auprès des responsables, dont le chef du Courant patriotique libre, M. Mokbel a finalement tranché en faveur de la demande de Michel Aoun en soumettant, comme ce dernier l'avait souhaité, l'affaire au Conseil des ministres. L'initiative, qui s'est conclue par un report du départ à la retraite des trois hauts commandants militaires – le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, le chef d'état-major, le général Walid Salman, et le secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, le général Mohammad Kheir – a pris de court les ministres aounistes et ceux du Hezbollah, comme le souligne une source au sein du Rassemblement consultatif. Selon certains milieux ministériels, les aounistes auraient préféré de toute évidence discuter préalablement de l'affaire en coulisses, avant de l'exporter à la table du Conseil des ministres, dans l'espoir d'arracher une entente sur la candidature du général Chamel Roukoz à la tête de l'armée. Une solution dont les aounistes affirment avoir convenu avec le courant du Futur lors de la réunion qui s'était tenue il y a quelque temps entre le chef du CPL et Saad Hariri, à la Maison du Centre. Cette affirmation est toutefois démentie par l'ancien député Ghattas Khoury, qui était présent à cette rencontre.


Les aounistes n'en démordent pas pour autant et persistent à croire qu'il s'agit là d'une véritable opération d'« insurrection » visant à assiéger Michel Aoun, le courant du Futur ayant, selon eux, failli à ses promesses après avoir reçu un mot d'ordre saoudien. Pour les faucons du CPL, il n'est pas question de se soumettre et d'abdiquer, et ils promettent une réaction certaine, le recours à la rue n'étant pas écarté, l'escalade politique en Conseil des ministres non plus.
Des sources ministérielles proches du Rassemblement consultatif expriment leur étonnement de voir le CPL dans une « fuite en avant », évitant d'afficher une position dans un sens ou un autre au lendemain de la décision de M. Mokbel. L'heure est donc à l'attentisme et le CPL préfère prendre son temps pour davantage de concertations. Ces sources évoquent d'ailleurs une « déroute » au sein du CPL dont les ministres se sont abstenus de se prononcer dans une direction ou une autre lors du vote soumis en Conseil des ministres. Ils ont également refusé de dévoiler leur position au sujet du mécanisme de fonctionnement à adopter en Conseil des ministres, préférant garder cette carte politique en main le jour où ils décideront de recourir à l'escalade. Il reste bien sûr à voir si les alliés de Michel Aoun rejoindront son mouvement de contestation une fois annoncé, où s'ils se contenteront de le soutenir uniquement dans son escalade politique.


Les sources du 8 Mars affirment que des tractations ont actuellement lieu loin des feux de la rampe. Elles font toutefois remarquer que certaines composantes de ce camp – notamment les Marada – ne sont pas d'accord avec l'idée d'un recours à la rue, qui constitue à leurs yeux une carte dangereuse en ce moment. Tel est également l'avis de tout un courant au sein même du CPL – divisé sur cette question – qui estime que l'expérience de la contestation de rue s'est négativement répercutée sur la formation aouniste dans le passé, d'autant que cette mesure pourrait être interprétée comme étant une entrée en confrontation avec l'armée et avec son haut commandement. Les adeptes de cette tendance soutiennent l'idée d'une approche plus pondérée à travers les contacts et en évitant de déclencher une nouvelle bataille.
L'autre tendance appelle par contre à l'escalade et à la confrontation, aspirant à faire entendre sa voix dans la rue pour dénoncer le « complot » ourdi contre le CPL et plus précisément contre son chef que l'on chercherait à écarter de la présidence de la République. Le CPL pourrait toutefois trancher ces questions aujourd'hui même, lors d'une réunion exceptionnelle que tiendront ses assises et au cours de laquelle Michel Aoun devra définir une feuille de route pour la période à venir ainsi que l'orientation que devrait prendre le mouvement de contestation.


La visite par ailleurs du ministre iranien des Affaires étrangères, Jawad Zarif, au Liban en début de semaine survient à un moment de polarisation politique extrême sur les dossiers de la région. Selon des observateurs, M. Zarif tentera de réaffirmer l'influence iranienne sur la scène libanaise, et le fait que la République islamique n'est pas prête à lâcher la carte libanaise en pleine saison de négociations politiques sur l'avenir de la région. Une chose est certaine pour ces observateurs : ni le Hezbollah ni l'Iran n'ont intérêt à voir la stabilité érodée au Liban, même s'ils continuent de soutenir les revendications de M. Aoun.
Jeudi prochain, le Premier ministre annoncera à son équipe qu'il n'acceptera en aucun cas que le gouvernement reste paralysé et improductif. Si les ministres ne parviennent pas à une entente autour du mécanisme de fonctionnement du cabinet, Tammam Salam décidera alors de revenir à la lettre de la Constitution, comme l'avait suggéré le président du Parlement.

 

Pour mémoire

Après le camouflet de Mokbel, le CPL dans l'embarras

Le ministre de la Défense, Samir Mokbel, s'est dépêché de retirer le dossier des nominations sécuritaires du débat politique et médiatique pour éviter qu'il fasse boule de neige et suscite de plus amples tiraillements politiques. À l'issue de tractations effectuées auprès des responsables, dont le chef du Courant patriotique libre, M. Mokbel a finalement tranché en faveur de la...
commentaires (8)

Les Aounistes ont perdu cette confrontation inutile. Ils devraient se résigner et collaborer à nouveau aux travaux du gouvernement. Les Libanais sont excédés après plusieurs semaines de paralysie politique orchestrée par le CPL du général Aoun. La crise des déchets n'arrange pas les choses, elle ne fait que raviver les tensions. Il y va de la santé des Libanais et de la protection de l'environnement. Il est grand temps de trouver une solution à long terme, Messieurs les ministres !

Tony BASSILA

11 h 57, le 09 août 2015

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Les Aounistes ont perdu cette confrontation inutile. Ils devraient se résigner et collaborer à nouveau aux travaux du gouvernement. Les Libanais sont excédés après plusieurs semaines de paralysie politique orchestrée par le CPL du général Aoun. La crise des déchets n'arrange pas les choses, elle ne fait que raviver les tensions. Il y va de la santé des Libanais et de la protection de l'environnement. Il est grand temps de trouver une solution à long terme, Messieurs les ministres !

    Tony BASSILA

    11 h 57, le 09 août 2015

  • Ce seront, avec cet aléatoire Courant d’Air toutes "sensibilités" oranges amères conFondues, quelques semaines de plomb encore à subir. Semaines nauséeuses qui, de par la satiété qu'elles provoquent, glisseront du révulsant à l'écœurante banalité genre bigaradier. Et il faudra de l'obstination aux ultras de chaque obédience orange aigrie, pour privilégier dans le grand choix d'ignominies qu’ils offrent celles qui apporteront de l'eau à leur moulin fangeux pressé si Per(s)cé. Difficile pourtant de ne pas admettre qu'en de telles occurrences, quoi qu'il puisse prêcher, le Sain, lui, n'aura jamais complètement raison. Que des conséquences oranges-amères perverses pourriront ses nobles mouvements. Et pourtant dans l'intarissable flot de "libâneries" oranginées qui continuent de submerger ce pays, que d'inaltérables opiniâtretés. Mais comment, après ce qui se passe avec cette sempiternelle orangerie aigrie, ne pas être désemparé ? Entraînés dans le tourbillon de ce sale temps boSSféràRien, sans un recul suffisant pour porter un jugement sur les changements qui s'accomplissent malgré tout au Liban, les Sains de ce patelin ne sont + capables de comprendre la signification de cette colle orange qui les assaille tant. Jamais une situation aussi Malsaine n'a porté 1 tel trouble dans les intelligences les plus claires. En réalité, ils ne font que subir d'1 façon trop intense, les effets de tout ce qu'il y a de mauvais dans cette amère orangeraie si nimbée d’1 dysentérique insanité.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 10, le 08 août 2015

  • Le Liban est en état de guerre avec Daech et An-Nosra sur ses frontières, par conséquent toutes les manifestations doivent être strictement interdites. Quoi qu'il arrive, le Liban ne sera pas livré aux trouvères et aux troubadours d'un vieillard alzheimereux. Notre patrie affronte des dangers qui menacent son existence et ce, au nord, à l'est et au sud. Il est plus facile de détruire que de bâtir, il n'appartient pas aux affairistes et aux voleurs de l'argent public d'imposer leur volonté. Le destination des malfaiteurs et de tous ceux qui provoquent des troubles à l'ordre public, c'est la prison.

    Annie

    12 h 03, le 08 août 2015

  • DESCENDEZ ! ALLEZ... PARAVENTS... PORTEZ LE COUP DE GRACE AU PAYS ! ET N'OUBLIEZ PAS QUE L'AVENIR DE VOS ENFANTS Y DÉPEND !!!

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    11 h 17, le 08 août 2015

  • A force d'obstructionnisme et de sabotage, Iznogoud-Aoun a fini par se saborder. Comme quoi les politiques négatives et l'obstination sont souvent stériles ou destructives.

    Dounia Mansour Abdelnour

    10 h 28, le 08 août 2015

  • Ce qui est lamentable c'est l'implication de l'armée et de ses hauts cadres et officiers dans les sordides tractations et machinations des politiciens. Dégoûtant !

    Halim Abou Chacra

    08 h 48, le 08 août 2015

  • qu'ils descendent dans la rue les partisants du cpl! mais qu'ils servent a quelque chose et nous ramassent et nettoient ces poubelles. Qu'ils nous montrent un sens de citoyennete autre que le droit a manifester et taper sur l'armee.

    George Khoury

    08 h 11, le 08 août 2015

  • Une démission serait la bienvenue ... les élus ,s'ils ont un brin de courage ne devraient pas... autoprorogé leurs mandants et celui des autres ...c'est anticonstitutionnel ...ok a Cuba ,Angola, Corée du Nord c'est permis ...

    M.V.

    07 h 02, le 08 août 2015

Retour en haut