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À La Une - conflit

Un an après l'offensive de l'EI en Irak, les États-Unis peinent face aux jihadistes

Les combattants islamistes n'ont pas de problèmes d'argent, d'armements ou de recrutement, soulignent les experts.

Des combattants chiites lançant une roquette en direction de positions du groupe État islamique à Baïji en Irak, le 11 juin 2015. Reuters/Stringer

Un an après la prise de contrôle d'une bonne partie de l'Irak par le groupe État islamique (EI), les États-Unis et leurs alliés n'ont pas repris l'avantage sur les jihadistes et leur "califat" autoproclamé. Pour stopper l'élan du groupe État islamique, le président Barack Obama a misé sur une stratégie reposant sur des bombardements aériens et un soutien en entraînement, conseil et matériel aux forces irakiennes.

Depuis le lancement en août d'une coalition internationale en Irak, les victoires ont été modestes et les forces irakiennes, dépassées durant l'offensive fulgurante de l'EI l'été dernier, sont notamment parvenues à reprendre Tikrit, au nord de Bagdad. En Syrie voisine, où le groupe extrémiste contrôle également des pans entiers de territoires, l'appui aérien de la coalition a contribué à chasser les jihadistes de la ville de Kobané. Mais l'EI, qui a proclamé un califat à cheval sur les zones qu'il contrôle dans ces deux pays, ne montre pas de signes d'affaiblissement, et a réussi à regagner du terrain en reprenant Ramadi, capitale de la vaste province d'al-Anbar, dans l'ouest de l'Irak.

"Je ne pense pas que nous réussissions" notre stratégie, qui peut être décrite comme "contenir l'EI", a estimé le général David Barno, un ancien d'Afghanistan devenu universitaire. Les combattants de l'EI n'ont pas de problèmes d'argent, d'armements ou de recrutement, et ils se sont montrés très compétents dans l'exploitation des rivalités entre chiites et sunnites, ont souligné les experts. "C'est une organisation qui bouge. Qui a de l'élan. Qui construit", a relève M. Barno. "Et les conditions sont réunies pour son expansion".

 

(Lire aussi : Bagdad sur plusieurs fronts contre l'EI, en attendant les renforts américains)

 

75% de missions sans frappes
La prise de Ramadi a représenté une défaite cinglante, mais le président Obama continue d'exclure que les troupes américaines participent aux combats au sol. Il s'est borné à approuver cette semaine le déploiement de plusieurs centaines de conseillers militaires dans une nouvelle base près de Ramadi, dans une décision jugée trop timide par ses critiques. C'est une politique de "rajouts insidieux", a ainsi dénoncé Anthony Cordesman, un spécialiste du groupe de réflexion Centre for Strategic and International Studies.

Certains responsables politiques ou experts recommandent une plus grande implication militaire. Des forces spéciales pourraient être envoyées près des combats pour conseiller les forces irakiennes et guider les frappes aériennes, ont-ils préconisé. Et les frappes aériennes pourraient être intensifiées. Les partisans de bombardements accrus dénoncent le fait que les avions de la coalition menée par Washington terminent 75% de leurs missions sans avoir largué de bombes. Ils soulignent aussi que ces missions sont en réalité peu nombreuses, si on les compare par exemple à la guerre lancée en 2001 en Afghanistan.

En Syrie, "on fait des frappes minimalistes et on a des résultats minimalistes", a indiqué à l'AFP le général Barno. "Nous devons réfléchir à une forme plus concentrée de campagne aérienne pour briser" les membres de l'EI dans leur "sanctuaire" de l'est syrien, a-t-il fait valoir.

 

( Lire aussi : L'EI diffuse un "documentaire anniversaire" sur sa prise de Mossoul )

 

'Maintenir le cap'
Le diagnostic est partagé en France où le chef d'État-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier, a relevé cette semaine qu'il faudrait davantage frapper les centres de commandements de l'EI. Mais l'intensification des frappes soulève la réticence de certains chefs militaires américains, qui redoutent qu'une multiplication des victimes civiles ne vienne renforcer la propagande de l'EI.

Et le président Obama a souligné plusieurs fois que la guerre devait être gagnée par les forces locales, pas par les Américains.  "La puissance aérienne américaine peut permettre de faire la différence, mais nous ne pouvons pas faire pour les Irakiens ce qu'ils doivent faire par eux-mêmes, ni prendre la place de nos partenaires arabes pour sécuriser leur région", avait souligné en septembre M. Obama.
Les responsables américains reconnaissent ouvertement désormais que la guerre n'est pas prête d'être terminée, en tout cas pas avant la prochaine élection présidentielle américaine de 2016.

Ce sera un défi simplement de "maintenir le cap" face à l'EI parce que le groupe va continuer à bénéficier du chaos syrien et des tensions internes en Irak, a écrit cette semaine Aaron David Miller, un ancien haut diplomate américain.

 

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commentaires (3)

OU : QUAND DRACULA PEINE À CONTRÔLER FRANKENSTEIN !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 38, le 15 juin 2015

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Commentaires (3)

  • OU : QUAND DRACULA PEINE À CONTRÔLER FRANKENSTEIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 38, le 15 juin 2015

  • Les us avec leurs gros sabots en Irak ont sciemment tout orchestre . Pourquoi bombardent ils les chiites qui tentent de prendre le dessus sur les bacteries salafistowawabites ? Ils ne liquident que ceux qui ne marchent pas comme les us le veulent .Les autres ont carte blanche .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 09, le 14 juin 2015

  • "Les Etats-Unis peinent" face à Daech un an après son offensive en Irak ? L'AFP, qui met cette manchette, n'y connaît rien. C'est la stratégie fabuleuse d'Obama selon laquelle il ne faut pas se presser, car les astres disent que le coup fatal US contre cette organisation doit être porté vers l'an 2020.

    Halim Abou Chacra

    06 h 09, le 14 juin 2015

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