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Lifestyle - Festival de Cannes

Un hyperbain de jouvence, au printemps comme à l’hiver d’une vie

Youth, de Paolo Sorrentino, concourt en compétition officielle, alors que Mustang, première œuvre de la cinéaste turque Deniz Gamze Ergüven, était projeté à la Quinzaine des réalisateurs. Si l'un évoque la vieillesse et le second la jeunesse, tous deux ont ce souffle de liberté qui a fait presque chavirer la Croisette.

Paul Dano, Jane Fonda, Harvey Keitel, Rachel Weisz et Michael Caine à l’affiche de « Youth », durant la conférence de presse. Valery Hache/AFP

Dans un hôtel-thalasso, où jeunes et vieux se côtoient, deux octogénaires essayent de tromper leur vieillesse à coups de spas, massages et autres manipulations corporelles. Youth se joue dans un grand hôtel luxueux des Alpes, là où Thomas Mann a écrit La montagne magique. On pense immédiatement, presque naturellement, à Mort à Venise. Mais ce n'est qu'une extrapolation...
Mêlant toutes les disciplines dans un dosage harmonieux (arts, écriture, chant lyrique...), Paolo Sorrentino livre comme d'habitude une photo sublime. Mais contrairement à La Grande Bellezza (oscar du meilleur film étranger, mais boudé à Cannes en 2013), où les plans s'accumulaient à une vitesse effroyable, jusqu'à presque s'enchevêtrer, le réalisateur opte, cette fois, pour un rythme plus lent : les images se dilatent alors dans une légère élasticité. Doucement...
On ne retrouve pas non plus l'acteur fétiche du cinéaste italien, Toni Servillo, qui régnait en maître, mais un ensemble homogène de comédiens anglo-américains. Ses deux acteurs principaux, Michael Caine et Harvey Keitel, sont en effet entourés d'un casting non moins intéressant : Paul Dano, Rachel Weisz et la sublime Jane Fonda. Caine, en chef d'orchestre désabusé, et Keitel en cinéaste ambitieux sont les deux témoins du temps qui passe à l'horloge de Paolo Sorrentino.
Pour le cinéaste baroque et lyrique, au souffle fellinien, mais avouant s'être inspiré cette fois d'une histoire de Francesco Rosi, ce thème du temps qui s'écoule, qui court, qui fuit, est un sujet précieux. « C'est un sujet qui me fascine », a précisé Sorrentino au cours de la conférence de presse. « L'avenir donne de la liberté, et la liberté nous confère une grande jeunesse. » Dixit...

 

(Lire aussi : La couture libanaise, reine du tapis rouge)

 

Ados doigts de la main
Cette jeunesse est au cœur même du film de la jeune cinéaste turque qui a présenté son film Mustang à la section Quinzaine des réalisateurs et risque fort d'avoir la Caméra d'or, cette récompense qui consacre le meilleur premier long-métrage, toutes sections du festival confondues.
On risque d'entendre parler de ces cinq adolescentes turques, âgées de 13 à 21 ans, jolies, mutines et cheveux au vent, qui portent le film à bout de bras, mais aussi de la jeune réalisatrice turque Deniz Gamze Ergüven qui dit s'être inspirée de petits faits réels ayant eu lieu dans son pays natal. Dans cette échappée sauvage, aussi sauvage que celle des mustangs, et à l'instar des Virgin (Suicides) de Sofia Coppola, les cinq sœurs adolescentes unies comme les cinq doigts d'une main s'opposent à une éducation rigide, mais aussi à un système qui aliène fondamentalement la liberté de la femme.
Dans le village d'Inebolu, loin d'Istanbul, les cinq orphelines, élevées par un oncle ultrarigide et une grand-mère impuissante, s'efforcent d'échapper au sort qu'on leur réserve : mariages forcés et existence confinée entre quatre murs à faire la cuisine et le ménage. Elles, elles nourrissent et font mijoter des rêves fous, mais des rêves vrais.
Dès la première séquence du film, quand elles s'amusent dans l'eau avec des jeunes gens, en cet instant où tout leur destin chavire et bascule, le rythme est donné. À partir de là, le spectateur galope et la cavalcade ne s'arrête plus. Fougueuses, sensuelles et fortes comme des chevaux au galop, Sonay, Selma, Ece, Nur et Lale sont éprises de liberté, et elles feront tout pour s'affirmer dans un pays qui affronte une véritable montée de l'intégrisme.
À la projection, la cinéaste franco-turque Deniz Gamze Ergüven a été longtemps ovationnée. Entourée de ces cinq jeunes filles pleines de fraîcheur mais en larmes, qu'elle a longuement et tour à tour enlacées pour les remercier, elle a montré combien et comment une femme peut affirmer sa liberté et sa place dans la société. À condition qu'elle prenne la parole et qu'elle ne courbe pas l'échine. Évidemment.

 

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