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Lifestyle - Festival de Cannes

Amour et désir embrasent la Croisette

En compétition officielle pour la Palme d'or, « Tale of Tales » (de Matteo Garrone) et « Notre petite sœur » (de Hirokazu Kore-Eda) explorent l'intime profondeur de l'être.

Le réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda avec ses héroïnes. Anne-Christine Poujoulat/AFP

Premier film italien en course pour la Palme d'or, Tale of Tales a plongé Cannes hier dans un bain de baroque avec une adaptation de contes napolitains tournée en anglais et un casting international, signe d'une mondialisation croissante du 7e art. Le film de Matteo Garrone, avec les stars mexicaine Salma Hayek et française Vincent Cassel, est l'une des trois productions italiennes en compétition aux côtés de Ma mère, de Nanni Moretti, et Youth, de Paolo Sorrentino. Ce cinéma, en plein renouvellement, n'avait pas été aussi bien représenté à Cannes depuis 1994.
Libre interprétation du Pentamerone, premier recueil européen de contes populaires écrit au XVIIe siècle en dialecte napolitain par Giambattista Basile, Tale of Tales est un film fantastique en costumes d'époque mettant en scène rois, reines, princes et princesses, monstres, ogres, sorciers et fées. Dans un univers plein de démesure, baignant dans une musique d'Alexandre Desplat qui entretient la tension dramatique, le film entremêle trois histoires choisies parmi la cinquantaine de récits du livre : celle d'une reine (Salma Hayek) obsédée par son désir d'enfant puis par son fils, celle d'un roi libertin (Vincent Cassel) qui veut conquérir une femme, et celle, enfin, d'un souverain (Toby Jones) fasciné par un animal et prêt à sacrifier sa fille.
« Film d'époque mais avec une clé moderne », dont le sujet central est « le désir » et ses excès, selon Matteo Garrone, Tale of Tales offre des scènes marquantes comme celle où Salma Hayek mange le cœur d'un monstre. « J'ai cru que j'allais vomir ! » a raconté l'actrice libano-mexicaine lors de la conférence de presse du film, confiant par ailleurs « n'avoir jamais porté de robe de moins de 30 kg » pendant le tournage. « C'était un défi physique ! » a-t-elle ainsi lancé.

Chronique familiale
Second long métrage projeté hier en compétition sur la Croisette, Notre petite sœur, du cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda, poursuit l'exploration sensible des liens familiaux entamée par le réalisateur dans ses précédents films. Ce dernier opus (adapté d'un manga) se veut une « accumulation de petits moments », comme dans un journal intime.
Chronique familiale, le dixième long métrage du cinéaste nippon raconte l'histoire de trois sœurs qui vivent ensemble dans une grande maison située dans une ville au bord de la mer. À l'enterrement de leur père, qui les avait abandonnées, elles rencontrent leur demi-sœur adolescente et décident de l'accueillir dans la maison familiale. À travers des tranches de vie, ce film, accueilli diversement en projection de presse, dresse le portrait des membres de cette famille, des liens et des sentiments qui les unissent, ou des tensions qui les éloignent.
« Les personnages évoluent au jour le jour. Ce qui m'intéressait, c'était justement de montrer par petites couches l'accumulation du temps qui passe », a expliqué Hirokazu Kore-Eda. « Dans le titre original, il y a le mot "journal intime'' qui apparaît.
Pour moi, c'était vraiment cette idée-là, l'idée que, comme dans un journal intime, il y a de petits événements qui s'enchaînent », a-t-il ajouté.
Fin observateur de l'univers familial, Hirokazu Kore-Eda, qui a commencé sa carrière comme réalisateur de documentaires avant de construire une œuvre de fiction dépouillée, loin du spectaculaire, dit « ne pas avoir, de façon intentionnelle, décidé de faire des films sur la famille ». Mais « je trouve que décrire l'environnement familial d'un personnage permet d'en donner vraiment toutes les facettes », ajoute-t-il.

La parité de la libido
Parallèlement à la compétition officielle, dans la section Quinzaine des réalisateurs, Philippe Garrel a lui aussi exploré les aléas du désir. Hommes et femmes sont-ils égaux face à la libido ?
Le cinéaste tente d'établir la parité avec L'Ombre des femmes, un film subtil et lucide sur le rapport amoureux qui a ouvert hier la Quinzaine.
Philippe Garrel s'inscrit dans la lignée des cinéastes de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard et François Truffaut en tête. Après Un été brûlant (2011) puis La jalousie (2013), et quelques autres films avant eux, il poursuit son exploration du rapport amoureux.
Dans le style dépouillé qu'on lui connaît, accentué ici par le recours au noir et blanc, le cinéaste s'attaque au thème du désir amoureux vu par un homme, Pierre (l'évanescent Stanislas Merhar), et par une femme, Manon, jouée par Clotilde Courau. L'actrice, qui est aussi princesse de Venise depuis son union avec Emmanuel-Philibert de Savoie (héritier de la maison royale italienne), est tout en retenue et en fragilité dans ce rôle de femme dévouée à son compagnon, dont elle est l'assistante.
Le couple, désargenté, réalise des documentaires et ne parvient à joindre les deux bouts que grâce à des petits boulots.
Jusqu'au jour où Pierre rencontre Élisabeth (la sensible Lena Paugam), jeune stagiaire dans une cinémathèque, qui devient sa maîtresse.
Il ne veut pas quitter Manon pour Élisabeth et se satisfait de cette double vie.
Philippe Garrel nous livre ainsi une histoire simple, presque banale, dont la voix off du narrateur, qui commente ou explique.
Il s'est appuyé pour ce faire sur un scénario signé Jean-Claude Carrière, scénariste de Buñuel, Godard ou Milos Forman et bien d'autres.
(Source : AFP)

Premier film italien en course pour la Palme d'or, Tale of Tales a plongé Cannes hier dans un bain de baroque avec une adaptation de contes napolitains tournée en anglais et un casting international, signe d'une mondialisation croissante du 7e art. Le film de Matteo Garrone, avec les stars mexicaine Salma Hayek et française Vincent Cassel, est l'une des trois productions italiennes...

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