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Lifestyle - Festival de Cannes

Moretti truffaldien, Maïwenn coincée

L'Italien, membre de plain-pied du club privé de Cannes, et la Française, fraîchement adoubée depuis Polisse (prix du jury 2011), ont présenté leurs films ce week-end : Mia Madre pour l'Italien et Mon Roi pour la jeune Française.

L’actrice italienne Beatrice Mancini, l’acteur américain John Turturro, l’actrice italienne Giulia Lazzarini, le réalisateur italien Nanni Moretti et l’actrice italienne Margherita Buy sur les marches de Cannes, samedi. Loïc Venance/AFP

Si Mia Madre a touché la Croisette par son manque de pathos, son lyrisme morettien, sa justesse et sa délicatesse, Mon Roi, par contre, parti gagnant au début du festival, n'est pas parvenu à conquérir le cœur de la critique. Un peu décevant, avec un sujet éculé, ce roi-là, très peu applaudi à la projection de presse (contrairement à Mia Madre, franchement ovationné), raconte la relation passionnelle entre un homme et une femme, une tranche de dix ans de vie commune avec très peu de hauts, mais beaucoup de
bas.

Nanni Moretti est cinéaste, mais aussi acteur. Il aime jouer dans ses propres films. Comme dans La Chambre du fils, Habemus Papam et tous les précédents, il est dans chacune de ses œuvres comme un témoin privilégié des événements. Dans Mia Madre, il évoque son expérience personnelle – la mort de sa maman, professeure de lettres –, mais il décrit parallèlement le tournage d'un film que réalise le personnage de sa sœur, interprété par Margherita Buy. Tout comme François Truffaut dans La Nuit américaine, Moretti s'amuse à raconter les embêtements et les contraintes d'un metteur en scène, et les coulisses d'un film. Décrits avec humour et finesse, la mort et le détachement sont donc brossés autrement, puisqu'ils côtoient la création. Notamment grâce à la performance de John Turturro, qui donne avec délices cette touche d'humour au film. Un autre crédit à l'actif de Nanni Moretti qui a su, tout comme les présidents Coen (qui avaient découvert et magnifié ce comédien talentueux), remettre cet acteur au haut de l'affiche, alors qu'il vient d'effectuer une petite traversée du désert.

Organique
La réalisatrice française a pris, elle aussi, l'habitude de paraître dans ses films. « Jusqu'à présent, j'ai tourné une trilogie narcissique, avoue-t-elle. J'ai voulu cette fois me concentrer plus sur d'autres acteurs, en l'occurrence Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel et Louis Garrel. » Confronter ces personnages dans leur intimité, avec deux caméras (le plus souvent à l'épaule), et se rapprocher le plus souvent du corps blessé de Bercot, donne à l'œuvre de Maïwenn son aspect organique.
Cette rebelle qui travaille dans l'authenticité avoue avoir « pensé » son film durant plus de quatre ans. « J'espère que chacun d'entre vous s'y reconnaîtra un tout petit peu », dit-elle. La réalisatrice, qui avoue particulièrement apprécier les longs scénarios parce qu'elle a tellement de choses à dire, pèche, peut-être, par trop d'amour. À force de vouloir s'étaler sur les détails de cette romance, Maïwenn s'est perdue dans les méandres d'un scénario bancal et dilaté, paraissant même coincée, emprisonnée...
Interrogée par L'OLJ sur la source d'inspiration de ce film (serait-ce sa relation avec Joey Starr ou avec Luc Besson ?), elle rétorque que son sujet est universel. Au spectateur de la croire ou pas...

En essayant de mettre en parallèle ces deux œuvres, sans doute incomparables dans la démarche, on se rend compte que Nanni Moretti a laissé une telle distance entre le processus du film et sa vie personnelle qu'il est parvenu à rendre l'histoire universelle. Alors qu'en voulant travailler avec une caméra trop rapprochée, Maïwenn a donné en partage une histoire à la configuration finalement assez limitée.


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Si Mia Madre a touché la Croisette par son manque de pathos, son lyrisme morettien, sa justesse et sa délicatesse, Mon Roi, par contre, parti gagnant au début du festival, n'est pas parvenu à conquérir le cœur de la critique. Un peu décevant, avec un sujet éculé, ce roi-là, très peu applaudi à la projection de presse (contrairement à Mia Madre, franchement ovationné),...

commentaires (1)

Les Italiens sauront toujours incarner la Joie de vivre dans leurs films ce qui explique le succès de leurs expériences .

Sabbagha Antoine

08 h 23, le 18 mai 2015

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Commentaires (1)

  • Les Italiens sauront toujours incarner la Joie de vivre dans leurs films ce qui explique le succès de leurs expériences .

    Sabbagha Antoine

    08 h 23, le 18 mai 2015

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