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Liban - violence domestique

Elle porte plainte contre lui, il l’abat de 17 balles de kalachnikov

Subissant depuis des années les coups et les blessures infligés par son époux, Sarah el-Amine avait eu finalement recours à la justice il y a vingt jours.

Sarah el-Amine, 46 ans, a été tuée par son mari mardi à l’aube. Photo fournie par l’avocat de la victime

Elle s'appelait Sarah el-Amine, elle avait 46 ans, elle était mère de six enfants. Mardi à l'aube, son mari, Ali Zein, l'a abattue de 17 balles de kalachnikov. Le crime a eu lieu à Daouhet Aramoun, au sud de Beyrouth.

« Cela faisait 21 ans que Sarah et Ali Zein, de neuf ans son aîné, étaient mariés. Et voilà 20 ans qu'il la battait et qu'il lui interdisait tout contact avec sa famille », explique l'avocat de la victime, Achraf Moussaoui, interrogé par L'Orient-Le Jour. « Il y a un peu plus d'un mois, il l'avait finalement chassée avec ses enfants, cinq filles et un garçon, du domicile familial. Sarah avait trouvé refuge chez ses parents, à Bir Hassan. »
Il y a 20 jours, de guerre lasse, Sarah el-Amine porte plainte contre son époux, l'accusant de coups et blessures. Elle espérait que loi sur la violence domestique, votée par le Parlement le 1er avril 2014, la protégerait. Hélas, dit l'avocat, son mari réussira à se dérober à toutes les notifications et ne sera donc pas interrogé par la police.

Lundi, c'est le coup de théâtre. Sarah décide de retourner auprès de son mari pour célébrer les 17 ans de Dana, l'une de leurs filles. Que se passera-t-il ? « Plusieurs personnes jouent les médiateurs. Certains membres de la famille et des voisins de Ali se mêlent de l'affaire pour convaincre Sarah de revenir à la maison avec ses enfants », explique Me Moussaoui. « Mais sa famille proche et moi-même étions profondément hostiles à cette décision », dit-il.

Vers 18 heures, Sarah arrive donc au domicile conjugal avec ses filles et son fils. Des fleurs, des ballons et un gâteau l'attendent. Mais la fête tourne court et les époux ne tardent pas à se disputer violemment devant leurs enfants. Tout le monde rentre se coucher à 2 heures. Trois heures plus tard, c'est le drame. Une assourdissante rafale de kalachnikov déchire le silence. Le père vient de tuer sa femme à bout portant. Réveillés par les tirs, les voisins accourent. Ali est sur le pas de la porte de son domicile, fumant une cigarette. Il enchaînera les cigarettes jusqu'à l'arrivée de la police. Il est détenu depuis au poste de police de Baabda.

« Les enfants veulent porter plainte contre lui et réclament la peine de mort, affirme Me Moussaoui. Le dossier est entre les mains de la justice, qui cherche à connaître les mobiles du meurtre. » Le crime était-il prémédité ? « C'est l'évidence et la justice le prouvera », répond l'avocat qui accuse le coupable d'avoir « tendu un piège » à sa femme.

Que l'enquête aille à son terme, tel est l'unique objectif aujourd'hui de Ali el-Amine, le père de la victime, qui, indigné et en colère, promet de s'impliquer dans tous les cas de violence conjugale.
L'homme est rongé par le remords d'avoir laissé sa fille réintégrer le domicile conjugal. « Nous avions tout mis à sa disposition pour qu'elle ne retourne pas chez lui, des lits, des voitures, mais elle a décidé de revenir pour ses enfants », déplore-t-il. « Je ne retrouverai le repos que quand je verrai Ali la corde au cou. Il l'a battue toute sa vie, elle, ma fille unique », murmure-t-il, la voix étranglée.

 

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