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Liban - Social

Ce « petit parapluie » qui protège les employées de maison étrangères...

Les travailleuses migrantes, qui ne bénéficient d'aucune protection légale, sont sans cesse confrontées à de nombreux abus et discriminations. Le Migrant Community Center offre à ces femmes et à leurs collègues masculins un espace chaleureux de rencontre et d'interactivité.

Des membres du Migrant Community Center suivent un cours d’anglais

« Ce centre, c'est comme un petit parapluie qui protège les migrants de Beyrouth des abus, du racisme et qui les sort de l'isolement », affirme Lydia, assistante coordinatrice du Migrant Community Center (MCC). Au deuxième étage de l'immeuble Chaftari, à Gemmayzé, il fait bon vivre. Un véritable sentiment de sécurité se dégage des lieux. À l'entrée du centre, des brochures informatives sur les conditions des travailleurs migrants au Liban trônent sur une table. Les murs colorés sont décorés de drapeaux éthiopien, kényan, malgache, ou encore sri-lankais. Une immense carte du monde sur laquelle sont épinglés les pays d'origine des membres du MCC, des photos et un panneau où il est écrit : « Nous sommes toujours ouverts à de nouvelles propositions d'activités, parlez à Ramy » confèrent plus de chaleur à un espace entièrement dédié aux migrants.

 

(Lire aussi : « Pour la fête des Mères, offrez-lui... une bonne » : Azzi saisit la justice)


« C'est un lieu où ils (les migrants) peuvent faire ce qu'ils veulent », déclare Ramy Shukr, coordinateur du centre. Alors que les travailleurs étrangers rencontrent de nombreuses difficultés pour communiquer et se sentir libres dans un pays où leurs droits sont trop peu respectés, « nous voulions aller à l'encontre de cette approche de victimisation des migrants et leur offrir quelque chose de plus positif », explique-t-il.
Le centre a été créé en 2011 à Nabaa grâce à plusieurs membres des communautés africaines et asiatiques. En 2012, sous l'initiative du mouvement antiracisme, le MCC s'est établi à Gemmayzé et est aujourd'hui principalement géré par deux migrantes : Lydia, originaire d'Éthiopie, et Gemma, des Philippines. Selon Ramy Shukr, les personnes qui arrivent au centre se sentent davantage à leur aise lorsqu'elles sont accueillies par des membres de leurs communautés respectives.

 

Un large choix d'activités
Le MCC est un lieu culturel de partage, de rencontre et d'apprentissage entre différentes communautés. Les membres ont la possibilité de suivre des cours d'anglais, de français et d'arabe donnés chaque semaine par des volontaires. Selon Lydia, l'apprentissage des langues permet aux travailleurs migrants d'être davantage conscients de leurs droits. « Quand je viens les dimanches au centre, je suis heureuse, car j'ai la chance de pouvoir étudier, d'avoir des échanges avec des personnes d'autres cultures et de suivre des cours de français, d'arabe et de zumba », explique avec enthousiasme Esther, originaire d'Éthiopie et membre depuis plus d'un an au MCC. « Ici, il y a plein de choses à faire », ajoute Zudi, une autre membre éthiopienne. En effet, en plus des classes de langues, les adhérents peuvent également suivre des cours d'informatique, de guitare, avoir accès au Wi-Fi pour communiquer avec leurs familles respectives, organiser des repas et participer à des sorties en vélo ou des excursions à travers le Liban.


La plupart de ces activités sont gratuites mais, en devenant membre du MCC pour la modique somme de 25 000 LL par an, un accès permanent aux cours est garanti ainsi que des réductions pour certains événements. Grâce au bouche à oreille et à sa présence sur les réseaux sociaux, le centre accueille aujourd'hui une centaine de personnes qui participent aux diverses activités.
Anjali Nath est volontaire au MCC et y enseigne l'anglais tous les dimanches depuis huit mois : « Je suis professeure à l'AUB et originaire de l'Inde. J'ai conscience que beaucoup de migrants d'Asie du Sud n'ont pas la chance que j'ai eue en arrivant au Liban. J'ai ressenti le besoin d'aider ces personnes qui travaillent pour la plupart dans de très mauvaises conditions », dit-elle. Le MCC est à la recherche d'autres volontaires pour améliorer chaque semaine le quotidien des migrants.

 

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Marche
Ramy Shukr est conscient que ces activités sont rarement accessibles à des employées de maison qui n'ont droit qu'à un jour de congé par semaine, le dimanche en général. « Seules les femmes libres après leurs heures de travail peuvent venir au centre. Mais nous faisons ce que nous pouvons », dit-il. Afin d'avoir un impact plus conséquent et sensibiliser la société libanaise aux droits des employées domestiques, les membres du centre préparent activement depuis une semaine leur participation à la fête du Travail, célébrée aujourd'hui. Mais c'est dimanche 3 mai qu'ils organiseront une marche. Celle-ci débutera à 11h au secteur de Cola et se poursuivra jusqu'à Hamra. La marche est coorganisée par différentes organisations de la société civile. Cette année, l'accent sera mis sur la demande de reconnaissance du syndicat de l'Union des travailleurs domestiques au Liban par le gouvernement.


En vue de cette journée, les membres du MCC préparent depuis une semaine leurs slogans. Zudi, employée domestique au Liban depuis 12 ans, souhaite que les Libanais respectent les personnes étrangères venues pour travailler dans leur pays. « Just think, whatever you need the others also need », écrit-elle sur un petit papier lors du cours d'anglais. Ce qui veut dire : « Ce dont vous avez besoin, les autres aussi en ont besoin. »

 

 

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