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Liban - éclairage

Un vainqueur et un vaincu après l’accord sur le nucléaire iranien ?

Les observateurs s'attendent à des effets secondaires, y compris au plan politique.

Les grandes puissances et l'Iran sont parvenus à s'entendre, le 2 avril 2015, à Lausanne, sur les "paramètres clés" pour résoudre le dossier du nucléaire iranien, étape fondamentale sur la voie d'un accord final d'ici au 30 juin. AFP PHOTO / FABRICE COFFRINI AFP PHOTO / FABRICE COFFRINI

L'accord entre les 5 + 1 et l'Iran sur le nucléaire a suscité une série d'interrogations sur sa nature et sur ses effets par-delà les enjeux iraniens directs, notamment économiques. Le texte de l'accord, qui sera signé en juin prochain, est on ne peut plus technique et n'évoque ni de près ni de loin les questions politiques. Cette distinction sur la portée exclusive de l'accord au plan du nucléaire avait été annoncée et clarifiée dès le départ par les deux parties. Il n'empêche que de nombreux observateurs s'interrogent aujourd'hui sur les « effets secondaires » que pourra entraîner cette nouvelle entente. Si certains analystes – notamment ceux qui sont proches des cercles de décision iraniens – restent convaincus que cet accord n'aura d'autres conséquences que de revivifier l'économie et la société iranienne, la politique extérieure, elle, restera immuable. Pour d'autres, quand bien même l'accord est clair, net et précis dans ses termes, il recèle dans son sillage toute une série de facteurs préludant à des changements que l'Iran sera « naturellement » appelé à adopter dans le long terme, y compris au plan de ses relations internationales.

 

(Lire aussi : Incertitude quant à l'avenir de la politique étrangère de Téhéran)


Au Liban, toutefois, l'accord n'entraînera aucune modification notoire pour le moment, pensent les analystes. Pas de président non plus en vue, puisqu'aucun des obstacles à cette échéance n'a encore été levé. La déclaration hier du vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Mortada Sarmadi, à ce propos – l'Iran ne se mêle pas des affaires internes libanaises – est assez éloquente à cet égard.
Le spécialiste des questions iraniennes, le professeur universitaire Talal Atrissi, est catégorique : l'accord ne changera en rien à la situation au Liban en ce qui concerne les dossiers en suspens. La question est toutefois de savoir comment les parties vont réagir : le Hezbollah va-t-il se comporter en vainqueur ? Le 14 Mars va-t-il percevoir ce nouveau développement comme une défaite ?
Selon M. Atrissi, qui est proche du 8 Mars, le parti chiite gardera certainement profil bas, tout en s'assurant que le dialogue avec le courant du Futur se poursuivra au même rythme, produisant les mêmes résultats, à savoir « ni entente ni divergence ».

Chercheur et journaliste, Kassem Kassir est toutefois convaincu que le Hezbollah s'apprête d'ores et déjà à entamer une campagne de promotion de l'accord, « sous le signe d'une victoire iranienne », histoire de faire avaler la pilule à sa base populaire, qui a encore du mal à digérer ce revirement majeur effectué par son parrain. Cette campagne n'est toutefois pas adressée aux forces du 14 Mars. Quant à la question de la présidence, M. Kassir rejoint tous ceux qui croient que la solution n'est pas aux seules mains de l'Iran, mais relève de la dynamique interne et des calculs personnels du chef du CPL, Michel Aoun. À la nuance près, que le Hezbollah reste pour sa part confiné dans sa logique, à savoir qu'« il n'acceptera pas un nouveau Michel Sleiman » au pouvoir, une formule qui circule dans les milieux du parti chiite, dit le chercheur.


(Lire aussi : Accord de Lausanne : le Liban ne devrait pas espérer de grandes répercussions internes)


Statu quo donc au Liban, mais aussi dans la région où le bras de fer entre le sunnisme et le chiisme politique se poursuivra, en dépit de cet accord. Au contraire, pensent les deux chercheurs, d'ici à la signature finale, soit en juin prochain, les affrontements pourraient se corser, avec notamment une Arabie saoudite qui se sent « le plus lésée ».
D'ailleurs, estime M. Atrissi, « l'attaque de la coalition contre le Yémen était à caractère préventif » et avait été préparée plusieurs mois à l'avance. L'Arabie saoudite a voulu envoyer un message clair à l'Iran, « dans une tentative d'entraver les négociations ».
Si au départ les craintes étaient générales chez plusieurs États de la région, aujourd'hui elles persistent principalement chez le royaume wahhabite qui craint une hégémonie iranienne dans la région. Force est de constater que même Israël « n'a pas d'inquiétudes fondées, à part le soutien que procure l'Iran aux mouvements révolutionnaires dans la région ». Les gesticulations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu seraient ainsi, en partie, pour la consommation interne. Elles seraient en outre justifiées par le fait que l'État hébreu, « jadis l'enfant chéri des États-Unis », se sent désormais encerclé par une présence iranienne notoire dans la région. 


(Lire aussi : Le feu vert américain à l'opération « Tempête de la fermeté » suscite des interrogations..., le décryptage de Scarlett Haddad)


Quant à la Turquie, il suffit de s'arrêter un moment sur la visite effectuée hier par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Téhéran pour en tirer les conclusions. Par-delà son aspect surprenant, la poignée de main entre le responsable turc et le responsable iranien était on ne peut plus intéressée : ce ne sont autres que les opportunités d'investissements futurs que venait convoiter M. Erdogan en Iran, mettant une sourdine à l'adversité qui l'opposait depuis un certain temps à la République islamique sur la crise syrienne.
Or ce sont ces opportunités alléchantes dans l'Iran futur qui feront pencher la balance, croit savoir Kassem Kassir qui relève que les délégations diplomatiques vont affluer dès la signature de l'accord, pavant ainsi la voie à des espaces de rencontres et d'échanges nombreux, mais aussi à une ouverture certaine de la société iranienne vers l'extérieur. Citant les propos du président américain Barack Obama exprimés dans le cadre de son entretien avec Thomas Friedman, il rappelle que l'objectif des États-Unis était principalement de ramener l'Iran dans le giron de la communauté internationale. « C'est, selon lui, une manière d'ouvrir l'appétit de la République iranienne pour plus de coopération au plan international. »


(Lire aussi : L'avenir de l'accord sur le nucléaire iranien)


C'est ce que pensent une grande majorité des chercheurs iraniens qui estiment que l'accord aura des effets sur le plan social et culturel notoires, qui finiront par se traduire sur le plan politique général. Certes, reconnaît le chercheur, ce n'est pas un processus qui se déclenchera par un coup de baguette magique. Mais il devra être compris dans le cadre d'un climat général qui se décantera pendant plusieurs années.
Une fois l'accord signé, l'Iran vaquera à ses intérêts internes, à la gestion du commerce généré par la levée des sanctions et l'afflux des investissements dans le secteur du pétrole, pense pour sa part M. Atrissi qui augure lui aussi de l'avènement d'une ouverture certaine. Sur le plan interne, il s'attend même à un renforcement des réformistes surtout après les élections parlementaires.

Mais l'initiative d'un changement dans la région ne revient pas à l'Iran, mais « aux autres partenaires au conflit », quels que soient les effets de l'accord sur le nucléaire, souligne le professeur. Ce n'est pas pour rien qu'il parle d'ailleurs d'un « accord dans le cadre de la confrontation en cours ». À la question de savoir si la voix de contestation à l'intérieur de l'Iran ne s'est pas élevée au regard des investissements militaires externes et de la politique d'expansion qui ont éreinté un pays encore sous blocus, M. Atrissi répond par la positive en soutenant que les Iraniens brandissent effectivement depuis un certain temps le slogan de « l'Iran d'abord » pour contester le projet iranien transnational, un projet qu'il qualifie cependant de « défensif ».

 

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commentaires (5)

CORRECTION : LA CHIBBÉK OU LA BÉB... LA GHALEB OU LA MAGHLOUB... LA JILLÉB OU LA KHARROUB...

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 45, le 09 avril 2015

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Commentaires (5)

  • CORRECTION : LA CHIBBÉK OU LA BÉB... LA GHALEB OU LA MAGHLOUB... LA JILLÉB OU LA KHARROUB...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 45, le 09 avril 2015

  • LA GHALEB OU LA MAGHLOUB ? QUI VA BOIRE LE KHARROUB ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 51, le 09 avril 2015

  • Voyant de la ou est partie l'Iran NPR , cad du stade de "toutes options sur la table " a celui de futur "partenaire regional" economique , social et militaire , on ne doute pas un instant que l'Iran NPR est le principal vainqueur , puisqu'il faut se rendre a l'evidence que les "coutumes" de la cannoniere n'ont pas pu etre operees contre ce grand pays et ses allies ( la raclee de Chebaa) et surtout l'etranglement ressenti par babayahou et ses 40 voleurs, qui fantasme sur un accord incluant les missiles balistiques de l'Iran NPR . La bensaoudie peuh! , faut il en parler si ce n'est pour dire que ca va etre le pays qui va devoir verser le plus de larmes , en effet a quoi sert il vraiment , produire du petrol et ouvrir ses coffres aux occicons ne peuvent pas justifier une politique de terreur a travers ses bacteries qu'il envoie au monde . Le Liban sera dans une situation disons plus equilibree , rompant avec ses alliances traditionnelles du passé et sa nouvelle politique plus neutre vis a vis des alignements aveugles a la politique injuste des occicons au M.O . Tout cela grace a un travail acharne des resistants qui ont dit NON , ON NE MEURT PAS POUR RIEN .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 00, le 09 avril 2015

  • IL N'Y A ET N'Y AURAIT QU'UN SEUL VAINQUEUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 28, le 09 avril 2015

  • J'ai comme l'impression , qu'il y a surtout des cocus en occident ...qui commencent seulement a découvrir le mode d'emploi.....!

    M.V.

    11 h 03, le 09 avril 2015

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