Les Libanais expulsés des Émirats devraient commencer à arriver aujourd’hui à Beyrouth

Aucune information relative à l'expulsion des 70 Libanais des Émirats arabes unis, annoncée par le ministre des Affaires étrangères jeudi soir, n'a filtré hier du palais Bustros.
« Nous avons été informés par l'ambassade du Liban aux Émirats que 70 Libanais allaient être expulsés par les autorités dans les prochaines 24 heures », a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Il n'était pas en mesure d'avancer les raisons de cette expulsion.
M. Bassil est entré en contact avec son homologue émirati, cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahayan. Il a également effectué plusieurs contacts diplomatiques sur ce plan, mais en vain.

Le palais Bustros a également publié un communiqué soulignant que « le ministère des Affaires étrangères a œuvré à rétablir de meilleures relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis ». « Le nouvel ambassadeur libanais à Abou Dhabi a entamé un dialogue avec les autorités émiraties pour venir à bout des malentendus consulaires, diplomatiques et politiques, relève le communiqué. Les Libanais qui habitent les Émirats arabes unis font partie intégrante de la société émiratie, respectent les lois en vigueur et constituent un facteur de prospérité pour ce pays. »

Le Premier ministre, Tammam Salam, qui prend part à un forum économique de soutien à l'Égypte, organisé à Charm el-Cheikh, a annoncé qu'il effectuera les contacts nécessaires pour trouver une solution adéquate au problème et qu'il évoquera le dossier avec les participants au forum économique.
Mais toutes ces mesures n'ont pas gelé la décision de l'expulsion prise par les Émirats.

L'on a pu apprendre d'une source ministérielle libanaise que 63 des personnes visées par la décision sont issues de la communauté chiite. Deux des 70 personnes expulsées appartiennent à la communauté druze. Elles devraient commencer à arriver dès aujourd'hui à Beyrouth.
Interrogé par la LBC, un Libanais touché par cette mesure a raconté que la police l'a contacté au travail afin de l'informer qu'il devrait se présenter à l'un de ses postes avec son passeport. Une fois sur place, sa carte de séjour a été annulée et on lui a accordé 24 heures pour rentrer au Liban, sans lui fournir de plus amples informations.
Notons que plus de 100 000 Libanais travaillent aux Émirats.
Un responsable émirati a affirmé à l'AFP qu'il n'avait « pas de commentaire pour le moment ».

Notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, rappelle qu'en « 2009 déjà, des dizaines de Libanais de confession chiite qui vivaient aux Émirats depuis des années ont été expulsés, soupçonnés d'avoir partie liée avec le Hezbollah ».
En 2013, dix-huit Libanais avaient été expulsés du Qatar, après une décision du Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévoyant des sanctions contre le Hezbollah, en représailles à l'intervention armée de ce parti en Syrie aux côtés du régime de Bachar el-Assad.

Khalil Fleyhane indique également que « la décision prise par le gouvernement émirati est probablement d'ordre sécuritaire et dans ce genre de cas, les autorités du pays ne reviennent pas sur les mesures adoptées », notant que « les personnes expulsées habitent dans plusieurs émirats de ce pays du Golfe et que neuf avaient élu domicile à Ajman ».

Selon des témoignages de Libanais habitant le Golfe, « l'entrée aux Émirats arabes unis est de plus en plus sécurisée ». L'identité de tout Libanais arrivant à l'aéroport est tout de suite vérifiée.
Les pays du CCG enquêtent au sujet de chaque personne et ils peuvent à tout moment convoquer une personne au poste de police pour un interrogatoire, au cas où il s'avèrerait qu'elle a des liens avec le Hezbollah on lui donner 24 heures pour quitter le pays. C'est ce qui s'était passé à Bahreïn en 2011 quand la participation de certains Libanais a été prouvée dans le soulèvement de la communauté chiite contre le régime.
« Il semble également qu'en janvier dernier, des Libanais ont été expulsés de Bahreïn, sans que l'information ne filtre à la presse », rapporte un Libanais à L'Orient-Le Jour.

Dans une première réaction aux expulsions, une source au sein du 8 Mars a indiqué que « la décision des Émirats arabes unis est une sorte de vengeance politique. Ce n'est pas la première fois qu'une telle mesure est prise. Les personnes expulsées pourraient ne pas être proches du Hezbollah mais parfois les Émirats prennent ce genre de décision dans le simple but de faire du mal ».

Le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, a, pour sa part, noté qu'il ne « détient pas des informations relatives aux 70 familles touchées par l'expulsion. Ce n'est pas la première fois que cela arrive avec les Émirats arabes unis ». « Le ministre des Affaires étrangères devrait être en train de suivre ce dossier », a-t-il dit.

De son côté, la Ligue des Libanais expulsés des Émirats, et qui avait été mise en place après les premières expulsions de 2009, a souligné qu'il « s'agit de 70 familles et non de 70 personnes. Ce n'est pas la première fois que les Émirats expulsent des Libanais et les personnes chassées du pays jeudi ignorent les raisons de cette décision. Elles l'apprendront probablement à l'aéroport en quittant le pays ». La Ligue ajoute que ces personnes « ont probablement été expulsées pour des raisons politiques, car elles appartiennent à la communauté chiite ».

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