Tout est fin prêt pour la douzième édition du marathon de Beyrouth, demain.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le temps passe (court) vite ! Le marathon de Beyrouth en est déjà à sa douzième édition. Organisé par la BMA (Beirut Marathon Association), cet événement aura lieu demain dans les rues de la capitale libanaise. Le slogan retenu pour cette année est « Paix, amour, course ».
En dépit de la situation pour le moins précaire qui sévit dans le pays, les organisateurs ont déjà gagné leur premier défi. En effet, pas moins de 37 153 participants, représentant 94 pays, se sont d'ores et déjà inscrits. Un véritable triomphe donc pour les organisateurs, au premier rang desquels se trouve May el-Khalil, fondatrice de la BMA. À noter que de nouvelles initiatives ont été effectuées sur le plan organisationnel pour cette année. Ces évolutions devront permettre au marathon de Beyrouth de passer de la catégorie de bronze à celle d'argent dans les années à venir. Ce progrès sera notable dès cette année au niveau des tests antidopage qui ont été renforcés, mais aussi au niveau des prix accordés au vainqueur, passant de 100 000 à 250 000 dollars.
Les coureurs se retrouveront donc dès les premières heures du matin pour prendre le départ de la plus grande manifestation sportive annuelle organisée au Liban. Au programme de cette journée, les traditionnels 5 km et 10 km, le relais, le 1 km couru par des enfants accompagnés de leurs parents, sans oublier l'épreuve reine : le 42,195 km.
Angoisse, peur et adrénaline
À quelques heures du coup d'envoi du marathon de Beyrouth, l'angoisse, le doute, la peur, l'adrénaline, la paralysie, la tension, la joie et autres substances chimiques commencent à faire leur apparition aussi bien chez les athlètes chevronnés que chez les bleus.
L'intensité de ce cocktail ira crescendo jusqu'au moment pavlovien magique du signal de départ. Ce coup de feu qui sera donné par le légendaire Haile Gebreselassie (voir encadré), voulu par les organisateurs symbole de paix, aplanira instantanément la petite montagne de stress devenue ingérable. Le trac fera place à l'automatisme et au subconscient, aiguisés pour ce jour précis. Les longues heures de préparation, le planning de la course et le rush de la dernière minute libéreront des hommes et des femmes aux corps endurcis et affûtés.
La souffrance les attend quand même au-delà des 2 heures 30 minutes de course, une fois leur plein de glycogènes épuisé.
(Lire aussi : Les coureurs des hauts plateaux...)
Le pronostic libanais des vainqueurs
En l'absence de la détentrice du record national sur la distance du marathon, Pia Nehmé (3h 00' 02''), de Nesrine Njeim, troisième meilleur temps libanais (3h 06') et Marie el-Amm, quatrième meilleur temps national (3h 07'), les paris restent ouverts.
Pour Roger Bejjani, fondateur du club Inter-Lebanon et grand spécialiste de la discipline, le duel pour la première place libanaise se fera « probablement entre deux coureuses disciplinées et solidement entraînées : Chirine Njeim, deuxième meilleur temps libanais (3h 03'), et Sonia Hanna, cinquième meilleur temps national (3h 11'). Sur papier, Chirine semble être la favorite. Toutefois, la récupération de Chirine après le marathon de Chicago, couru il y a à peine un mois, ainsi que le vol transatlantique et le jet-lag sont des paramètres qui pourraient brouiller les cartes. D'autant plus que Sonia a certainement haussé son niveau durant ses derniers cycles d'entraînement et est capable de courir un 3h 03' sur un parcours plat comme la main et par une température de 15 degrés (Chicago) ».
Le suspense demeure total donc pour la première place. « Je prévois que Sonia courra en mode poursuite derrière Chirine entre le 30e et 35e km ; Chirine ayant l'habitude de commencer rapide », poursuit Bejjani. « Si le duel des deux rivales sera un régal garanti, aucune par contre ne risque de battre le record du Liban et descendre sous la barre des 3 heures dimanche à Beyrouth. Le parcours ne pouvant rivaliser avec les parcours roulants de Berlin, Rotterdam, Hambourg, Amsterdam et Chicago », pronostique le président d'Inter-Lebanon.
Une bataille tout aussi âpre semble se dessiner pour la 3e place entre Nicole Élias, Nadine Kalot, Aline Merhi et Katia Rached. Toutefois, Nicole Élias et Nadine Kalot semblent au-dessus du lot, dans la mesure où elles ont réussi un temps identique cette année (3h 22'). Un troisième groupe de coureuses (Diala Kassem, Ursula Tout et Elga Trad) croiseront le fer pour le podium des catégories d'âge. Reste les bleues : Sandra Fallaha Gargour, Karina Sukkar, Houry Sofian, l'ex-basketteuse, Nadine Mobayed, Rania Khoury, Karine Forzoli et bien d'autres... Pour ce groupe de « first timers », Bejjani prévoit Houry Sofian (18 ans) en tête, avec Sandra Fallaha Gargour et Karina Sukkar très proches.
« Il ne faudra surtout pas oublier Aregu Abate, l'Éthiopienne qui réside et travaille au Liban, qui a de fortes chances de descendre sous la barre des 3 heures », rappelle en outre Roger Bejjani.
Rude bataille entre les frères ennemis
Chez les hommes, la suprématie de Omar Issa écrase le suspense. Pourrait-il battre le record national détenu par Hussein Awada pour autant ? « J'en doute », confie Bejjani. Derrière Omar Issa et quelques autres soldats de l'armée, la compétition sera serrée entre les frères ennemis Marwan Arabi, Fadi Saleh, Nader Ghannam et Imad Jizzini. Un peu plus loin derrière, Serge Tchopourian, Zuheir Naji, Ali Makké, Micky Chebli, Dory Hitti, Omar Makari et Assaad Ramadan auront aussi leur mot à dire.
Côté sécurité, on peut dire que la BMA a bien fait les choses en mobilisant des dizaines d'ambulances ainsi que plusieurs centaines de volontaires de la Croix-Rouge, qui seront présents tout au long du parcours afin de prodiguer les premiers soins nécessaires à tous les participants (et les spectateurs au besoin).
Bonne chance à tous donc, et que le meilleur gagne !
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