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Sport - Marathon de Beyrouth - Interview

May el-Khalil : Courez, pour vous aimer les uns les autres !

La fondatrice et présidente de l'Association du marathon de Beyrouth, May el-Khalil, a rendu visite aux locaux de « L'Orient-Le Jour » dans le cadre de sa campagne de promotion de l'événement, qui se tiendra le dimanche 9 novembre prochain. Nous avons, à l'occasion, profité pour lui poser quelques questions concernant la course, ses objectifs et son organisation.

May el-Khalil, fondatrice et présidente de l’Association du marathon de Beyrouth. Photo Association du marathon de Beyrouth

Mme Khalil, vous en êtes à votre 12e marathon. Qu'est-ce qui vous fait toujours tant courir, n'êtes-vous donc pas encore essoufflée ?
Lorsque nous avons débuté en 2003, nous avons entamé ce projet dans le but d'œuvrer sur la durée. Quand une personne travaille pour réaliser une vision, car notre projet est une vision et une vision claire, elle œuvre non pas sur un, deux ou trois ans seulement, elle s'active sur le long terme. Notre objectif initial était l'horizon 2020, alors que maintenant, nous envisageons sérieusement l'horizon 2030. À travers ce projet inscrit donc dans la durée, nous cherchons à propager le plus possible la culture sportive, et plus particulièrement la course à pied. L'objectif du marathon de Beyrouth est de révéler des athlètes, de futurs champions qui s'illustreront localement et internationalement, en inscrivant des records reconnus et dûment certifiés. Notre but est également de bâtir des ponts avec l'étranger et, en même temps, de courir pour nos objectifs. Toutes ces choses ne s'accomplissent pas en un ou deux ans, c'est pour cela que la persévérance et l'assiduité sont très importantes.

 

Cette année, le marathon de Beyrouth est placé sous le thème « Peace, Love, Run ». Pourquoi ce choix ?
Quand nous avons entamé notre projet, nous nous sommes engagés à inculquer aux Libanais la notion de courir pour un objectif. Il ne s'agit pas seulement et uniquement de courir pour le plaisir, il est essentiel que le marathonien ait un leitmotiv qui le stimule. Il court pour aider des organisations humanitaires, afin de lever des fonds qui iront à ces associations, qu'il contribuera ainsi également à faire connaître. Les différents thèmes qui ont ponctué le marathon de Beyrouth étaient d'abord patriotiques : nous avons couru pour le Liban alors que le pays traversait des temps difficiles et une situation sécuritaire délicate ; nous avons couru pour diverses maladies comme le cancer, afin de créer un éveil chez les gens et aider à combattre ces maux ; nous avons couru pour les droits de la femme, sous le titre « La femme doit aller de l'avant, le retour en arrière n'est pas acceptable ». Nous avons, par expérience, compris qu'il y a une sorte de bien-être ressenti par les marathoniens – et tout sportif aussi. Quand on court, on ressent ce bien-être. Après la course, l'état d'âme de l'athlète se métamorphose, il se retrouve dans une sorte d'état de paix et de sérénité. Une quiétude... Partant de là, nous avons choisi ce thème de « Peace, Love, Run » afin de propager la paix et la quiétude parmi les Libanais car ces sentiments sont communicatifs.

 

Avez-vous un soutien sérieux de l'État libanais ?
Nous avons effectivement l'accord et la bénédiction de toutes les institutions étatiques, en commençant par la municipalité de Beyrouth et en passant par le ministère de la Jeunesse et des Sports, ainsi que tous les ministères concernés par cet événement. Nous avons même un programme de coopération en cours avec le ministère des Affaires sociales. Le ministère de l'Intérieur assure la sécurité du marathon en collaboration avec la direction de l'armée. La Croix-Rouge assure, elle, les soins d'urgence... Il y a donc une véritable dynamique positive, qui permet à cette entreprise de connaître un réel et franc succès.

 

Comment se passe la chasse aux sponsors ?
Sans nul doute, le plus grand mérite revient à la Banque centrale du Liban, notamment en la personne de son gouverneur, Riad Salamé, qui a investi toute sa confiance dans notre projet. M. Salamé a vite compris et vu que le marathon pouvait avoir des retombées économiques palpables et qu'il assurerait une certaine stabilité sécuritaire dans le pays. Quand le marathon de Beyrouth se tient, cela démontre au monde occidental qu'il y a de la stabilité au Liban. Beaucoup d'autres personnes et sociétés ont également été encouragées par cette image de marque. Ce qui nous permet de trouver, en dépit des temps difficiles par lesquels nous passons, un grand nombre de sponsors et de mécènes prêts à investir dans – et à encourager – cet événement. Et, soit dit en passant, je voudrais les remercier personnellement pour leur soutien indéfectible, qui nous est essentiel et même vital.

 

Comment évaluez-vous le niveau des coureurs libanais? Surtout que, cette année, le line-up féminin est assez intéressant et bien fourni avec notamment Chirine et Nisrine Njeim, ainsi qu'Elga Trad...
En effet, ces trois marathoniennes sont de véritables professionnelles. Elles sont considérées comme des « Elite Runners ». Dès les origines, nous avons lancé notre projet de marathon sous le parrainage de la Fédération internationale d'athlétisme. D'où des critères à respecter et exécuter sur le terrain. Il y a quatre ans, la fédération nous a octroyé la catégorie bronze. Aujourd'hui, nous œuvrons à obtenir la qualification d'argent. Pour cela, nous travaillons à attirer des marathoniens et marathoniennes de qualité et de renom, et avons également amélioré et augmenté les prix distribués (qui passent de 100 000 à 250 000 dollars américains cette année). Nous cherchons donc à avoir plus d' « Elite Runners » qui participent au marathon, ce qui justifie cette année la présence de coureurs et coureuses qui répondent aux critères de la qualification d'argent et même d'or. Cette dernière catégorie étant l'ultime distinction. J'ajoute qu'en tant que libanais, nous sommes fiers de compter parmi nos concitoyens des marathoniennes qualifiées d' « Elite Runners », telles que Chirine et Nisrine Njeim, ainsi qu'Elga Trad, qui se sont illustrées localement et internationalement.

 

Quel est votre plus grand rêve concernant le marathon de Beyrouth ?
Je voudrais souligner d'abord que le rêve est presque devenu réalité. La culture marathonienne s'est incrustée dans les habitudes des Libanais. Beaucoup d'activités sont inspirées par le marathon. Dans les écoles, également, les élèves enregistrent de bons résultats en course. Nous avons en outre nous-mêmes multiplié les activités parallèles dans le cadre du marathon, à l'instar de « Beyrouth 542 », afin d'augmenter le nombre de coureurs et de marathoniens. Personnellement, j'espère que nous arriverons à un jour où tous les coureurs participeront aux 42,195 kilomètres. Actuellement, le nombre de personnes courant les 10 km, par exemple, est de 25 000 participants. L'année dernière, nous avions 36 000 marathoniens ; je rêve de ce jour où les 36 000 inscrits courront les 42,195 kilomètres dans leur totalité.

 

Avez-vous des détails à ajouter ?
Je voudrais, oui, préciser que nous avons inclus l'art dans nos activités marathoniennes par le biais des 29 logos qui ornent le parcours de la course. Nous avons, à cet effet, contacté cette année 29 artistes (architectes, peintres, sculpteurs, etc.) et leur avons demandé de créer des logos représentant leur vision de la paix et de l'amour. Ils ont tous été très réceptifs et ont obligeamment collaboré avec nous. Nous avons par la suite, une fois ces logos en main, distribué ces modèles dans 29 écoles de différents horizons et demandé aux enfants (âgés de 10 à 14 ans) d'y inclure également leur vision de la paix et de l'amour. Les écoles vont bientôt nous rendre ces logos, le 16 octobre plus précisément, et ils seront présentés lors d'une conférence de presse à Zaytouna Bay le jour même à 18h, et exposés pendant deux jours dans la rue (du 16 au 18 octobre) pour que tous les Libanais puissent admirer ces symboles de paix et d'amour et s'en inspirer. Ensuite, les logos seront disséminés sur le parcours du marathon, de la ligne de départ à celle d'arrivée. Ainsi, Beyrouth sera ornée d' « une guirlande de paix et d'amour » imaginée et créée par ses propres enfants...

 

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Mme Khalil, vous en êtes à votre 12e marathon. Qu'est-ce qui vous fait toujours tant courir, n'êtes-vous donc pas encore essoufflée ?Lorsque nous avons débuté en 2003, nous avons entamé ce projet dans le but d'œuvrer sur la durée. Quand une personne travaille pour réaliser une vision, car notre projet est une vision et une vision claire, elle œuvre non pas sur un, deux ou trois ans...

commentaires (2)

Esprit sportif , sauvez le Liban .Courage madame May el-Khalil .

Sabbagha Antoine

15 h 44, le 14 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • Esprit sportif , sauvez le Liban .Courage madame May el-Khalil .

    Sabbagha Antoine

    15 h 44, le 14 octobre 2014

  • Très optimiste, Mme Khalil! "j'espère que nous arriverons à un jour où tous les coureurs participeront aux 42,195 kilomètres"...Les 25000 coureurs inscrits aux 10km(auxquels j'appartiens...) sont là pour s'amuser: c'est le "Fun Run"...De là à courir 42,195 km, c'est tout à fait différent...Que les Libanais apprennent à marcher d'abord, au lieu de prendre leur voiture pour faire un trajet de moins d'un kilomètre!

    Georges MELKI

    11 h 28, le 14 octobre 2014

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