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Liban - La situation

Changement de décor... pour « rectifier » le tir

Le président François Hollande a reçu l'ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri, à l'Elysée le 7 octobre 2014. REUTERS/Jacky Naegelen

Au Liban, c'est bien connu, le danger peut bien frapper aux portes, et même plus près encore, rien ne dissuadera jamais les gens du cru de discuter du sexe des anges. Le débat du moment porte sur le thème suivant : faut-il attribuer au Hezbollah le mérite d'avoir, par sa participation à la guerre en Syrie, empêché que « l'État islamique » (EI, ex-Daech) ne s'étende jusqu'à Jounieh ? Ou bien, au contraire, faut-il croire qu'en continuant de louer ainsi les propriétés antiterroristes tout récemment découvertes du parti de Dieu, du régime de Damas et de leur mentor iranien, on finira bien par attirer Daech à Jounieh ?
Pendant qu'on s'efforçait hier d'impliquer Bkerké dans ces discussions byzantines, le principal concerné avait, lui, la tête ailleurs. Surpris dimanche sur les hauteurs de Brital par le Front al-Nosra, l'autre épouvantail jihadiste, à peine plus présentable que l'EI, le Hezb réagit deux jours plus tard au Liban-Sud, rallumant subitement face à Israël un front complètement éteint depuis huit ans, en l'occurrence le secteur des fermes de Chebaa, occupé par l'État hébreu depuis 1967.


La question qui se posait, hier après-midi, après la revendication par le Hezbollah de l'attaque ayant fait deux blessés dans les rangs des militaires israéliens, était : pourquoi ?
L'interrogation est d'importance, sachant que l'opération avait été savamment dosée, de façon à ce qu'elle ait un impact psychologique certain au Liban sans pour autant déclencher un conflit majeur avec le voisin du Sud. C'est ce qui explique notamment que l'attaque ait été menée dans les fermes de Chebaa, où elle est susceptible de revêtir un caractère plus ou moins licite, sinon légal, et non pas ailleurs sur la frontière libano-israélienne.


D'après des sources politiques bien au fait des dossiers sécuritaires, le Hezb aurait pris cette décision essentiellement pour quatre raisons : en premier lieu, la situation était parvenue à un tel point qu'il était devenu nécessaire pour lui de rappeler son statut de « résistance anti-israélienne ».
Deuxièmement, il lui fallait barrer la route à toute velléité du Front al-Nosra de transposer dans le secteur oriental du Liban-Sud le statu quo qu'il a réussi à imposer ces derniers mois du côté syrien du Golan.
Troisièmement, le parti de Dieu anticipe une nouvelle action contre lui d'al-Nosra, à Brital ou ailleurs, dans les prochains jours. Après son attaque dans les fermes de Chebaa, il s'estime en mesure de dénoncer une « collusion » entre Israël et les jihadistes, étant contraint de faire face aux deux en même temps.
Enfin, quatrièmement, l'affaire de Brital, qui aurait fait selon certaines sources douze morts, et non pas huit, dans les rangs du parti, aurait eu un impact sérieux dans les milieux chiites, de plus en plus gagnés par la peur. Il fallait donc impérativement redonner confiance à la base du Hezb en lui montrant que la direction du parti contrôle bien la situation.


Cette peur est en grande partie motivée par le sentiment général qu'al-Nosra, qui semble savoir jouer des contradictions interlibanaises bien mieux que Daech, cherche à éviter la confrontation avec l'armée libanaise et à n'engager que le Hezbollah dans ses fiefs.


En tout état de cause, il est parfaitement clair que pour avoir décidé d'agir au Liban-Sud comme il l'a fait hier, c'est-à-dire en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, après huit ans d'une politique d'abstention totale, le Hezbollah devait avoir des raisons très sérieuses.
Sur le plan politique, l'actualité a été marquée hier par la rencontre à l'Élysée entre le président François Hollande et le chef du courant du Futur, Saad Hariri. Trois thématiques ont dominé l'entretien : la situation régionale et ses retombées au Liban, la crise de la présidentielle et le dossier de l'aide militaire à l'armée libanaise.


Sur ce dernier point, M. Hariri a fait état d'un avancement de la procédure en cours, mais sans donner de détails. Au sujet des frappes de la coalition internationale anti-jihadistes, il a souligné qu'il fallait faire « bien plus », confirmant ainsi son positionnement de leader sunnite modéré dépourvu d'états d'âme à l'égard des groupes extrémistes. Enfin, s'agissant du dossier des élections au Liban, M. Hariri a pratiquement signé l'acte de décès, avant naissance, des législatives, en invitant ceux qui y tiennent à les organiser « sans le courant du Futur », ce dernier ne voulant pas entendre parler de la tenue de ce scrutin avant qu'un président de la République n'ait été élu.
Sur ce plan, on apprend de sources concordantes qu'une dynamique nouvelle est en cours d'éclosion sur le plan diplomatique, à partir du sentiment que la persistance de la crise présidentielle, étant donné le contexte régional, met sérieusement le Liban en péril. Or il semble que ce sentiment commence à gagner de nombreuses capitales.
L'un des arguments de plus en plus mis en avant consiste à dire que les puissances ne sont pas en mesure d'inciter les chrétiens d'Orient à rester sur leur terre et à continuer à croire en leur avenir à l'heure où tout le monde est témoin de l'incapacité à élire le seul président chrétien de la région.

 

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VERS LA "UNE"... OU... LA "LUNE" ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 40, le 09 octobre 2014

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Commentaires (5)

  • VERS LA "UNE"... OU... LA "LUNE" ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 40, le 09 octobre 2014

  • " l'attaque ait été menée dans les fermes de Chebaa, où elle est susceptible de revêtir un caractère plus ou moins licite, sinon légal, et non pas ailleurs sur la frontière libano-israélienne" : je pense que l'auteur pourrait apporter des précisions complémentaires non? Je précise que d'un point de vue juridique, la licéité s'évalue pour un fait tandis que la légalité est appréciée pour un acte

    Olivier Georges

    17 h 04, le 08 octobre 2014

  • Selon les sources libanaises , les wahabodaesh de l'est du Liban se trouvent encerclés par trois forces : froid, Hezbollah, armée libanaise. " Le Liban va connaitre dans les semaines à venir plusieurs grandes batailles contre les daechowahabites dans ses régions montagneuses près de ses frontières avec la Syrie" Al Chargh al Ossat qui évoque cette perspective ajoute : " à l'approche de la saison froide , les terroristes seront encore plus affaiblis et ce facteur climatique influera sur le sort de ces batailles. " le journal cite aussi les sources proches du Hezbollah : " c'est vrai, la Résistance s'apprête à faire face à plusieurs batailles d'envergure surtout que les terroristes se trouvent assiégés entre le Liban et la Syrie . Après Erssal à l'est du Liban qui a été le théâtre d'une bataille au mois d'août et la bataille d'il y a trois jours à Brital , le front Hassiba-Chebaa au sud va s'ouvrir bientôt et là , l'armée libanaise est prête à relever le défi. ceci étant dit, le Hezb et l'armée libanaise ne partagent pas les fronts . la priorité va évidemment à l'armée mais en son absence , ce sera le Hezb qui assumera la charge de défendre le Liban jusqu'à ce que les renforts arrivent pour l'armée" c'est cette stratégie qui est d'ailleurs de mise depuis 1991 contre Israël entre l'armée libanaise et le Hezb! Et les vaches seront bien gardees au grand Malheur des sympathisants daechowahabites et Cie, ici ou la bas !

    FRIK-A-FRAK

    15 h 46, le 08 octobre 2014

  • Le colonel Soheil al-Hassan, le « tigre » des champs de batailles, des forces populaires et de l’armée syriennes, a enregistré une autre grande victoire à Rif de Hama. Les militaires syriens sont arrivés à contrôler le plus grand siège du Front al-Nosra, à Rif nordique de Hama, le nettoyant des éléments takfiris d’Al-Nosra. La région de Zour al-Mahrouqa qui a une localité du même nom, et qui compte 5000 âmes d’habitants, faisait l’objet des attaques menées par les groupes terroristes armés dont les éléments d’Al-Nosra. Investie alors par le Front al-Nosra, la région a été finalement libérée et nettoyée des terroristes. De même, les dépêches en provenance de Gouta orientale de Damas, font part de la victoire des unités de l’armée syrienne qui ont repris la région. Ainsi, ni « Jobar » ne sert plus de passage pour les wahabodaech ni « Douma » abritaient les vaincus, d’autant plus que « Zamlaka » et « Ain Tarma » sont désormais sécurisés. C'est pas des entretiens de cette "qualite" entre 2 hommes dans un coma technique qui auraient pu nous annoncer d'aussi bonnes nouvelles .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 30, le 08 octobre 2014

  • Le Hezbollah a pris une tapotée comme pas deux lors de l'attaque d'El Nosra. elle a prouve qu'ils etaient aussi professionnel qu'une armée régulière sinon plus que le parti lui même. Il a perdu plus d'homme qu'il ne l'a clamé et sa prétendue embuscade qui aurait tué plus de 25 membres d'El Nosra s'est avéré mensongère. Sur ce, le parti de Dieu essaye par tous les moyens de continuer a chercher a convaincre les Libanais de la bonne décision qu'il a prise d'intervenir en Syrie sachant maintenant que le coût, matériel et politique, est très élevé et que personne n’arrêtera Daech ou Nosra tant que les deux extrémismes chiite et sunnite s’entre-tuent pour le bien fait de l’humanité. Il a besoin donc de se trouver un échappatoire pour calmer les chiites qui commencent a en avoir marre et se rendent enfin compte de la supercherie Hezbollahi et Fakihienne, mais aussi pour se donner une raison de sortir du bourbier syrien arguant vouloir se concentrer sur l'ennemi Israélien espérant ainsi arrêter les attaques Islamistes sunnites et retrouver le support de la majorite des Libanais a nouveau souhaitant sauver le sort et la soit disant raison d'etre de ses armes. Une chose est sur, nous aurons bientôt un Président et avant tout le parti se devra de rendre ses armes quoi qu'il en soit!!! Le TSL attend!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 10, le 08 octobre 2014

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