Le souci sécuritaire est devenu quotidien au Liban, qui, bon gré, mal gré, est entré de plain-pied dans la guerre contre Daech (l'État islamique). La bataille de quelques heures dans le jurd de Brital entre les combattants du Hezbollah et les takfiristes d'al-Nosra, dimanche, n'est qu'un exemple. Selon les sources sécuritaires et militaires, elle devrait être suivie de beaucoup d'autres, la déstabilisation du Liban étant devenue une tactique constante chez les groupes qui se battent en Syrie. La raison est évidente : l'armée syrienne et le Hezbollah ayant resserré l'étau autour de ces groupes du côté du Qalamoun et de Yabroud, ceux-ci sont condamnés à tenter d'ouvrir de nouveaux couloirs de ravitaillement pour leurs hommes du côté du Liban. La première tentative a eu lieu contre l'armée libanaise autour de Ersal, mais celle-ci a réussi à empêcher les takfiristes de reprendre le contrôle de Ersal. Après une sorte de cafouillage dû aux instructions venant de la classe politique qui lui demandait de ménager les habitants de Ersal et de ne pas toucher aux campements de réfugiés syriens autour de la bourgade, l'armée a réussi à encercler la ville et elle en contrôle désormais toutes les voies d'accès, ayant repris une colline stratégique qui place la seule entrée échappant à son contrôle direct sous sa puissance de feu.
L'opposition syrienne a d'ailleurs aussitôt riposté en déposant une plainte, par le biais de l'Arabie saoudite, devant le Conseil de sécurité contre l'armée libanaise, accusée de maltraiter les réfugiés syriens à Ersal. Le royaume wahhabite s'est d'ailleurs empressé de préciser qu'il s'est contenté de transmettre la plainte, celle-ci devant être portée par un État membre des Nations unies. Ce qui n'est pas le cas de la Coalition nationale syrienne, ni d'ailleurs celui de toutes les autres formations de l'opposition. Mais cette plainte n'a pas eu l'effet escompté. Au lieu d'être prise au sérieux par les membres du Conseil de sécurité qui, selon la procédure normale, auraient dû tenir une réunion pour en discuter, elle a été soigneusement rangée dans un tiroir et les ministres des AE des pays membres du Conseil de sécurité rencontrés par le ministre Gebran Bassil à New York ont tous conseillé aux Libanais de ne pas en tenir compte. Il était clair, à partir de là, que les takfiristes chercheraient à ouvrir de nouveaux fronts, avec l'armée ou avec le Hezbollah, pour desserrer l'étau qui les étouffe. Ce fut donc l'attaque dans le jurd de Brital qui a certes pris de court les combattants du Hezbollah. Mais ceux-ci se sont vite ressaisis. Ils ont tendu un piège aux assaillants et en moins de quatre heures, ils ont réussi à les repousser au-delà de leurs positions initiales en territoire syrien, après leur avoir fait perdre pas moins de 47 combattants, contre dix martyrs dans leurs rangs.
Mais les sources sécuritaires sont convaincues que la bataille est loin d'être finie et que les combattants devraient forcément faire de nouvelles tentatives. D'ailleurs, le commandant en chef de l'armée a lui-même déclaré qu'il fallait s'attendre à une reprise des combats autour de Ersal. Mais les sources de sécurité précisent que beaucoup d'autres fronts peuvent être ouverts. Le plus dangereux serait celui de Anjar et Majdel Anjar pour atteindre les villages sunnites de la Békaa-Ouest, comme celui de Mrouj. Ce front n'est pas simplement important parce que contrairement à Brital, il se prolonge vers des localités sunnites qui pourraient servir d'environnement plus ou moins favorable aux combattants takfiristes, mais aussi parce qu'il permet à ceux-ci de faire la jonction entre le Qalamoun et la région de Zabadani, en leur permettant de se rapprocher de Damas via la route de Masnaa. En principe, l'armée a pris toutes les dispositions pour empêcher l'ouverture de ce front, mais l'expérience de Brital montre que les Libanais doivent rester vigilants. Toujours dans la Békaa, les combattants pourraient tenter d'effectuer une percée à travers le jurd de Qaa et de Ras Baalbeck. Ce qui leur permettrait en même temps de frapper un coup fort contre les chrétiens et contre la coexistence islamo-chrétienne dans cette région mixte. Mais, là aussi, les sources sécuritaires se veulent confiantes sur les précautions prises pour protéger ce secteur.
Les sources de sécurité précisent encore qu'un troisième front peut être ouvert dans la région de Chebaa, où près de 1 000 familles syriennes se sont désormais installées après que les Israéliens eurent facilité leur arrivée au Liban via le Golan. En provoquant des affrontements dans la région de Chebaa, les Israéliens chercheraient à embarrasser le Hezbollah et à semer la discorde entre les druzes, les sunnites et les chrétiens dans cette région qui résume à elle seule la diversité libanaise. Toutefois, jusqu'à présent, les groupes takfiristes n'ont pas réussi à se doter à Chebaa et dans les villages voisins du Arkoub d'un capital de sympathie chez la population qui reste hostile à leurs thèses et attachée à son arabité. De plus, le Hezbollah a visiblement pris les devants en effectuant hier une opération contre une position israélienne dans la zone des fermes de Chebaa, d'une part pour montrer qu'il ne se laissera pas entraîner dans une guerre confessionnelle à Chebaa, mais aussi pour couper court à toute tentative de la part des combattants takfiristes « de le doubler » sur le plan de la résistance contre Israël, afin de lui retirer sa légitimité populaire.
Reste encore Tripoli où le noyau dirigé par Chadi Maoulawi se développe face à l'impuissance des forces officielles d'autant qu'il bénéficie d'une certaine couverture religieuse et politique.
Bref, les foyers de tensions ne manquent pas au Liban, mais, pour l'instant, les sources sécuritaires affirment que la situation reste sous contrôle, grâce à la vigilance des forces armées et du Hezbollah. Ces mêmes sources rappellent que la meilleure arme contre les takfiristes reste l'unité interne...
Liban - Décryptage
Face aux foyers de tension potentiels, la vigilance est de mise
OLJ / Par Scarlett HADDAD, le 08 octobre 2014 à 00h00
commentaires (6)
Les martyrs sont uniquements les gens du Hezb.....ils vont avoir droit aux houries....et les autres...les fameux takfiristes...ils n'ont droit a rien....non franchement ce sont tous des sales mercenaires...et n'ayez pas peur de les appeler des sales c.....sanguinaires sans foi ni loi...
Houri Ziad
17 h 43, le 08 octobre 2014