Vive tension hier au Liban-Sud après que le Hezbollah a fait exploser un engin contre une patrouille israélienne en début d'après-midi dans le secteur des hameaux de Chebaa, à la frontière, faisant deux blessés israéliens, avant qu'un second engin n'explose plus tard sans faire de victime. L'artillerie israélienne a vite fait de riposter, bombardant deux positions du Hezbollah. Ce dernier a revendiqué l'explosion qui a mis en évidence la tension persistante dans la région méridionale.
Dans un communiqué, le parti de Dieu a revendiqué l'opération attribuée à « la cellule du martyr Hassan Ali Haïdar de la Résistance islamique », Hassan Ali Haïdar étant un membre du Hezbollah qui a été tué le 5 septembre alors qu'il démantelait un engin d'espionnage israélien dans le sud du Liban. Dimanche, un soldat libanais avait également été blessé par des tirs israéliens, à quelque 200 mètres du lieu de l'explosion du premier engin. L'armée israélienne avait alors affirmé avoir ouvert le feu sur des « suspects » entrés sur son territoire.
Si la chaine télévisée du Hezbollah, al-Manar, a assuré que les bombardements israéliens n'ont pas atteint dans l'après-midi des zones habitées mais plutôt des régions de surveillance contrôlées par l'armée libanaise et la Finul, le retour au calme dans les collines de Kfarchouba n'a pas duré longtemps. En soirée, 23 obus sont tombés sur Chebaa, Kfarchouba, Kaakour et Karm Nasser sans faire de victimes. Le berger Mahmoud Mohammad Kanaan a toutefois perdu la quasi-totalité de son bétail dans cette attaque.
« Le gouvernement libanais et le Hezbollah sont directement responsables de cette violation flagrante de la souveraineté israélienne », a indiqué pour sa part dans un communiqué Peter Lerner, porte-parole de l'armée israélienne. « Cette dernière a riposté à cette agression injustifiée contre ses forces et poursuivra ses opérations pour que la frontière nord d'Israël reste sûre », a-t-il déclaré, alors que le quotidien hébreu Yediot Aharonot indiquait que les deux soldats blessés font partie de l'unité spéciale de démantèlement des engins explosifs au sein de l'armée israélienne. « Les répercussions de cet acte du Hezbollah ne sont pas finies pour Israël », a rapporté pour sa part le Jerusalem Post alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assurait que « nous répondrons avec fermeté à toute atteinte contre nous ».
Si un responsable hezbollahi affirmait hier que l'opération du parti était « une réponse à la corrélation entre les groupuscules takfiristes en Syrie et l'ennemi israélien », le ministre Mohammad Fneich a de son côté assuré à L'Orient-Le Jour que « nous ne pouvons pas dissocier cette opération de l'attaque contre un soldat libanais dimanche ni de la mort de Hassan Ali Haïdar ». « L'occupation israélienne est constante, et la résistance se réserve le droit de riposter à tout moment à cette occupation et à ces violations perpétuelles de la souveraineté, a-t-il encore dit. La résistance sera intransigeante et ferme dans ses réponses, et Israël sait que nous ne manquerons pas à notre devoir de riposter. Israël sait aussi de quoi nous sommes capables, et la possibilité d'escalade dépend des développements sur le terrain et de la tournure que prendront les événements du côté israélien. Nous sommes prêts à tout. » Interrogé par ailleurs sur la capacité du Hezbollah à lutter sur deux fronts, au Sud comme à la frontière libano-syrienne, le ministre Fneich a déclaré : « Au Sud comme au Nord, le Hezbollah se défend. Et nous continuerons à nous défendre par tous les moyens possibles. »
La Finul avait contacté hier les deux parties suite à l'incident, les invitant à la retenue et leur demandant de coopérer avec la force onusienne afin de réduire les tensions et d'empêcher l'escalade. « La Finul a également ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de l'incident, qui est une violation de la résolution internationale 1701 et qui porte atteinte aux efforts fournis dans le but de réduire les tensions et de créer un environnement stable et sûr au sud du Liban », a expliqué le communiqué publié par la force onusienne. L'agression a par ailleurs été dénoncée par le député Kassem Hachem, membre du bloc parlementaire de Nabih Berry, qui a estimé que « cette attaque ne peut être justifiée sous aucun prétexte », assurant que « la formule triptyque peuple-armée-résistance demeure de ce fait une nécessité nationale ».
Lire aussi
Changement de décor... pour « rectifier » le tir
« En cas de nouvelle guerre, nous renverrons le Liban 70 ans en arrière »
commentaires (10)
" Israël sait aussi de quoi nous sommes capables", oui oui justement... Cet événement correspond ni plus ni moins qu'à un accident du travail. Ce qui est dit devant la presse des deux côtés n'est que bavardage et propagande
Olivier Georges
16 h 58, le 08 octobre 2014