L’or noir de l’EI en Syrie dans le viseur de la coalition

Les États-Unis et leurs alliés arabes ont étendu leurs frappes aux installations pétrolières contrôlées par le groupe État islamique (EI, ex-Daech) en Syrie, pour la première fois depuis le début des frappes de la coalition internationale mardi.
Des avions de combat des États-Unis, d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis ont ainsi frappé dans la nuit 12 raffineries contrôlées par l'EI dans l'est du pays. Ces installations pétrolières produisent entre 300 et 500 barils de pétrole par jour et apportent environ deux millions de dollars quotidiens en revenus à l'organisation sunnite extrémiste, selon le Pentagone. L'objectif de la coalition est ainsi d'assécher la source principale de financement des jihadistes, qui vendent le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins. Fait notable, dix des seize avions ayant participé aux frappes venaient des pays arabes engagés dans la coalition, a tenu à faire savoir le Pentagone.
Les frappes de la coalition en Syrie ont tué 129 jihadistes étrangers et 12 autres Syriens depuis mardi, selon un décompte effectué par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). 84 des étrangers, originaires de pays européens ou arabes notamment, étaient affiliés à l'EI tandis que 57 l'étaient au Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda) dans les régions du nord et de l'est syrien qui échappent au contrôle du régime.

Ailleurs dans le pays, les jihadistes encerclaient toujours la ville d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), à la frontière turque, qu'ils tentent de prendre après s'être emparés de plus de 60 villages dans cette région du nord syrien. C'est lors de cette avancée que la cimenterie du producteur français de matériaux de construction Lafarge est tombée en fin de semaine aux mains des jihadistes qui l'ont en partie brûlée, a affirmé hier Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

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Hommage à Hervé Gourdel
Des raids ont été également menés en Irak, notamment par l'aviation française, qui a frappé pour la seconde fois depuis que la France a rejoint le 18 septembre la campagne aérienne américaine dans ce pays. L'action française a illustré la détermination de Paris après le choc provoqué par la décapitation d'Hervé Gourdel, l'otage français enlevé dimanche en Algérie par le groupe Jund al-Khilafa (Les soldats du califat), lié à l'EI. Le président François Hollande a par ailleurs décidé la mise en berne des drapeaux français aujourd'hui, demain et dimanche, en hommage à l'otage exécuté, et afin de répondre à la grande émotion qui a submergé le pays depuis l'annonce de sa décapitation. Un hommage à ce montagnard de 55 ans a été rendu en fin d'après-midi à Saint-Martin-Vésubie, petit village de l'arrière-pays niçois où l'otage avait créé un bureau des guides. Parallèlement, l'armée algérienne menait dans la journée une vaste opération pour retrouver le corps de l'otage français décapité et « neutraliser » Jund al-Khilafa qui a revendiqué son assassinat, a indiqué une source sécuritaire. Selon une autre source, près de 3 000 militaires participent à cette opération.
La France a dans la foulée décidé de renforcer les mesures de sécurité dans « les lieux publics et dans les transports », et d'étendre son conseil de vigilance aux Français dans 40 pays contre 31 jusqu'à présent. En outre, elle « intensifiera son soutien aux forces de l'opposition syrienne qui combattent les groupes jihadistes », a annoncé le gouvernement.

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Cameron dans l'action
En attendant, les forces irakiennes « sont en train de reprendre le contrôle » d'un secteur de la province d'al-Anbar, tandis que les combats se poursuivent dans un autre secteur de cette région de l'Ouest où les jihadistes de l'EI assiégeaient deux camps de l'armée ces derniers jours, a annoncé hier le chef de la police d'Anbar.
Par ailleurs, l'EI a exécuté une militante des droits de l'homme sur une place publique en plein centre-ville de Mossoul après qu'elle eut critiqué ces jihadistes sur les réseaux sociaux, ont indiqué hier des militants et des proches.
Sur le plan diplomatique, la menace jihadiste a continué à dominer les débats à l'Assemblée générale de l'Onu à New York. Plusieurs pays européens ont annoncé une plus grande participation à la coalition, comme les Pays-Bas et la Belgique qui ont mis des avions de combat F-16 à sa disposition. Le Premier ministre britannique David Cameron a, quant à lui, convoqué les députés en session extraordinaire aujourd'hui pour voter sur une participation aux raids en Irak. Il les a appelés à ne pas être « pétrifiés de peur » à l'idée de commettre les mêmes erreurs qu'en 2003 lorsqu'ils avaient approuvé l'engagement dans la guerre en Irak, toujours très controversé onze ans plus tard.

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