Funestement réputé pour ses exactions et accusé de "nettoyage ethnique" et de crimes contre l'humanité par l'Onu et des ONG, l’État islamique a capté l'attention de la communauté internationale.
Face à la sanglante montée en puissance en Syrie et en Irak du groupe jihadiste décrit comme un "cancer" par le président américain Barack Obama, des internautes, notamment arabes mais aussi occidentaux, ont choisi de contre-attaquer par la moquerie et la dérision. Un combat qu'ils ont décidé de mener sur les réseaux sociaux, l'endroit même où l'EI mène sa propagande et recrute.
Ainsi, des campagnes humoristiques dénigrant le groupe jihadiste se multiplient sur la toile ces dernières semaines.
A commencer par le hashtag #ISISMovies qui revisite sur Twitter des titres de films célèbres dans le but de ridiculiser l'EI. En voici quelques exemples parmi les plus partagés sur le réseau social :
- How I met your 11 year old mother (titre original : How I met your mother)
- Girls just want to have fundamentalism (titre original : Girls just want to have fun)
- Kill Bill, Kill Everyone (titre original : Kill Bill)
- Star Wars : Return of the Jihadi (titre original : Star Wars : Return of the Jedi)
- The Jihadfather (titre original : The Godfather)
- Dune 2 (titre original : Dune)
Cette affiche annonce un film réalisé par Barack Obama et co-réalisé par Bachar el-Assad avec Abou Bakr el-Baghdadi dans son premier rôle de "calife" et Nouri el-Maliki dans le rôle du tyran-marionnette.
Autres campagnes visuelles faisant le buzz sur Twitter :
Omega, le choix de Baghdadi. La campagne fait allusion à la première apparition vidéo du chef de l'EI, Abou Bakr el-Baghdadi, une montre de luxe au poignet.
#Baghdadi's Choice - from #OMEGA .... available at all #ISIS-Stores in #Syria and #Iraq. cc: @SultanAlQassemi pic.twitter.com/2QnkSyvbru
— Luay (@AL_Khatteeb) July 13, 2014
Jihadi Vogue, le célèbre magazine de mode version jihadiste.
Just finished shooting for the new edition of jihadi vogue what do u think? pic.twitter.com/gn9LJ0F3zy
— Abu Waheeb (@abuwaheeb_ISIS) July 14, 2014
ISIS lingerie. Cette campagne fait allusion à la polémique autour de la chaîne britannique de boutiques spécialisées dans la lingerie érotique Ann Summers, qui a présenté ses excuses après le lancement en août d'une collection baptisée Isis. Or en anglais, l’État islamique en Irak et au levant, précédent nom de l’État islamique, se dit Islamic state in Iraq and Syria : Isis.
Connu pour ses tweets satiriques, le blogueur et architecte basé à Londres, Karl Sharro, s'est lui aussi prêté au jeu. Sur son compte Twitter, qui fait partie de la liste établie par Time Magazine des 140 comptes à suivre en 2014, le satiriste libano-irakien à la plume affutée écrit le 29 août : "Les prochains pays sur la liste de l'EI sont l'Iran, l'Arabie saoudite, Israël et le Soudan. L'acronyme du groupe deviendra alors ISISISIS (Iran, Saudi Arabia, Israel and Sudan, ndlr), ridicule et difficile à prononcer".
The next countries on ISIS's list are Iran, Saudi, Israel and Sudan. It will become ISISISIS which will be ridiculous and hard to pronounce.
— Karl Sharro (@KarlreMarks) August 29, 2014
Sur son blog, Karl Sharro a également posté début juillet un billet savoureux relatant une séance imaginaire du chef de l'EI, Abou Bakr el-Baghdadi, chez son psychiatre.
Au Liban, le site d'informations Now Lebanon a également publié le 18 août un billet satirique sur l'EI qui a combattu l’armée libanaise à Ersal (Békaa), pris des militaires en otage et décapité un soldat. L'auteur de l'article, Anthony Elghossain, imagine le groupe jihadiste décidant de remettre à plus tard son projet d'invasion du Liban en raison des embouteillages et de l'extrême complexité du système politique du pays. Extrait : "Nous ne comprenons toujours pas la logique du Liban (...), s'indigne lors d'une conférence de presse le porte-parole de l'EI. Qui, bon sang, allons-nous renverser ici?"
Photo illustrant le billet d'Anthony Elghossain tirée du site Now Lebanon.
Sur Youtube
Une vidéo-parodie postée sur la chaîne YouTube de l'organisation Memri et reprise d'une émission satirique palestinienne se moque des combattants de l'EI et de la politique régionale du groupe. Deux combattants sont ainsi présentés s'arrachant l’assassinat d'un chrétien qui représente un "gros bonus", alors qu'ils laissent passer, sans l'inquiéter, un Israélien.
Autre vidéo vue plus de 25 000 fois sur YouTube, celle d'une chanson du groupe libanais "Le grand défunt" qui raille l'EI, sur la scène du Métro al-Madina, à Beyrouth. "En vue de réduire les embouteillages, faites-vous sauter au nom de Dieu", chante le groupe, suscitant des rires dans le public.
Les internautes n'ont pas oublié le "Ice Bucket Challenge", ce "défi du seau d'eau" à but caritatif devenu planétaire, et auquel ont notamment participé Tom Cruise, Bill Gates et Lady Gaga. Sur une vidéo postée sur Youtube, un homme habillé de noir comme les jihadistes de l'EI se déverse sur la tête un seau non pas rempli d'eau mais d'un liquide rouge sang, en criant Allah Akbar.
Certains pourraient trouver ces campagnes inappropriées ou excessives à l'égard d'un groupe qui porte la profession de foi musulmane. D'autres pourraient estimer qu'elles sont, au contraire, nécessaires pour combattre ce phénomène. Tel est l'avis par exemple de l'écrivaine américano-libyenne Hend Amry qui a écrit sur son compte Twitter : "Parfois il faut se moquer pour dénigrer. Car le dénigrement constitue parfois la plus grande peur de l'ennemi".
Lire aussi
Les États-Unis en "guérilla" sur Twitter contre l’État islamique
Des jihadistes occidentaux émergent sur les réseaux sociaux
Abou Bakr al-Baghdadi, entre la barbarie de ses actions et l'ubiquité de ses silences
Face à la sanglante montée en puissance en Syrie et en Irak du groupe jihadiste décrit comme un "cancer" par le président américain Barack Obama, des internautes, notamment arabes mais...
Tous, E X C E L L E N T S !
14 h 42, le 04 septembre 2014