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À La Une - conflit

L'EI créé une première "wilaya" à cheval entre l'Irak et la Syrie

Israël abat un drone venu de Syrie au-dessus du Golan occupé.

L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir abattu un drone venu de Syrie et passé de son côté de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan occupé. REUTERS/Baz Ratner

Le groupe jihadiste de l'Etat islamique (EI), qui a proclamé en juin un califat sur les territoires qu'il contrôle en Irak et en Syrie, a créé sa première "wilaya" (province) à cheval entre les deux pays, a indiqué samedi une ONG.

"Ils ont fusionné les villes de Boukamal (en Syrie) et d'Al-Qaïm (en Irak), ainsi que les villages environnants en une 'wilaya' qu'ils ont baptisée 'province d'Al-Furat' (Euphrate)", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les villes de Boukamal (est syrien) et d'Al-Qaïm (ouest irakien) sont situées des deux côtés de la frontière et sont bordées par le fleuve de l'Euphrate. "Ils disent ainsi briser les frontières dessinées par Sykes-Picot", a ajouté M. Abdel Rahmane en référence aux accords franco-britanniques sur le partage du Moyen-Orient à la fin de la Première guerre mondiale.

En Syrie comme en Irak, l'EI nomme les régions qu'il contrôle par 'wilaya', terme désignant une région administrative autonome à l'époque des califes. Mais c'est la première fois qu'il fusionne en une 'wilaya' deux villes de part et d'autre de la frontière irako-syrienne.

 

(Lire aussi: L'armée irakienne brise le siège d'Amerli, rare succès face aux jihadistes)


L'EI, accusé de nombreuses atrocités en Irak comme en Syrie, a proclamé fin juin un califat de la ville syrienne d'Alep (nord) à la province irakienne de Diyala (est), faisant fi des frontières, et désigné Abou Bakr Al-Baghdadi comme calife, soit le "chef des musulmans partout" dans le monde.
Le califat est un régime politique hérité du temps du prophète Mahomet, qui a disparu avec le démantèlement de l'Empire ottoman dans les années 1920.
 

Israël abat un drone au-dessus du Golan
Par ailleurs, le Front al-Nosra, la branche locale d'el-Qaëda, a revendiqué l'enlèvement d'une quarantaine de Casques bleus fidjiens retenus depuis jeudi sur le plateau du Golan, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. Soixante-quinze autres Casques bleus philippins, bloqués en raison des combats, ont tous pu quitter leurs positions périlleuses et sont "sains et saufs", selon leur gouvernement.

Dimanche, l'armée israélienne a annoncé avoir abattu un drone venu de Syrie et passé de son côté de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, théâtre côté syrien d'affrontements entre rebelles et armée régulière.
Elle n'a pas précisé qui opérait le drone. Celui-ci a été abattu par un missile sol-air Patriot près de la ville syrienne de Qouneitra (centre du Golan), a dit un porte-parole de l'armée, le colonel Peter Lerner.
L'armée a fait preuve de retenue devant les événements survenus de l'autre côté de la ligne de démarcation, a dit en substance le colonel Lerner. "Mais nous avons dit à plusieurs reprises que nous riposterions à toute violation de la souveraineté israélienne et que nous continuerions à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver la sécurité des citoyens de l'Etat d'Israël", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Israël occupe depuis 1967 quelque 1 200 km2 du plateau du Golan, qu'il a annexés, une décision que n'a jamais reconnue la communauté internationale. Environ 510 km2 restent sous contrôle syrien.

 

Damas critique Hollande
Sur le plan diplomatique, Damas a critiqué dimanche le président français François Hollande en raison de son refus de toute coopération avec Bachar el-Assad pour lutter contre les jihadistes de l'EI.
Damas "condamne l'entêtement du président français à poursuivre sa campagne de mensonges qu'il mène depuis le début de la crise en Syrie", affirme un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle Sana. La France "est l'un des principaux responsables de l'effusion de sang en Syrie", a-t-il affirmé. "Le soutien apporté par les forces régionales et internationales à la guerre menée contre la Syrie par les groupes terroristes extrémistes (...) fait durer la crise et encourage les groupes terroristes armés à étendre leurs activités dans les autres pays de la région", affirme le ministère.

 

(Repère : Tout ce qu'il faut savoir sur l'Etat Islamique)

 

Face à la montée en puissance des jihadistes dans la région, le président Hollande a appelé jeudi la communauté internationale à préparer une réponse "humanitaire et militaire" mais a refusé toute coopération avec le régime d'Assad. "Une large alliance est nécessaire mais que les choses soient claires: Bachar el-Assad ne peut pas être un partenaire de la lutte contre le terrorisme, c'est l'allié objectif des jihadistes", avait souligné le président français.

Le secrétaire d'Etat John Kerry, attendu dans la région après une réunion de l'Otan les 4 et 5 septembre, a de son côté appelé samedi dans une tribune dans le New York Times à une "réaction conjuguée conduite par les Etats-Unis et la plus large coalition de nations possible" contre l'EI. "Nous ne permettrons pas au cancer de l'EI de s'étendre à d'autres pays. Le monde peut affronter ce fléau, et au bout du compte le vaincre", a-t-il assuré, en dénonçant les intentions "génocidaires" de l'EI.
Le président Barack Obama a reconnu jeudi que les Etats-Unis n'avaient "pas encore de stratégie" pour lutter contre ce groupe. Mais M. Kerry a souligné que M. Obama proposerait un plan d'action à une réunion de l'ONU en septembre.

 

(Lire aussi: La prudence d'Obama face aux crises, atout ou handicap?)


Se déclarant prêtes à agir "contre les menaces terroristes" de l'EI, les monarchies du Golfe ont demandé "plus de détails" sur la "coalition" réclamée par Washington, après un avertissement du roi saoudien contre le danger de ces jihadistes. "Si on les néglige, je suis sûr qu'ils parviendront au bout d'un mois en Europe, et un mois plus tard en Amérique".

Le régime d'Assad s'est pour sa part dit prêt à coopérer avec Washington, qui a mené une centaine de frappes aériennes contre l'EI en Irak depuis le 8 août, mais a souligné que toute frappe sur son territoire devait se faire en coopération avec lui.

En bientôt trois ans et demi, le conflit en Syrie, devenu de plus en plus complexe avec l'affaiblissement de la rébellion syrienne face à la montée en puissance de l'EI, a fait plus de 191 000 morts selon l'ONU et poussé quelque 9 millions d'habitants à fuir leurs foyers, près de 50% de la population.

 

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