Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Sissi BABA

Respectez vos enseignants !

Ça fait un temps déjà que les Libanais en général et les parents des élèves en particulier se plaignent des grèves des enseignants. Aujourd'hui, le problème des épreuves du bac est résolu – très mal – mais, au moins, le ministre de l'Éducation a prouvé que son département peut très bien se débrouiller seul : désormais, il n'a plus besoin de ses éducateurs ! Sauf que pour cette longue histoire de grille des salaires, le nœud n'est pas vraiment tranché et on en est toujours dans les péripéties.
Mais quand les corrections du bac libanais étaient en suspens, tout le monde blâmait les enseignants. Peut-être a-t-on oublié le problème qui pousse désespérément les enseignants à recourir à la rue. Petit rappel pour comprendre l'affaire : le Parlement a accepté de relever les salaires dans certains secteurs. Mais quand est venu le moment d'approuver la grille des salaires des enseignants, les hommes politiques se sont rendu compte que l'État n'a tout d'un coup plus de ressources et, par conséquent, il n'existe plus un moyen de financer ces augmentations. Il était donc demandé à nos enseignants d'enseigner et de corriger les examens sans être payés comme les autres. Aux yeux de l'État, les enseignants doivent continuer à travailler comme si de rien n'était. Travailler en gardant le sourire et être toujours prêts à corriger n'importe quelle épreuve même si on ne leur paye pas comme il faut et comme il se doit.
Mais l'incapacité pécuniaire de notre État est une chose, et la réaction des parents et de certains face à ce problème est une autre chose. J'ai écouté à la radio il y a quelques jours un chauffeur de taxi se plaindre et insulter les enseignants qui, selon lui, reçoivent beaucoup d'argent et sont des rapaces avides alors qu'on leur paye deux mille dollars par mois et, de plus, « ils ne font rien pendant trois mois ». Recevoir 2 000 dollars par mois pour un travail qui ne se termine même pas en classe (à ne pas oublier les préparations des cours et les corrections qui se font hors du cours) est énorme !
Malheureusement, ce chauffeur n'est pas seul à condamner les enseignants : une grande partie du peuple libanais partage son opinion.
Je me demande comment l'on peut s'en prendre aux enseignants alors qu'ils n'ont offensé personne. Eux, qui sont respectés, vénérés et bien payés dans les pays respectueux, avancés, éduqués et civilisés, se trouvent méprisés et négligés au Liban. Aux yeux du peuple, ils ont porté atteinte aux élèves et aux parents ; et revendiquer leur droit naturel est devenu un péché capital. On les condamne pour avoir refusé de corriger les épreuves du bac alors qu'ils sont harcelés et mal payés. Mais s'ils ont refusé de donner de simples attestations ridicules aux élèves, c'est parce qu'ils protègent ce qui reste de la valeur du bac.
Continuons à les insulter et le pays perdra la seule petite flamme restante d'honnêteté. Une flamme qui se manifeste par le savoir, par la culture et par un devenir décent pour des jeunes qui ne pourraient bâtir un avenir brillant que grâce à leurs maîtres.
Élèves d'aujourd'hui et d'antan, ayez la grâce de respecter vos enseignants !

Sissi BABA

Ça fait un temps déjà que les Libanais en général et les parents des élèves en particulier se plaignent des grèves des enseignants. Aujourd'hui, le problème des épreuves du bac est résolu – très mal – mais, au moins, le ministre de l'Éducation a prouvé que son département peut très bien se débrouiller seul : désormais, il n'a plus besoin de ses éducateurs ! Sauf que pour...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut