Nous sommes des graines

Il était de Konya et encore adolescent lorsqu’il a été mobilisé par l’armée turque pendant la Première Guerre mondiale. Les soldats chrétiens de l’armée turque, principalement arméniens, n’avaient pas le droit de porter des armes et étaient affectés aux travaux manuels (creuser des tranchées, cuisiner etc.).

Lorsque les Turcs ont perdu la guerre et que, démobilisé, ce jeune homme est rentré chez lui, son père, sa mère et ses huit frères et sœurs avaient disparu sans laisser de traces, exterminés...

Les Alliés étaient en Turquie, il s’est donc marié et s’est mis au travail. Mais, au moment de la révolte de Mustafa Kemal, les Arméniens ont pris peur et beaucoup d’entre eux ont été évacués par les Alliés sur des bateaux vers Le Pirée, dans des camps de réfugiés infestés de virus. Là, il a perdu son seul enfant, une fille.

Devenu artisan à Athènes, il a eu trois autres enfants puis, en 1928, la famille est partie pour Beyrouth. Ce survivant s’appelait Sarkis Tchopourian, mon grand-père.

Je pense à toi mon papa parti il y a un an, à jeddo Sarkis, à tous les survivants et leurs familles et à toutes les victimes du génocide.

« Ils ont essayé de nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines. »

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