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Liban - La situation

Liban : La dynamique des contacts pour meubler le vide

Triste comme un Parlement vide.

La dynamique déclenchée par le retour au Liban de Saad Hariri, après trois ans d'exil forcé pour raisons de sécurité, doit (devrait) se poursuivre aujourd'hui par une visite du chef du courant du Futur à Rabieh. Toutefois, aucune confirmation du rendez-vous n'a pu être obtenue, sans doute pour raisons de sécurité. De toute façon, tout comme une hirondelle ne fait pas le printemps, une visite de Saad Hariri auprès de Michel Aoun ne peut, sauf miracle, provoquer un déblocage de la situation politique, et M. Hariri l'a dit mille fois, c'est au camp chrétien de se décider et de choisir la personnalité digne de succéder au président Sleiman, dont le mandat s'est achevé le 24 mai dernier.

Le blocage politique en question a été illustré hier une première fois par un nouveau défaut de quorum enregistré à la Chambre, invitée à choisir un nouveau président. L'absence de quorum était tellement prévisible que Nabih Berry n'a pas pris la peine de gagner la place de l'Étoile, mais s'est contenté d'annoncer le défaut de quorum et le report de la séance à partir de Aïn el-Tiné. Dans les milieux diplomatiques, on a crié à la farce.

(Lire aussi : Présidentielle : séance reportée et « surenchères » autour de la prorogation du mandat des députés)

Le blocage politique a été illustré une deuxième fois par la proposition de loi revêtue du caractère de double urgence déposée par le député Nicolas Fattouche, en faveur d'une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre, dont le mandat actuel, après une première prorogation, expire le 20 novembre prochain. Le député invoque la théorie des circonstances exceptionnelles pour justifier cette décision. Il propose que la nouvelle prorogation s'étende jusqu'au 20 juin 2017. De la sorte, la Chambre aura prorogé son mandat initial de la durée d'un second mandat.
Encore une farce, est-on tenté de dire. C'est oublier que si un président n'est toujours pas élu le 20 novembre – ce n'est pas impossible – et que le mandat du Parlement expire... il ne restera plus de Parlement pour élire un président, et il ne restera plus que le gouvernement pour incarner la légalité. Il va donc de soi que la prorogation du mandat de la Chambre est préférable au vide. La décision conduirait à une espèce de statu quo représentatif qui aura l'avantage d'assurer, de pair avec le Conseil des ministres, un semblant de stabilité et de légalité. Ainsi, les apparences, au moins, seront sauves.

(Lire aussi : Fattouche et le zèle des grands juristes...)

Sur le plan social hier, c'est le drame qui touche le monde de l'enseignement secondaire qui fait le plus mal. Agrippés à leur grille des salaires dans un entêtement quasi irrationnel – et avec un Nehmé Mahfoud au bord de la dépression nerveuse –, les enseignants tiennent en otage plusieurs milliers de bacheliers, et refusent de lâcher prise. C'est la grille des salaires ou le boycottage de la correction des épreuves officielles. La convocation du corps enseignant par le ministre de l'Éducation a laissé éclater hier les divisons dans leurs rangs et l'hégémonie exercée sur les syndicalistes par une minorité agissante. Car au-delà des revendications de ce secteur, le problème se situe dans l'élargissement de la grille des salaires à l'ensemble de la fonction publique. Quoi qu'il en soit, l'épreuve de force a été reportée d'une semaine, dans l'espoir que les protestataires, notamment les fonctionnaires, reviendront à la raison, acceptant d'obtenir une augmentation des salaires compatible avec l'équilibre économique du pays, ou de reporter leur combat à une étape ultérieure.

(Lire aussi : Salaires des enseignants : de report en report)

Car même en cas d'unanimité, il est clair que les syndicats ne parviendront pas à forcer la main au Parlement et à en obtenir des avantages qui mettraient en péril la stabilité monétaire, une conviction qui est partagée par pratiquement tous les blocs parlementaires.

Par rapport à la crise dans le monde enseignant, celle des journaliers d'EDL est dérisoire. Ce qui la rend si dramatique, si visuelle, ce sont les télévisions, les vociférations qui l'accompagnent, les pneus qu'on brûle et les artères qu'on bloque. Là aussi, hélas, un service public est pris en otage par une poignée d'agités gâtés qui se croient tout permis, et que le concept de rationalité économique hérisse.

(Lire aussi : À EDL, les portes sont soudées et les tentes plantées)

La semaine politique sera marquée, demain, par une réunion du Conseil des ministres. Avec le retour de Saad Hariri, Walid Joumblatt nourrit l'espoir que l'on pourra expédier certains dossiers en souffrance qui ne seraient pas conflictuels. Le gouvernement pourrait examiner aussi la répartition du don d'un milliard de dollars que le roi d'Arabie saoudite a accordé en urgence à la troupe, pour doper sa combativité. Et empêcher les drames, comme celui qui s'est produit à l'École technique de Ersal, de se reproduire. Dans cette position, rappelle-t-on, deux officiers se sont défendus jusqu'à la dernière balle, et ont fini par donner leur vie, faute de munitions. Hélas, il est des voix inconsidérées pour commencer à dire que M. Hariri aurait dû rentrer au pays sans le milliard. C'est drôle comment, à partir d'un certain quotient intellectuel, tout un camp commence à parler persan.


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commentaires (2)

LE VIDE NE PEUT ÊTRE MEUBLÉ QUE : DE VIDES !!!

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 17, le 13 août 2014

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Commentaires (2)

  • LE VIDE NE PEUT ÊTRE MEUBLÉ QUE : DE VIDES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 17, le 13 août 2014

  • Ce qu'il faudrait avant tout dans ce pays bloqué, paralysé, dynamité, désintégré par des parties irresponsables, et afin qu'il reprenne sa marche, c'est qu'un terme soit mis immédiatement aux nié-nié-nié politiques et aux hésitations. Il est très urgent que les parties soucieuses de l'intérêt du Liban, en tête l'ancien chef du gouvernement Saad Hariri, et même les plus hautes autorités religieuses concernées, clament bien clairement que le principe MOI OU PAS DE PRESIDENT qui bloque le Liban doit être aboli immédiaement.

    Halim Abou Chacra

    05 h 39, le 13 août 2014

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