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Économie - Liban - Crise

À EDL, les portes sont soudées et les tentes plantées

Il semblerait que la situation à Électricité du Liban ait atteint un point de non-retour. Les journaliers, furieux de la décision de la direction d'avoir chiffré le nombre de places vacantes à 897, ont lancé une grève ouverte et empêchent les employés d'accéder à leur lieu de travail.

Un journalier bloquant l’autoroute hier devant le siège d’EDL. Photo Nasser Traboulsi

Pour le troisième jour consécutif, les journaliers d'Électricité du Liban (EDL) ont empêché les employés d'accéder à leurs bureaux, bloqué l'avenue Charles Hélou devant le siège de l'office autonome et brûlé des pneus, causant de terribles embouteillages à l'entrée nord de Beyrouth. Ils protestent depuis samedi contre la publication par le conseil d'administration d'EDL d'un mémorandum chiffrant les places vacantes de l'office à 897. Comme le stipule la loi approuvée par le Parlement en avril dernier, ce document sera transmis au Conseil de la fonction publique, qui devra organiser un concours dans l'objectif de cadrer les journaliers.

Le problème, c'est que ces derniers sont approximativement 1 700 et n'admettent pas qu'on puisse exclure la moitié d'entre eux de l'intégration au cadre. « Cela fait 10, 15 ou 20 ans que nous travaillons pour EDL, et il y a deux ans et demi, quand nous avons été intégrés aux équipes des trois entreprises privées en charge du réseau de distribution, on nous avait promis que cette solution était temporaire », s'indigne Ali el-Sayyed, un des représentants des journaliers, dans un entretien accordée à L'Orient-Le Jour.

Mais le dialogue entre les différentes parties semble rompu et c'est l'épreuve de force qui prévaut. « Nous avons demandé à rencontrer le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Arthur Nazarian, mais ses propos étaient décevants et mensongers », a accusé M. Sayyed. « Nous lui avons demandé de s'abstenir de signer le mémorandum et de réparer l'injustice qui nous est faite, mais il a rétorqué que c'était trop tard et que le texte avait déjà été transmis au Conseil de la fonction publique », a-t-il indiqué. « Des sources au sein du ministère nous ont confirmé qu'à l'heure de notre entretien avec le ministre, le document n'était ni signé ni envoyé », a-t-il poursuivi.

Suite à cette rencontre, le comité des journaliers a pris la décision de poursuivre la grève ouverte, tout en annonçant de nouvelles mesures d'escalade. « Nous avons scellé toutes les portes du siège d'EDL afin d'empêcher l'entrée des employés et de paralyser le travail de l'office, et nous camperons nuit et jour sur place le temps qu'il faudra », a martelé le représentant des journaliers. Un sit-in est également prévu lundi prochain devant le siège du Conseil de la fonction publique, dernier maillon de la chaîne, mais dont les prérogatives ne lui permettent pas de changer quoi que ce soit aux chiffres présents dans le mémorandum. Enfin, convaincus que l'estimation de 897 places vacantes est le résultat d'accords douteux entre EDL et les entreprises privées, les journaliers ont appelé la Cour des comptes à venir inspecter les détails « de ce mémorandum honteux et criminel », selon les termes utilisés dans leur communiqué.

EDL : On ne discute pas sous la pression

La direction d'EDL a sévèrement critiqué le mouvement de grève lancé par les journaliers, mettant en garde contre la « paralysie » financière et technique de l'office et une aggravation du rationnement en électricité. « Nous comprenons que certains journaliers puissent être frustrés, mais EDL ne peut pas annoncer des chiffres qui ne correspondent pas à ses besoins », a indiqué à L'Orient-Le Jour une source bien informée. « Tout les journaliers ont le droit de passer le concours, et même si actuellement nous n'avons besoin que de 897 personnes, nous pourrons, au cours des deux prochaines années, avoir recours à d'autres journaliers qui auront réussi aux examens », a-t-elle expliqué. « De toute façon, tout peut se négocier au cas par cas, mais jamais sous la menace et la violence comme c'est le cas actuellement », a insisté la source.

Mais pour les journaliers, ce discours n'est pas acceptable. La plupart d'entre eux travaillent pour les trois entreprises privées, qui ont signé avec EDL un contrat de quatre ans. « Qu'adviendra-t-il de ceux qui ne seront pas cadrés à la suite du concours si EDL ne renouvelle pas le contrat de ces entreprises ? » s'est interrogé M. Sayyed.

Par ailleurs, EDL a publiquement demandé à ces trois entreprises de prendre des « mesures disciplinaires » à l'encontre des journaliers qui travaillent pour elles et « qui participent aux actions violentes ». Bus, l'une de ces entreprises, a publié hier un communiqué expliquant que ces employés ne participaient pas aux manifestations et refusaient « de se laisser enrôler par le mouvement des journaliers ». Déclaration immédiatement démentie par l'un des porte-parole des journaliers qui a confirmé la participation « de la grande majorité des employés des entreprises privées au mouvement de protestation ».

Parmi d'autres accusations, EDL a affirmé hier dans un communiqué que les journaliers auraient fait disparaître des documents importants des bureaux d'EDL à Aley. « Le directeur du centre de Aley a fait circuler cette rumeur pour faire pencher l'opinion publique de son côté, mais il s'est vite avéré que lesdits documents étaient cachés dans un placard dont il avait lui-même la clé ! » a rétorqué M. Sayyed.
Il reste que l'épreuve de force est plus que jamais à l'ordre du jour et qu'une solution est difficilement imaginable à l'heure qu'il est.


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