Si le sort de dizaines de milliers de bacheliers n'était pas en jeu, on aurait pu qualifier de comique le bras de fer entre le syndicat des enseignants et le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, qui a encore une fois décidé de donner du temps au temps, dans l'espoir d'une solution miracle à l'épineux dossier de l'échelle des salaires dans le secteur public.
Après avoir annoncé qu'il trancherait mercredi (hier) et qu'il commencerait à délivrer des attestations aux bacheliers si les enseignants qui exigent l'approbation de la nouvelle grille des salaires ne se mettent pas à corriger les épreuves du bac, le ministre a encore une fois ajourné sa décision jusqu'après la fête officielle de l'Assomption, vendredi, mais en prenant soin cette fois de ne pas fixer de dates précises.
Cette énième décision de ne pas trancher a été prise par M. Bou Saab au bout d'une journée mouvementée et pleine de rebondissements, qui a commencé par un sit-in des enseignants devant le ministère de l'Éducation, à l'Unesco, où ils avaient été appelés à venir pour établir les barèmes de correction. Au grand affolement du Comité de coordination syndical et du syndicat, un groupe de récalcitrants, hostiles au boycottage des examens officiels, est parvenu à franchir le barrage humain devant l'entrée du bâtiment de l'Unesco pour s'attaquer aux barèmes. Leur nombre était cependant en deçà de ce que le ministre avait espéré la veille, ce qui a poussé le directeur du ministère, Fady Yarak, à leur demander d'arrêter, faute de quorum, a-t-on dit.
Retour donc à la case départ. Devant le siège du ministère, des voix s'élevaient, indignées. Pour les présidents du syndicat des enseignants du secteur privé, Nehmé Mahfouz (qui avait du mal à retenir ses larmes), et de la Ligue des enseignants du secondaire, Hanna Gharib, l'octroi d'attestation est « un acte inacceptable et antipédagogique ». Selon eux, il n'y a d'autres solutions que l'approbation de la nouvelle grille des salaires qui prévoit pour les enseignants une augmentation de 121 %, que l'État ne peut évidemment pas assumer.
Une fois que l'établissement des barèmes a été suspendu, une énième réunion s'est tenue entre M. Bou Saab et ses deux interlocuteurs. Le ton est devenu plus conciliant, même si le syndicat refuse de lâcher prise puisqu'il envisage aujourd'hui d'organiser un autre sit-in, place Riad el-Solh. Selon le ministre, c'est la crainte d'une division dans les rangs syndicaux qui l'a amené à faire machine arrière.
Mais cette fois, le ministre n'a pas voulu dire ce qu'il compte faire en cas d'absence de solution. « Chaque chose en son temps », s'est-il contenté de dire à la presse. « Vous allez dire que le ministre a changé d'avis, a-t-il poursuivi, mais je vous assure que cela n'a rien de honteux puisqu'il s'agit d'une question d'intérêt public. »
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