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Liban - Liban

À Jeb Jennine, les réfugiés syriens sont deux fois plus nombreux que les habitants

Jeb Jennine, chef-lieu de caza de la Békaa-Ouest, compte 8 500 habitants et 15 000 réfugiés syriens. Avec cette population supplémentaire, la municipalité tente avec les moyens du bord d'assumer ses responsabilités.

La vie a changé depuis le début de la crise syrienne à Jeb Jennine, une coquette localité de la Békaa-Ouest, où le nombre de réfugiés est quasiment le double de celui des habitants.

Une localité coquette et riche, des maisons en pierre de taille aux toits rouges et une vie qui semble douce. La localité de Jeb Jennine, chef-lieu de caza de la Békaa-Ouest, compte sept banques, huit écoles, un hôpital, une prison... et sept camps champignons de réfugiés syriens, ainsi que des immeubles entiers et des appartements loués aux déplacés venus de la Syrie voisine.
Jeb Jeninne est une localité mixte comptant des sunnites, maronites, et des grecs-orthodoxes et melkites.
Comme tous les Libanais, notamment ceux qui sont proches de la frontière syrienne, les habitants de cette localité ont accueilli à bras ouverts les réfugiés syriens au début du conflit en Syrie en mars 2011, pensant que les événements dureront quelques mois et que les déplacés finiront par rentrer rapidement chez eux. Mais la guerre en Syrie a traîné...


Aujourd'hui, cette localité de 8 500 habitants compte 15 000 réfugiés syriens. Et les habitants se plaignent. « C'est comme si nous étions les étrangers et eux les vrais habitants », affirme une femme. « Un jour, ils nous chasseront du village », lance une autre.
Avec les événements de Ersal, les habitants de Jeb Jennine craignent pour leur sécurité. L'armée a perquisitionné à plusieurs reprises les camps de réfugiés de la localité à la recherche d'armes.
D'aucuns disent que la vie a changé depuis l'arrivée des réfugiés syriens, notamment sur les plans économique et sécuritaire.
« Ma fille est coiffeuse et esthéticienne. Les Syriennes qui font son métier pratiquent des prix au rabais et ma fille a perdu la moitié de sa clientèle », raconte Latifé qui a refusé de louer un appartement situé au-dessous de chez elle à des réfugiés syriens. « Et s'ils restaient et squattaient les lieux, qu'adviendrait-il de moi ? » demande-t-elle.
« Depuis leur arrivée, le village a changé, et cela s'applique à plusieurs localités, voire toutes les localités de la Békaa. Il y a moins de travail pour les Libanais et nous ne nous sentons plus en sécurité », note de son côté Élie, assis dans un café. « Avec les événements de Ersal, on se demande s'ils cachent des takfiristes dans leurs camps ou s'ils ont enfoui des armes dans leurs tentes », poursuit-il.
« Ils sont nombreux, ont d'autres habitudes que les nôtres... surtout concernant l'éducation des enfants. Ils se promènent avec des ribambelles d'enfants dans le village et parfois ils sont tellement indisciplinés que l'on risque de les écraser en conduisant », s'inquiète Ahmad.


C'est à deux voix que le président du conseil municipal Khaled Saïd Charanek et son adjoint Khaled Ali el-Hajj Ahmad évoquent la situation.
En avril dernier, des vols ont été enregistrés dans la localité. L'enquête a démontré que ce sont des réfugiés syriens qui en étaient responsables. « Pour nous sentir plus en sécurité, nous avons recruté un nombre supplémentaire de policiers. Tous les soirs, dix personnes montent ainsi la garde. Voilà cinq millions de livres de plus de dépenses municipales par mois », indique M. Charanek.
« Nous disposons de deux puits artésiens, jamais la localité n'a manqué d'eau. Nous venons de brancher un troisième puits au réseau électrique... On ne peut pas laisser les réfugiés crever de soif. Mais un jour, l'eau manquera », ajoute-t-il.


Il y a aussi les ordures ménagères. « Nous disposions d'un seul camion pour la collecte des ordures. La municipalité en a acheté trois autres et nous avons recruté six employés supplémentaires. La municipalité a également distribué des sacs poubelles aux réfugiés, en vain. Avant l'arrivée des Syriens, nous produisions six tonnes d'ordures par jour, aujourd'hui nous sommes à 25 tonnes au quotidien », souligne de son côté M. Hajj Ahmad.
« Cela sans compter la pression mise sur toute l'infrastructure, notamment les égouts et l'électricité. Et tout cela occasionne des coûts supplémentaires qui devraient être assurés par la municipalité. Nous distribuons l'eau et l'électricité gratuitement aux tentes des réfugiés », poursuit-il.
Les deux hommes ne voient pas de solution proche. « Ce n'est pas à nous de trouver une solution à la crise syrienne... On souhaite que cela se passe avec le moins de dégâts et de coûts possible pour Jeb Jennine », indique M. Charanek. Et d'ajouter que la municipalité a reçu une assistance internationale, mais que souvent cette aide est inadaptée.


Les deux hommes tout comme les autres habitants notent que Jeb Jennine a toujours été paisible et tranquille avec son immense jardin public, son parc d'attraction et ses belles maisons. Aujourd'hui, la localité accueille 15 000 réfugiés venus surtout des villages éloignés de Homs, une population aux us et coutumes différents de ceux des habitants du chef-lieu du caza de la Békaa-Ouest.
Des habitants qui regardent, las et inquiets, l'horizon de tentes dressées sur les terrains de Jeb Jennine.

 

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commentaires (4)

C'est exact, le Liban est même doublement occupé : et par le Hezbollah et par les Syriens. Puisque les mercenaires prétendent avoir libéré la Syrie, qu'ils se chargent maintenant de libérer le Liban en renvoyant les réfugiés chez eux. Et que les uns et les autres ne reviennent plus au Liban. Ce serait le rêve ! Ces imbéciles ont tout foiré. C'est bel et bien à cause d'eux que le Liban est aujourd'hui surpeuplé et pillé économiquement, et qu'il est devenu une vraie passoire laissant passer la vermine islamiste qui s'attaque à notre armée. Il faudrait que les Libanais se soulèvent contre le Hezbollah, leur fossoyeur.

Robert Malek

19 h 13, le 13 août 2014

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Commentaires (4)

  • C'est exact, le Liban est même doublement occupé : et par le Hezbollah et par les Syriens. Puisque les mercenaires prétendent avoir libéré la Syrie, qu'ils se chargent maintenant de libérer le Liban en renvoyant les réfugiés chez eux. Et que les uns et les autres ne reviennent plus au Liban. Ce serait le rêve ! Ces imbéciles ont tout foiré. C'est bel et bien à cause d'eux que le Liban est aujourd'hui surpeuplé et pillé économiquement, et qu'il est devenu une vraie passoire laissant passer la vermine islamiste qui s'attaque à notre armée. Il faudrait que les Libanais se soulèvent contre le Hezbollah, leur fossoyeur.

    Robert Malek

    19 h 13, le 13 août 2014

  • On se plaignait jadis de l'occupation syrienne... C'est aujourd'hui que le Liban est véritablement occupé...

    NAUFAL SORAYA

    12 h 24, le 13 août 2014

  • Encore un joli petit coin de notre Liban défiguré et toujours la même négligence de la part de nos dirigeants...qui, si de gros problèmes arrivent...se réuniront,"palabreront", constitueront des comités inefficaces...feront de belles déclarations partout dans les médias, ensuite retourneront à leurs affaires personnelles tellement plus importantes...n'est-ce-pas ?! Un jour il sera trop tard, nous nous rêveillerons dans un Liban occupé par ces "réfugiés"!!! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 03, le 13 août 2014

  • Il est GRAND temps de renvoyer ces gens dans leur pays!!!!!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 12, le 13 août 2014

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