Les jihadistes de l'État islamique (EI) ont ordonné que toutes les femmes âgées de 11 à 46 ans en Irak subissent des mutilations génitales, selon l'Onu. « C'est une fatwa de l'EI, nous venons d'en être informés », a déclaré depuis l'Irak Jacqueline Badcock, numéro 2 de l'Onu en Irak, lors d'une vidéoconférence organisée à Genève. Mme Badcock a ajouté n'avoir pas de chiffre précis concernant le nombre de femmes concernées. Elle a cependant cité des chiffres émanant du Fonds des Nations unies pour la population, selon lesquels « 4 millions de filles et de femmes pourraient être affectées ».
L'Orient-Le Jour s'est penché sur cette nouvelle décision de l'EI et a posé trois questions à Annie Tabet, anthropologue et professeur à l'Université Saint-Joseph.
Quelles sont les raisons derrière les mutilations génitales des femmes ?
D'un point de vue anthropologique, les mutilations génitales des femmes, comme l'excision par exemple, peuvent s'expliquer par la domination masculine et le contrôle des femmes. Ainsi en empêchant le plaisir de ces dernières, en les empêchant de parvenir à l'orgasme, on garantit leur loyauté et on est sûr qu'elles n'iront pas voir ailleurs. Cela concerne principalement les sociétés patriarcales.
Y a-t-il une justification religieuse dans ces actes-là?
Les mutilations génitales sont plus un rite de passage qu'une tradition religieuse. D'ailleurs, on trouve cette tradition autant chez les chrétiens que chez les musulmans. Il est important de noter que les mutilations génitales n'étaient jusqu'à présent pas fréquentes en Irak, et ne concernaient que quelques régions isolées. Cette pratique n'est en fait aucunement propre au Moyen-Orient. L'excision est une exportation principalement africaine qui n'a rien à voir avec la culture locale. En effet, les pays où la grande majorité des femmes sont excisées sont africains comme l'Égypte, l'Éthiopie par exemple, ou encore l'Érythrée et le Soudan, pour n'en nommer que quelques-uns.
Quel message veut faire passer un groupe radical comme l'EI derrière cette forme de barbarie ?
Tous ces groupes radicaux s'inscrivent dans une logique de religion globalisée démunie de tout fondement. Dans ce cas-là, c'est l'idée de l'asservissement du sexe « faible » au nom de la religion. Mais en fait, cette pratique est en contradiction avec les enseignements religieux. Il s'agit ici d'une nouvelle dénaturalisation de la religion au service de l'homme.
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CORRECTION ! Merci : ".... et préconiser alors les mariages de convenances plutôt, si répandus en cette terre chïïte heureusement si lointaine". Pas si lointaine que cela en réalité, depuis qu'ils se sont répandus dans ces 2 ou 3 Cazas d'ici aussi, yâ hassirtîîîh !
11 h 05, le 27 juillet 2014