Mécontents du faible engagement de leur pays envers les Palestiniens, de nombreux Égyptiens n'hésitent pas à s'en prendre au président Abdel Fattah al-Sissi sur les réseaux sociaux. Depuis le début de l'offensive sanguinaire d'Israël contre la bande de Gaza, Le Caire a tenté de négocier un cessez-le-feu entre l'État hébreu et le Hamas, mais en vain. Il faut dire que les relations entre le mouvement islamiste et le nouveau président égyptien sont au plus bas depuis l'arrivée au pouvoir de Sissi qui a interdit le Hamas en Égypte, l'accusant d'avoir collaboré à des attentats dans le pays. L'armée égyptienne annonce d'ailleurs régulièrement avoir détruit des centaines de tunnels reliant Gaza sous blocus au Sinaï égyptien. Par souci « humanitaire », Le Caire affirme toutefois avoir envoyé 500 tonnes de nourriture en aide à la population de Gaza, mais des internautes palestiniens ont dénoncé la mauvaise qualité des produits alimentaires, diffusant sur Facebook des images montrant des paquets de riz et de pâtes infestés d'insectes.
Face à ce marasme, de nombreuses voix égyptiennes s'élèvent – virtuellement du moins – pour dénoncer la politique de Sissi vis-à-vis de Gaza. Une page sur Facebook va même jusqu'à appeler à la destitution du président et à la proclamation du roi marocain Mohammad VI comme souverain d'Égypte. Créée le 18 juillet, la page a déjà attiré plus de 18 000 admirateurs, partageant des photos du roi du Maroc visitant des réfugiés syriens ou encore faisant un don de sang aux Palestiniens. « Regardez combien le roi du Maroc est brave en comparaison à Sissi le traître qui a ordonné la fermeture de Rafah face aux Palestiniens », écrit l'un des administrateurs de la page. « Inutile de nous traiter de tous les noms, nous ne sommes ni avec les Frères musulmans ni avec Sissi, indiquent les internautes à l'origine de la page. Nous sommes avec la justice, et rien de plus. » « Nous voulons que l'Égypte devienne un royaume pour que nous puissions vivre dans la stabilité, écrit de son côté Riham qui se présente comme l'une des administratrice de la page. Nous avons besoin d'un régime qui respecte nos traditions et préserve notre dignité. »
Le printemps arabe a peu touché le Maroc, où la monarchie a procédé en 2011 à des réformes constitutionnelles diluant partiellement ses pouvoirs, ce qui a apaisé la plupart des manifestants. Des organisations des droits de l'homme continuent toutefois de dénoncer la répression de la liberté d'expression et appellent à la libération des prisonniers politiques, notamment des militants du mouvement proréformes 20-Février, né dans la foulée du printemps arabe.
« Nous étions bien à l'époque de la monarchie, poursuit Riham. Le régime républicain ne nous arrange plus, il faut le changer... Regardez comment les royaumes autour de nous vivent en paix et en stabilité, et regardez notre sort à nous... »
Lire aussi
« Nous ne sommes pas des statistiques, mais des êtres humains »
Nul n'est prophète en son pays ?
00 h 32, le 24 octobre 2017