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À La Une - conflit

Depuis l'Irak, le "calife" jihadiste appelle les musulmans à lui obéir

Daech démolit des sanctuaires sunnites, soufis et chiites et occupe deux cathédrales orthodoxes.

Selon une vidéo diffusée sur des sites jihadistes et qui n'a pu être authentifiée, Abou Bakr Al-Baghdadi s'est exprimé lors d'un prêche vendredi dans la grande mosquée de Mossoul. AFP PHOTO / HO / AL-FURQAN MEDIA

Le chef d'un groupe jihadiste ultra-radical a appelé tous les musulmans à lui "obéir" lors d'un prêche dans la ville irakienne de Mossoul conquise par ses combattants, sa première apparition dans une vidéo mise en ligne samedi.
Ce développement est survenu alors que l'Irak, cible d'une offensive militaire jihadiste, s'enfonce dans la crise à trois jours d'une nouvelle séance de son Parlement, le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, très contesté, insistant pour rester en poste.

Ce sont les hommes d'Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l'Etat islamique (EI), aidés de tribus et d'anciens officiers de l'ex-président sunnite Saddam Hussein, qui se sont emparés de larges pans de territoires en Irak depuis le lancement de leur offensive le 9 juin.

Selon la vidéo diffusée sur des sites jihadistes et qui n'a pu être authentifiée, Baghdadi, né en 1971 en Irak, s'est exprimé lors d'un prêche vendredi dans la grande mosquée de Mossoul (nord), deuxième ville du pays conquise aux premières heures de l'assaut.

 

 

Il s'agit d'un changement de tactique significatif, cet homme, classé "terroriste" par les Etats-Unis, ayant pendant des années opéré dans l'ombre, très peu de détails ayant filtré sur sa personnalité, son physique ou sur l'endroit où il se trouve. Le 29 juin, son groupe a proclamé l'établissement d'un califat sur les territoires qu'il a conquis en Irak et en Syrie voisine, avant de désigner Baghdadi "calife" et donc "chef des musulmans partout" dans le monde.

"Je suis le Wali (leader) désigné pour vous diriger (...) Obéissez-moi tant que vous obéissez à Dieu en vous", a dit dans son prêche Abou Bakr Al-Baghdadi, qui portait une longue barbe, une abaya et un turban noirs.

 

(Dossier : Pour combattre Daech, il faut lutter contre les régimes autoritaires qui alimentent la rhétorique de ce groupe)

 

Nouveau limogeage de commandants
Le califat est un régime politique hérité du temps du prophète Mahomet, qui a disparu avec le démantèlement de l'Empire ottoman dans les années 1920. Le calife est littéralement le successeur du prophète pour faire appliquer la loi en terre d'islam.

L'influent prédicateur qatari Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a néanmoins affirmé que l'établissement d'un califat par "un groupe connu par ses atrocités et ses vues radicales ne sert pas le projet islamique". Selon lui, le titre du calife doit être "accordé par la nation musulmane entière" et ne peut être usurpé par un groupe.

Dans la région de Mossoul, les jihadistes ont démoli au nom de la lutte contre "les idoles" des sanctuaires sunnites, soufis et chiites et occupaient deux cathédrales orthodoxes, selon des habitants et des photos diffusées par l'EI.
En outre, le patriarche de l'Eglise chaldéenne en Irak, Louis Sako, a réclamé la libération de deux religieuses et de trois orphelins enlevés, selon lui, par des insurgés dans la ville.

 

(Lire aussi: L'État islamique accusé d'avoir volé la cause du califat)


Outre Mossoul, l'EI, à la faveur de son offensive en Irak, s'est emparé d'une grande partie de sa province Ninive, ainsi que de régions dans les provinces de Diyala (est), Salaheddine (nord) et Kirkouk (ouest). Il contrôlait depuis janvier des secteurs d'Al-Anbar (ouest).

Les forces irakiennes peinent à reprendre du terrain, piétinant en particulier dans leur contre-offensive sur Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein (nord). Selon un porte-parole de M. Maliki, le commandant des forces terrestres Ali Ghaidan, qui avait fui Mossoul au début de l'offensive, a été "mis à la retraite", de même que le chef de la police fédérale Mohsen al-Kaabi, les deux plus hauts gradés à être limogés depuis le début de l'offensive jihadiste.

Alors que le voisin chiite iranien, un allié du pouvoir en Irak, affirme ne pas vouloir envoyer de troupes aider l'armée irakienne, l'agence iranienne Irna a annoncé la mort d'un pilote iranien en "défendant" des lieux saints chiites à Samarra.

Bagdad a reçu dix avions Sukhoi, annoncés comme venant de Russie mais dont certains pourraient venir d'Iran selon des experts.

 

Impasse politique
Sur le plan politique, le pays est dans l'attente d'un nouveau président et gouvernement appelé à rassembler toutes les forces politiques pour faire face à l'offensive jihadiste.

 

(Lire aussi : Entre Kurdes et Israéliens : une alliance des minorités est-elle possible ?)

M. Maliki, au pouvoir depuis 2006, a assuré vendredi qu'il ne renoncerait "jamais" à présenter sa candidature pour un 3e mandat. Si son bloc est arrivé en tête des législatives du 30 avril, son autoritarisme et son choix de marginaliser les minorités sunnites et kurdes limitent ses capacités de rassemblement.
Il garde néanmoins le soutien de nombreux Irakiens, essentiellement chiites, d'autant qu'aucune figure susceptible de rassembler ne se détache dans la classe politique.

Après une séance inaugurale catastrophique marquée par des insultes le 1er juillet, le nouveau Parlement doit se réunir mardi pour se choisir un président, puis élire un président de la République chargé de désigner le prochain Premier ministre.

Le pays reste menacé d'implosion avec la décision du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani d'organiser un référendum en vue de l'indépendance.

 

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commentaires (2)

L'Orient-Le Jour fait bien de rappeler la matière de l'AFP du 30/06 "Pour combattre Daech, il faut lutter contre les régimes autoritaires qui alimentent la rhétorique de ce groupe" et d'en recommander la lecture. Cette matière dit si justement que sans la dictature de Bachar al-Assad à Damas et celle de Nouri el-Maliki à Bagdad et leur marginalisation des sunnites, il n'y aurait Daech ni en Syrie ni en Irak. Elle dit également que cela ne sert à rien de combattre Daech si ces deux dictatures restent en place. Que le Hezbollah comprenne s'il a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

Halim Abou Chacra

17 h 21, le 05 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • L'Orient-Le Jour fait bien de rappeler la matière de l'AFP du 30/06 "Pour combattre Daech, il faut lutter contre les régimes autoritaires qui alimentent la rhétorique de ce groupe" et d'en recommander la lecture. Cette matière dit si justement que sans la dictature de Bachar al-Assad à Damas et celle de Nouri el-Maliki à Bagdad et leur marginalisation des sunnites, il n'y aurait Daech ni en Syrie ni en Irak. Elle dit également que cela ne sert à rien de combattre Daech si ces deux dictatures restent en place. Que le Hezbollah comprenne s'il a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

    Halim Abou Chacra

    17 h 21, le 05 juillet 2014

  • En l'urgence faut alerter F.Hollande... il va surement monter un corps expéditionnaire comme en Afrique...! mais s'il y a du retard dans la réponse ...,c'est qu'il sera occupé par le tour de France...

    M.V.

    16 h 14, le 05 juillet 2014

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