Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Irak

Les jours de Maliki à la tête du gouvernement pourraient être comptés

Le président irakien Nouri al-Maliki, en compagnie du président américain Barack Obama.

Les jours du chiite Nouri al-Maliki à la tête du gouvernement irakien depuis 2006 pourraient être comptés, l'offensive jihadiste qui a précipité l'Irak au bord du gouffre et les accusations de sectarisme réduisant petit à petit ses chances de se voir confier un nouveau mandat.
Au sein de sa propre coalition, l'Alliance pour l'État de droit, on discute de l'opportunité de le remplacer, assure un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat, à la veille de la réunion du Parlement qui doit lancer le processus de formation d'un nouveau gouvernement. « Il y a clairement des discussions, ajoute-t-il, ce sont des jours critiques (...) c'est une période politique importante. »
Aux dissensions internes à la coalition chiite s'ajoute le refus des Kurdes et des sunnites d'offrir un 3e mandat à M. Maliki, critiqué de toutes parts pour sa politique marginalisant les sunnites, même si son bloc est arrivé en tête aux législatives du 30 avril. Donné grand favori à l'issue de ce scrutin, il a vu diminuer ses soutiens au fur et à mesure de l'avancée des insurgés sunnites que ses forces ont été incapables d'enrayer. Depuis le 9 juin, ces insurgés menés par les jihadistes de l'État islamique ont réussi à s'emparer de larges pans du territoire irakien au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad, face à une armée faible et en déroute. Celle-ci tente depuis de relever la tête en lançant des offensives pour reprendre des secteurs aux jihadistes.

 

(Lire aussi : Le califat, un rêve pour les islamistes)

 

« L'insécurité lui a fait du mal »
Mais la responsabilité de M. Maliki dans cette débâcle est d'ores et déjà engagée : des voix se sont élevées en Irak comme à l'étranger pour mettre en cause sa politique confessionnelle dans le succès des insurgés qui semblent avoir eu l'appui d'habitants sunnites dans les régions conquises. Même si elles sont anciennes, ces accusations se sont faites plus bruyantes après l'assaut jihadiste, les Occidentaux, États-Unis en tête, le pressant de former d'urgence un cabinet incluant toutes les communautés et confessions.
La résurrection d'une Alliance chiite, regroupant plusieurs blocs dont celui de M. Maliki, pourrait également réduire les chances du Premier ministre sortant pour un nouveau mandat. Plusieurs candidats pourraient en émerger pour lui succéder, le poste de Premier ministre étant réservé selon une règle non écrite à un chiite, confession majoritaire du pays. « Ses chances étaient encore bonnes après le scrutin, mais la détérioration de la sécurité lui a clairement fait du mal », assure Hakim al-Zamili, un parlementaire partisan du puissant chef chiite Moqtada al-Sadr. Désormais, « ses chances sont faibles vu les problèmes sécuritaires, les problèmes avec les sunnites, avec les sadristes et les Kurdes », estime-t-il.

 

(Dossier : Vers la fin des frontières de Sykes-Picot ?)

 

« Pas sage » de changer Maliki
Plusieurs candidats potentiels commencent à émerger, même si aucun ne s'impose réellement. Les noms de personnalités bien connues des Irakiens, comme l'ancien vice-président Adel Abdel Mehdi, l'ex-Premier ministre Ibrahim al-Jafaari ou encore l'ancien vice-Premier ministre Ahmad Chalabi, circulent. Mais quoi qu'il en soit, préviennent des députés, le processus sera long.
De leur côté, les députés sunnites qui ont perdu des sièges lors du scrutin ne semblent pas s'émouvoir des tractations internes aux coalitions chiites, pour la simple raison qu'ils n'ont pas vraiment leur mot à dire. « Nous devons faire avec », explique Qassem Fahdawi, nouvellement élu député. « Nous n'avons aucune influence sur cette question. Même si nous avons un avis sur telle ou telle personne, cela ne compte pas. » Selon la règle non écrite, la présidence du Parlement revient aux sunnites et celle de la République aux Kurdes.

 

(Dossier : Pour combattre Daech, il faut lutter contre les régimes autoritaires qui alimentent la rhétorique de ce groupe)


Mais en dépit des critiques, M. Maliki conserve quelques partisans, qui insistent sur les dangers de changer de Premier ministre en plein chaos. « Ce ne serait pas sage », martèle Sami al-Askari, ancien député. « Si nous n'étions pas en guerre, peut-être (...) mais là ce n'est pas l'heure du changement. » M. Maliki « n'est pas seulement Premier ministre, c'est le chef de l'armée. Et l'Irak est en guerre ».

Lire aussi

Ménage à trois, le point de Christian Merville

Les jours de Maliki à la tête du gouvernement pourraient être comptés

L'ayatollah Ali Sistani revient dans le jeu politique après des années de silence

Crise en Irak : beaucoup d'acteurs puissants, peu de solutions militaires

 

Les jours du chiite Nouri al-Maliki à la tête du gouvernement irakien depuis 2006 pourraient être comptés, l'offensive jihadiste qui a précipité l'Irak au bord du gouffre et les accusations de sectarisme réduisant petit à petit ses chances de se voir confier un nouveau mandat.Au sein de sa propre coalition, l'Alliance pour l'État de droit, on discute de l'opportunité de le remplacer,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut