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Moyen Orient et Monde - Irak

Sur fond de chaos, le geste conciliant de Maliki

Pour mener sa contre-offensive contre les insurgés, Bagdad a reçu dix avions Sukhoi qui pourraient provenir d'Iran.

Des camions entiers de volontaires chiites arrivent dans la ville de Samarra, tous prêts à se battre pour repousser les insurgés sunnites et défendre les lieux saints du chiisme. Photo STR/AFP

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a décrété une amnistie pour les personnes impliquées dans des actes contre l'État, une rare tentative de conciliation au milieu du chaos qui règne dans le pays.
Pour tenter de saper l'alliance hétéroclite qui rassemble les jihadistes de l'État islamique (EI), des insurgés sunnites, des membres de tribu et d'anciens soldats de l'armée de Saddam Hussein, M. Maliki a annoncé une amnistie pour toute personne « impliquée dans des actions contre l'État » mais ayant « repris ses esprits », à l'exception des meurtriers.

Cette annonce conciliante est surprenante de la part de cet homme politique chiite très critiqué pour sa pratique autocratique du pouvoir et son choix de marginaliser la minorité sunnite. Elle intervient au moment où le chef de l'État islamique, qui mène l'offensive jihadiste, a appelé les musulmans « compétents » dans les domaines médical et militaire à immigrer dans le « califat » tout juste créé par l'EI sur les territoires conquis, allant d'Alep, dans le nord de la Syrie, à la province de Diyala, dans l'Est irakien.

 

(Lire aussi: L'État islamique accusé d'avoir volé la cause du califat)


Cette déclaration de M. Maliki intervient par ailleurs sur fond de paralysie politique persistante, illustrée mardi par la première séance désastreuse du Parlement, censée enclencher le processus de formation d'un gouvernement : malgré l'enjeu, les politiciens irakiens ont une nouvelle fois montré l'ampleur de leurs désaccords, échangeant des invectives ou quittant tout simplement la salle. Face au blocage politique, les États-Unis ont une nouvelle fois appelé les dirigeants irakiens à former « avec toute l'urgence que la situation actuelle nécessite » un nouveau gouvernement, prévenant que « le temps jouait contre eux ».

Retardée en raison des combats
Sur le terrain, les insurgés, qui contrôlaient depuis janvier des régions de la province d'al-Anbar, ont pris Mossoul et une grande partie de sa province Ninive, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala, Salaheddine et Kirkouk. Après une débandade dans les premiers jours de l'offensive des insurgés, l'armée tente de reprendre la main, avec en particulier une vaste contre-offensive lancée dimanche pour reprendre Tikrit, sans grand résultat pour le moment en raison d'un terrain miné.?

 

(Lire aussi : Le califat, un rêve pour les islamistes)


Pour l'Irak, le risque de partition est d'autant plus grand que l'offensive jihadiste a renforcé les velléités des Kurdes, qui se sont emparés de la ville disputée de Kirkouk, désertée par l'armée, et envisagent désormais un référendum d'indépendance. En face, M. Maliki s'est montré intransigeant. « Personne n'a le droit d'exploiter les événements qui ont eu lieu pour imposer un fait accompli, comme l'a fait la région du Kurdistan », a-t-il déclaré à la télévision.

 

(Dossier : Pour combattre Daech, il faut lutter contre les régimes autoritaires qui alimentent la rhétorique de ce groupe)


Pour mener sa contre-offensive contre les insurgés, Bagdad a reçu dix avions Sukhoi, annoncés comme venant de Russie. Selon un cabinet d'experts, au moins trois des appareils viennent en fait d'Iran, un pays qui a promis son aide, mais auquel l'ONU interdit depuis 2007 toute exportation de matériel militaire en raison de son programme nucléaire controversé.

Les États-Unis, dont les troupes ont quitté l'Irak en 2011 après huit ans d'occupation, sont pour leur part en train de déployer 300 conseillers militaires et près de 500 soldats chargés de protéger leur ambassade et l'aéroport de Bagdad. Ces derniers sont équipés d'hélicoptères Apache et de petits drones de surveillance non armés. Washington a aussi promis 36 chasseurs-bombardiers F-16, mais cette livraison pourrait être retardée en raison des combats, selon le Pentagone.

 

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