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À La Une - Repère

Le rôle de l'Iran dans la crise irakienne

Les réponses des analystes Amir Mohebian et Ramzy Mardini.

Le président iranien Hassan Rohani. AFP PHOTO/ATTA KENARE

Le président iranien Hassan Rohani a prévenu mercredi que l'Iran "ferait tout" pour protéger les lieux saints chiites en Irak face à la menace des jihadistes sunnites, après avoir écarté une intervention militaire.
L'Iran est proche de l'Irak, d'abord par l'islam chiite majoritaire dans les deux pays. Mais les relations politiques sont plus complexes.

Quelles sont les relations entre l'Iran et l'Irak ?
L'Iran est chiite à 90%, l'Irak à plus de 60%. L'Irak abrite les mausolées des imams Ali à Najaf et Hussein à Kerbala, figures révérées du chiisme. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, un chiite, a vécu plusieurs années en Iran comme d'autres opposants à l'ancien dictateur Saddam Hussein et il est un fidèle allié politique de Téhéran. Ces liens ont une profondeur stratégique, à travers l'axe Irak-Syrie-Liban dans la lutte contre Israël. Enfin, l'Irak est un partenaire commercial important de l'Iran, soumis à des sanctions internationales. Téhéran veut maintenir l'unité territoriale en Irak car un pays ami à majorité chiite est plus important qu'une simple région dominée par les chiites.

(Lire aussi: L’Irak est-il en train de payer les erreurs de Maliki ?)

 

L'Iran a-t-il déployé des troupes en Irak ?
L'Iran affirme ne pas avoir de présence militaire en Irak mais qu'il étudierait une demande d'aide officielle, estimant que l'armée et les volontaires irakiens sont capables de lutter seuls contre les jihadistes. Selon une source diplomatique occidentale, Ghassem Souleinami, le chef de la Force al-Qods des Gardiens de la Révolution, chargée des opérations militaires extérieures secrètes, était récemment à Bagdad pour prodiguer ses conseils à M. Maliki face à l'offensive des jihadistes. L'Iran pourrait aussi envoyer des conseillers militaires, comme en Syrie où Téhéran soutient le régime du président Bachar el-Assad. L'Iran dément toutefois avoir envoyé des soldats en Syrie, mais la presse iranienne évoque parfois la mort de volontaires "partis défendre les lieux saints chiites" à Damas. Le diplomate évoque une "méfiance sur un engagement officiel militaire en Irak, car l'Iran ne veut pas tomber dans le piège d'une intervention qui serait ressentie comme une guerre contre les sunnites".

(Éclairage : L'armée irakienne minée par une corruption endémique)

 

L'Iran finance-t-il des milices irakiennes ?
Washington avait dans le passé accusé l'Iran, qui a démenti, d'entraîner et financer des milices chiites comme les Brigades Badr ou plus récemment Assaïb Ahel al-Haq (La ligue des Vertueux). L'Iran accueille toutefois les bureaux de plusieurs formations chiites, autrefois opposées à Saddam Hussein, comme le Dawa de M. Maliki ou le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak de Ammar al-Hakim.

Jusqu'où l'Iran est-il prêt à soutenir Maliki ?
L'Iran "soutient le vote des Irakiens et le gouvernement Maliki qui a renforcé sa position", affirme l'analyste iranien Amir Mohebian. Mais pour le diplomate occidental, Téhéran peut trouver d'autres responsables plus enclins à intégrer les sunnites. Il n'y a pas d'autre choix clair pour le moment car Maliki "symbolise le régime et l'appareil sécuritaire", nuance néanmoins Ramzy Mardini, analyste basé à Amman pour le Conseil atlantique, un centre de réflexion américain.

Une collaboration USA-Iran contre les jihadistes est-elle possible ?
Les deux pays ont déjà collaboré dans la lutte contre les talibans en Afghanistan en 2001. Ils ont aussi discuté de la situation en Irak depuis 2007. "Les États-Unis et l'Iran partagent des intérêts-clés concernant la stabilité et l'unité de l'Irak, et l'EIIL (Daech) représente un ennemi commun et une menace émergente", explique M. Mardini, notant que les relations se sont beaucoup améliorées avec l'actuel gouvernement iranien. Pour sa part, Amir Mohebian évoque seulement la possibilité d'"une sorte de parallèle" entre les deux pays, une fois que les États-Unis auront stoppé le financement par leurs alliés régionaux des rebelles venus de Syrie.

Mercredi, l'Iran a exigé la réussite des pourparlers dans le dossier nucléaire comme condition préalable à une éventuelle coopération avec les États-Unis en Irak.

 

(Lire aussi: "Voilà le véritable héritage de la guerre des Etats-Unis en Irak")

 

La crise irakienne aura-t-elle des conséquences sur l'influence régionale de l'Iran ?
Après le conflit syrien, où le régime a enregistré de récentes victoires sur le terrain, la crise irakienne est l'occasion pour Téhéran de redevenir un acteur important régional. "L'Iran a montré qu'il avait le pouvoir d'aider à la stabilité des pays de la région", affirme Amir Mohebian. Téhéran est plus confiant que les États-Unis en matière de politique étrangère, et sur le Moyen-Orient, estime de son côté Ramzy Mardini. Les monarchies arabes du Golfe ne peuvent plus compter sur le soutien total des USA et la réalité géopolitique les pousse à une amélioration de leurs relations avec l'Iran.

 

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