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À La Une - Liban

Comparution : Ibrahim el-Amine accuse le TSL d'être "politisé" et "illégitime" puis se retire de la séance

"Je me conforme à mon droit au silence total et je refuse qu'al-Akhbar et moi-même soyons représentés par un avocat ou qu'un avocat nous soit imposé par le TSL", lance le journaliste.

Le journaliste libanais d'al-Akhbar a comparu par vidéoconférence, jeudi 29 mai 2014, devant le Tribunal spécial pour le Liban. Capture d'écran.

Le journaliste libanais, Ibrahim el-Amine, et le quotidien al-Akhbar proche du Hezbollah ont comparu jeudi devant le Tribunal spécial pour le Liban dans l'affaire "al-Akhbar Beirut S.A.L. et Ibrahim el-Amine" après un rejet, mardi dernier, d'une demande d'ajournement de cette comparution.

Le journaliste et l'organe de presse sont accusés d'outrage au TSL, chargé de juger les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et ses compagnons, pour avoir entravé sciemment et délibérément le cours de la justice.

La comparution initiale était prévue le 13 mai, mais a été repoussée à la suite d'une première requête de M. Amine sollicitant un délai supplémentaire afin de choisir son conseil.
Comme indiqué par le juge compétent en matière d'outrage, Nicola Lettieri, dans la citation à comparaître, les accusés peuvent choisir de se rendre au siège du tribunal ou de comparaître par vidéoconférence, à condition que les conseils soient présents en personne.

Jeudi, Ibrahim el-Amine a choisi de comparaître devant le tribunal par vidéoconférence à partir des bureaux du tribunal à l'hôtel Monteverde, à Mansourieh (Metn). Peu avant sa comparution, le journaliste a indiqué dans al-Akhbar avoir pris la décision "de faire face au tribunal" et de formuler à partir de la Cour ses "accusations et jugements au nom de la conscience, de la morale, de la liberté de la presse, de la souveraineté, de la résistance et des lois ainsi qu'au nom de la cause principale, la Palestine".

 

(Lire aussi : Affaire al-Jadeed/« al-Akhbar » : violation de la liberté de presse ou crime ?)

 

Devant le TSL, M. el-Amine a déclaré qu'il comparait également au nom d'al-Akhbar Beirut S.A.L.
Le journaliste et l'organe de presse n'étaient pas représentés par un avocat, cela étant "inutile", selon M. el-Amine.  

Après un rappel de l'acte d'accusation, des lois du tribunal et des droits de l'accusé, Ibrahim el-Amine a déclaré ne pas avoir compris tout ce qui a été mentionné dans l'acte d'accusation, blâmant le tribunal pour avoir refusé de lui présenter des explications comme il a demandé. A la question de savoir s'il désire que l'acte d'accusation soit lu, le journaliste a refusé, estimant que ce serait "une perte de temps pour vous et pour moi". 

M. el-Amine a par la suite demandé la permission de prendre la parole et a déclaré qu'il ne comparaît pas devant le TSL de sa propre volonté, faisant part de ses réserves sur l'acte d'accusation. "Ma présence ici ressemble à un mandat d'amener, a-t-il lancé. Je ne reconnais pas la légitimité de ce tribunal monté de toutes pièces par les Nations unies."

Le journaliste a accusé le tribunal d'avoir été transformé par l'ONU en un outil politique. "L'ONU n'a pas réagi aux massacres israéliens lors de l'offensive de l’État hébreu contre le Liban en juillet 2006", a-t-il déploré. Et de poursuivre : "Nous savons tous que les forces qui se cachent derrière le TSL sont les mêmes qui incitent aux guerres contre mon pays et contre la résistance".

Le juge a ensuite coupé la parole au journaliste lui rappelant qu'il comparaît aujourd'hui de sa propre volonté. "Vous parlez d'un mandat d'arrêt alors que ce n'est pas le cas", a poursuivi Nicola Lettieri en référence à la mention par M. el-Amine du terme "mandat d'amener".

"Je me conforme donc à mon droit au silence total et je refuse qu'al-Akhbar et moi-même soyons représentés par un avocat ou qu'un avocat nous soit imposé par le TSL", a rétorqué M. el-Amine.

Déplorant les mesures "répressives" à son égard, le journaliste a déclaré qu'il n'y a plus de raison pour qu'il poursuive sa comparution avant de se retirer de la séance. Celle-ci a par la suite été levée pour dix minutes pour concertations.

"Je ne respecte plus le TSL"
De retour à la salle, le juge Lettieri a déclaré qu'"Ibrahim el-Amine a préféré parler d'autres sujets, je considère donc sa comparution comme un plaidoyer de non-culpabilité et il revient au procureur général de prouver son affaire."

Le juge a en outre demandé qu'un avocat soit nommé par le tribunal pour représenter le journaliste libanais dans le but de "garantir un procès juste et rapide". Il a enfin levé la séance à une date qui sera fixée ultérieurement.

 

(Lire aussi : Modalité et date de la comparution des journalistes accusés dans les affaires d'outrage)

 

De retour dans les locaux d'al-Akhbar, Ibrahim el-Amine a de son côté déclaré qu'il refusera d'exécuter les décision du TSL, comme il refusera de coopérer avec l'avocat qui sera nommé pour le représenter. "Ce tribunal est politique par excellence", a-t-il réitéré. "Le TSL avait lu au préalable l'intervention que j'allais faire. Je ne respecte plus le TSL après ce qui s'est passé aujourd'hui".

Le 13 mai, les représentants d'al-Jadeed (New TV SAL) et la journaliste Karma Khayat ont, eux, obtempéré à la convocation qui leur a été adressée par le tribunal.

Al-Jadeed TV, New TV S.A.L., Karma Mohammad Tahsine Khayat sont accusés d'avoir délibérément et sciemment entravé le cours de la justice en diffusant des informations sur de prétendus témoins confidentiels, entravant par ailleurs le cours de la justice en ne retirant pas du site Internet d'al-Jadeed TV et de la chaîne YouTube d'al-Jadeed TV des informations sur de prétendus témoins confidentiels. 

 

Devant le TSL, à La Haye, Karma Khayat a indiqué qu'elle plaidait non coupable, à l'instar d'al-Jadeed.
Après la déclaration de la journaliste, son avocat, Me Karim Khan, qui représente aussi les accusés de ce média et son journaliste, a demandé au juge Lettieri une extension du délai de deux semaines à 60 jours pour l'étude du dossier. La Cour lui a accordé un délai jusqu'au 16 juin pour soumettre ses arguments à la Cour.

 

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Le journaliste libanais, Ibrahim el-Amine, et le quotidien al-Akhbar proche du Hezbollah ont comparu jeudi devant le Tribunal spécial pour le Liban dans l'affaire "al-Akhbar Beirut S.A.L. et Ibrahim el-Amine" après un rejet, mardi dernier, d'une demande d'ajournement de cette comparution.
Le journaliste et l'organe de presse sont accusés d'outrage au TSL, chargé de juger les assassins de...

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