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À La Une - Liban

Avec le départ de Sleiman, le 14 Mars engage « la résistance politique contre l’inconnu »

Les députés du 14 Mars lors d'une conférence de presse, samedi 24 mai 2014, place de l'Etoile. Photo tirée de la page Facebook des forces du 14 Mars

C'est une « résistance par la voie politique » que poursuit le 14 Mars. Le député Ahmad Fatfat (bloc du Futur) a eu recours à cette  formule samedi soir, lors d'une conversation à bâtons rompus avec L'Orient-Le Jour, à quelques heures de la vacance présidentielle, alors que s'éteignaient en soirée les couloirs du Parlement après une ultime tentative de tenir une séance électorale.  L'arme de cette résistance est la Constitution, « très claire », comme le rappelle sans détours le député Samy Gemayel.

Une détermination  similaire avait accompagné, plus tôt dans la  journée, le discours d'adieu du président Michel Sleiman. Il continuait de défendre « les points d'entente entre tous les Libanais, plus nombreux que les divergences », appelant à les consolider sur le terrain institutionnel. Dans cet esprit, « une stratégie défensive complèterait la libération ».

(Repère : Les principaux points du mandat de Michel Sleiman)


Dans le camp du  8 Mars, et à la veille du 25 mai, date de la célébration du retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, le Hezbollah a insisté sur l'impossibilité d'élire un nouveau chef de l'Etat « qui ne reconnait pas la résistance du Hezbollah ».

Quoi qu'il en soit,  la  date du 25 mai aura coïncidé cette année avec le début de la vacance présidentielle. « Le 25 mai nous livre aujourd'hui à l'inconnu vaste et dangereux », explique Ahmad Fatfat qui fait partie des quarante-deux députés du 14 Mars qui, répondant à l'initiative du député Samy Gemayel et à l'appel du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, se sont rendus dès 18 heures, samedi, dans l'hémicycle pour maintenir jusqu'au bout leur engagement envers « le devoir constitutionnel » d'élire un nouveau président de la République, un devoir dont les blocs du Changement et de la réforme et du Hezbollah nient le bien-fondé.

Les deux heures passées calmement au sein de l'hémicycle ont permis aux députés d'élaborer le communiqué commun des partis et composantes du 14 Mars  (Futur, Forces libanaises, Kataëb et Parti national libéral) et de députés indépendants comme Marwan Hamadé, Robert Ghanem et Boutros Harb. Les députés du Front de lutte nationale de Walid Joumblatt et du bloc Berry n'ont pas fait acte de présence.


(Lire aussi : Au soir du mandat, une présidence régénérée à la tête d'un État exsangue)


Le communiqué, rendu public vers 20 heures par le député Georges Adwane  (Forces libanaises), a mis l'accent sur « le sérieux » avec lequel le 14 Mars continue de traiter le problème de l'échéance présidentielle. Si celle-ci reste « la plus importante, en toutes circonstances », c'est qu'elle représente « l'équilibre délicat » qui définit la gouvernance libanaise, à savoir « l'équilibre entre la démocratie et le respect du pacte national ». La Constitution serait dans ce sens à même de garantir cet équilibre. Or la « démocratie consensuelle », telle que préconisée par le bloc aouniste, serait en réalité « une démocratie par entente préalable sur le nom d'un président, ce qui conduit à neutraliser le rôle du Parlement (...), à abolir le droit à une course électorale (...) et à dénaturer le pacte national ». C'est ce même pacte que les députés aounistes continuaient d'invoquer hier. Le député Alain Aoun l'a d'ailleurs réaffirmé noir sur blanc à L'Orient-Le Jour, hier : « Combler la vacance  avec le meilleur », résume la perception qu'a son bloc du pacte national.

Pourtant, les députés du Futur semblaient d'accord sur le fait que « l'heure n'est plus aux candidatures des forts de l'un et l'autre camp, c'est-à-dire Samir Geagea et Michel Aoun ». La recherche d'un candidat « à mi-chemin » promet  cependant de prendre « plusieurs mois ».


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Comment dès lors maintenir « le respect de la Constitution » à l'ombre d'une vacance présidentielle qui promet de se prolonger ? Dans leurs réponses aux journalistes, les députés du 14 Mars indiquent qu'ils s'orientent vers la décision de continuer à  se rendre au Parlement « uniquement pour élire un président de la République et non pour légiférer ». Les députés Elie Keyrouz (Forces Libanaises), Nadim Gemayel (Kataëb) et Nabil de Freige (Futur) étaient clairs dans ce sens.

Mais cette stratégie se heurte déjà à la convocation par le président de la Chambre à une séance de législation, mardi prochain, consacrée à la nouvelle grille des salaires.

Le problème se situe donc à ce niveau : dans son communiqué, le 14 Mars a rappelé la prépondérance de l'échéance présidentielle, tout en s'engageant à « protéger la stabilité générale et les intérêts de la population ». L'approbation de la grille des salaires répondrait aux doléances citoyennes mais romprait avec le refus de principe exprimé par le 14 Mars de poursuivre l'activité de législation normalement  tant qu'un nouveau chef de l'Etat n'est pas élu. A cela, s'est ajouté un nouvel élément hier : la signature par le président de la République sortant du décret d'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement, lui accordant la compétence de légiférer après le 31 mai (date de clôture de la session ordinaire) sur la loi électorale et « les affaires urgentes ».

Si certains députés ont occulté ce décret, affichant un refus catégorique et absolu de légiférer, d'autres se sont montrés plus nuancés.  Ainsi, pour le député Ahmad Fatfat, « le président Sleiman a ouvert une session extraordinaire par souci de garantir l'approbation d'une nouvelle loi électorale ». Le député Georges Adwane, qui suit de près le dossier de la grille des salaires, a affirmé  quant à lui que la grille des salaires répond incontestablement au critère d'urgence.

(Pour mémoire : Sleiman à « L'OLJ » : Je refuse la répartition par tiers ; je l'ai enterrée à titre préventif )

Force est de relever que la crainte d'un « 7 mai social », qui serait initié mardi par la non-tenue de la séance de vote de la grille en raison du défaut de quorum, n'est pas partagée par les députés du 14 Mars. Dans ce contexte, le député Mohammad Kabbani apporte une réponse intermédiaire au problème de la grille : « Nul n'est satisfait de la grille telle qu'approuvée en commissions. Ni les patrons, ni les instances syndicales ne l'ont approuvée ».
L'on apprend dans ce cadre  que la réunion qui s'est tenue  samedi  soir  entre le président de la Chambre et plusieurs députés du 14 Mars (Fouad Siniora, Boutros Harb, Ghazi Youssef, Samy Gemayel, Georges Adwane, Jamal Jarrah, Marwan Hamadé, Atef Majdalani et Samer Saadé), à la faveur de leur présence au Parlement, a tenté de trouver « une formule pour la grille des salaires », qui soit  acceptable  par tous. Le président Berry se serait montré réticent à l'idée de reporter la séance de mardi, le temps de réexaminer la grille. Ces informations ont toutefois été démenties par d'autres députés. Et comme pour relever l'attitude positive de M. Berry et infirmer sa position intransigeante concernant la séance de mardi, le communiqué du 14 Mars n'a pas manqué de remercier le président de la Chambre qui « s'est rendu ce soir (samedi)  au Parlement ».

En tout état de cause, les députés regroupés dans la salle de conférence du Parlement samedi soir  ont composé le tableau d'une bataille unilatérale qui s'achève, et d'une autre, encore nébuleuse, qui commence.  "Le plus grave est que la contrainte du délai s'est dissipée", souligne un député sur ce plan.

Le sentiment de répit d'un samedi soir à Beyrouth s'est arrêté au portail de l'hémicycle, que le personnel du Parlement a vite fait de fermer à double tour à l'issue de la conférence de presse de Georges Adwan, priant les retardataires de presser le pas.


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C'est une « résistance par la voie politique » que poursuit le 14 Mars. Le député Ahmad Fatfat (bloc du Futur) a eu recours à cette  formule samedi soir, lors d'une conversation à bâtons rompus avec L'Orient-Le Jour, à quelques heures de la vacance présidentielle, alors que s'éteignaient en soirée les couloirs du Parlement après une ultime tentative de tenir une séance...

commentaires (5)

La résistance par la voie politique et la résistance par la voie militaire en fusion politique pourront dissoudre le 8 et 14 mars pour une nouvelle renaissance du pays .

Sabbagha Antoine

17 h 26, le 25 mai 2014

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Commentaires (5)

  • La résistance par la voie politique et la résistance par la voie militaire en fusion politique pourront dissoudre le 8 et 14 mars pour une nouvelle renaissance du pays .

    Sabbagha Antoine

    17 h 26, le 25 mai 2014

  • RÉSISTANCE CONTRE L'INCONNU ? DU JAMAIS ENTENDU ! ET L'INCONNU S'EN FOUT CARRÉMENT PUISQU'IL N'EST PAS CONNU... OSEZ.... NOMMEZ... OU TAISEZ-VOUS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 56, le 25 mai 2014

  • Tandis que dans les États et chez les autres peuples Modernes, Développés et Civilisés, eux, le problème essentiel se pose déjà sous la forme développement politique ou plutôt pouvoir de la démocratie et du parlementarisme sur l’autoritarisme ; yâ äâïynéééh. Il se pose encore dans ce Mont-libanais(h) near Râbïyéééh et Dâhïyéééh, sous la forme étriquée État autocratique ou pouvoir du népotisme et de l’archaïsme "pur" sur la pensée ; yâ hassértéééh ! Il s'agit donc chez ces Modernes, Développés et Civilisés d'abolir à coup sûr l’autoritarisme qui a été poussé jusqu'à ses dernières conséquences ; et il s'agit encore, par contre ici, dans l’État d'aller jusqu' aux dernières conséquences de ce même autocratisme retors rétrograde et tout à fait autoritariste. Là, il s'agit déjà de la Solution, ici il ne s'agit encore que de la Collision. On voit ainsi suffisamment sous quelles formes pathétiques et surtout tragi-comiques, ces problèmes Moûdééérnes se posent encore dans ce Mont-libanais(h), yâ wâïyléééh ! Et ceci montre bien que cette histoire si libanaiiise, yîîîh, semblable à une jeune recrue ébaubie, paumée et pâmée n'a eu jusqu'ici que la tâche de ressasser des typiques histoires Malsaines fakkihîdio-boSSfàRiennes puînéez-ébaubiez-et niaises tout à fait campagnardes, parfaitement montagnardes, assurément banales et définitivement amorales car sûrement immorales. "C’est ici qu’est la rose ; c’est ici qu’il faut danser".... Sains Libanais !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 03, le 25 mai 2014

  • Si déjà ils ont compris ce que ce mot veut dire , alors disons à chacun sa résistance !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 49, le 25 mai 2014

  • LE CHEPTEL DE L'ABRUTOCRATIE CONTRE LE CHEPTEL DE LA DEMONOCRATIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 37, le 25 mai 2014

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