À la veille de la dernière réunion de la conférence nationale de dialogue, prévue aujourd'hui, mais dont les chances de succès sont inexistantes, compte tenu de l'absence des Forces libanaises et du Hezbollah, le chef de l'État a lancé hier un appel passionné en faveur de l'élection d'un nouveau chef de l'État dans les délais constitutionnels établis, c'est-à-dire avant le 24 mai, date de l'expiration de son mandat.
Le président s'est élevé avec véhémence contre l'utilisation du quorum comme arme politique. Dans une plaidoirie passionnée prononcée à l'occasion de l'inauguration à Jbeil du « Village sportif Michel Sleiman » et du « Stade Carlos Slim », le président de la République a insisté sur les dangers qui menacent la pérennité de la patrie. « Le torpillage du quorum est l'antithèse de la démocratie, a-t-il lancé. Il est inadmissible d'exercer une démocratie en torpillant le scrutin par défaut de quorum. »
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« Faites du 7 mai 2014 une étape vers l'entente, à l'opposé de ce que fut le 7 mai 2008, et ne poussez pas le pays vers une Constituante qui risquerait de compromettre la règle de la parité et de l'accord consensuel, et de changer la face du Liban », a-t-il encore plaidé.
Les contradictions internes
« Je ne m'explique pas pour quelle raison chaque possibilité d'alternance du pouvoir se transforme en une peur de l'inconnu et du vide », a dit le président Sleiman. Pour le chef de l'État, le gouvernement d'entente actuel « porte en lui ses propres contradictions sur les grandes options » et ne peut donc « combler le vide », à savoir exercer les prérogatives du chef de l'État, en l'absence d'une élection, « en l'absence du premier ordonnateur du fonctionnement des institutions et de la politique étrangère. Du commandant en chef des forces armées, de celui qui prête serment de préserver la Constitution et qui jouit de prérogatives constitutionnelles exclusives qu'il ne transmet pas toutes, dans l'absolu, au Conseil des ministres réuni ».
Et M. Sleiman d'inviter les députés et forces politiques à ne pas « faire dépendre l'échéance constitutionnelle d'une entente externe inexistante, frustrant ainsi les aspirations des Libanais, compromettant leurs investissements et ruinant leur saison estivale ».
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« Nulle part dans la Constitution vous ne trouverez le droit de s'absenter d'une session parlementaire, ou de torpiller le quorum, ou de déposer des bulletins blancs ou des bulletins portant des allusions venimeuses », a ajouté le président, en référence à la première séance de l'élection présidentielle.
Force majeure
Pour le chef de l'État, il va de soi que la Chambre ne peut siéger que si le quorum est atteint. Mais, a-t-il observé, « c'est une prévision qui vaut pour les cas de force majeure, comme les cas d'épidémies ou de catastrophes naturelles, de troubles ou d'occupation, mais jamais comme une pratique démocratique ordinaire, ou comme option politique ».
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« Du reste, a-t-il interjeté, comment concilier les impératifs d'un État souverain et bien constitué, avec la décision des députés de proroger leur mandat, d'outrepasser la durée du mandat que leur a accordée le peuple et de frustrer les espoirs et attentes de la population qui les ont élus ? Et que devient le pacte intercommunautaire, quand le vacance se confirme à la tête de la pyramide, qu'occupe selon la tradition le fils d'une des communautés constitutives du Liban ? »
L'accord de Taëf
« Poursuivons l'application de l'accord de Taëf, a repris M. Sleiman. Cet accord a instauré un filet de sécurité constitutionnel sur lequel nous comptons, malgré ces circonstances exceptionnelles et difficiles. »
Et s'adressant de nouveau aux députés, M. Sleiman a lancé : « Certes, pour des considérations liées aux clivages politiques actuels, les citoyens ou les électeurs pourraient ne pas vous demander des comptes ; mais l'histoire ne pardonne pas et continuera à peser sur vos consciences. »
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« Le Liban, Mesdames et Messieurs, a besoin aujourd'hui d'un président qui incarne l'entente, la Constitution et la sagesse. Un président capable de gérer la diversité libanaise, et non pas de gérer des intérêts étrangers et des comptes d'axes régionaux et locaux. D'un président dont le programme est garanti par son passé national et son éthique, qui n'ait d'autre horizon que le Liban (...) d'un grand président qui gouverne la politique étrangère de son pays d'une main sûre, d'un résident à la taille du Liban message, du Liban de la civilisation, de la grandeur de son émigration, de la dimension d'un Carlos Slim, d'un Nicolas Hayek, d'un Michael Dabaghy ou d'un Amin Maalouf, pour ne pas citer Gibran Khalil Gibran. D'un président qui soit concerné par sa place dans l'histoire, et non d'un président dont l'histoire ne retiendra que la date d'élection et la date de départ. D'un président qui continue à bâtir l'édifice qui continue de bâtir ce qui a été convenu dans les conférences de dialogue, à commencer par la déclaration de Baabda et qui continue à examiner la stratégie nationale de défense globale, qui fixe une fois pour toutes les conditions dans lesquelles se prennent les décisions de la guerre et de la paix, une question que, après quatre décades, il n'est plus possible d'éluder », a conclu Michel Sleiman.
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commentaires (6)
LES SOURDS ONT ENTENDU ! L'ABRUTISSEMENT DE PLUS BELLE !
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 18, le 05 mai 2014