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Liban - Sécurité

À Tripoli, les assassinats « ciblés » font une nouvelle victime dans les rangs des FSI

Le plan approuvé par le Conseil des ministres, qui doit entrer en vigueur dans les prochaines 24 heures, prévoirait un déploiement militaire à partir de Baal Mohsen jusqu'à Bab el-Tebbané.

L’autoroute de Beddaoui bloquée temporairement à l’aide de camions, en signe de protestation contre l’arrestation par l’armée, la veille, des deux frères Samir et Moustapha Mehanna.

Au lendemain de l'adoption d'un plan national de sécurité prévoyant entre autres des mesures fermes à Tripoli, un policier a été tué par balles par des inconnus hier dans la grande ville du Nord. Son assassinat, précédé par un autre assassinat la veille, du soldat Fadi Gebeyli, serait l'acte de groupes salafistes déterminés à saper toute présence de l'État à Tripoli, selon des sources de sécurité.

Dans les faits, « deux hommes sur une moto, munis d'armes automatiques, ont ouvert le feu sur une Range Rover conduite par l'agent Boutros el-Bayeh, un membre des Forces de sécurité intérieure (FSI) », a indiqué un responsable des services de sécurité à l'AFP.

L'on apprenait en outre que le véhicule, de couleur anthracite, empruntait la montée Kobbé-Majdaliya vers 5h30 à l'aube. La victime se rendait à son travail au ministère de l'Intérieur, en provenance de Zghorta. Touché à la tête, l'homme de 43 ans, père de trois filles, a été « tué sur le coup », comme l'a précisé le responsable, soulignant que la voiture avait été atteinte de 18 balles et qu'elle s'est renversée dans le fleuve Abou Ali qui traverse Tripoli. Des unités de l'armée et des équipes de la Croix-Rouge se sont rendues sur place pour retirer le corps de l'agent et le véhicule immergé.

L'armée s'est ensuite déployée massivement, hier dans l'après-midi, dans le quartier Abi Samra, effectuant plusieurs perquisitions près de l'école al-Nour à la recherche de personnes impliquées dans l'assassinat de Boutros el-Bayeh. Un ressortissant syrien, du nom de Ahmad Arabi, a été arrêté dans l'immeuble Rouass, où quelques sacs et boîtes en carton ont été saisis.

En outre, la famille et les proches de l'agent des FSI assassiné ont brièvement coupé la route de Majdaliya, avec des véhicules, dans la région de Zghorta, au niveau de l'axe Kobbé-Zghorta, en signe de protestation dans l'après-midi.

Constats préliminaires
Il s'agit du cinquième meurtre ciblé commis de la même manière, depuis février. Ce nouveau meurtre survient après l'assassinat, la veille, d'un soldat, Fadi Gebeyli, abattu par des motards cagoulés. Mercredi, un employé municipal a été tué, également par deux motocyclistes en cagoule.
Le responsable cité par l'AFP n'était pas en mesure de dire si ces meurtres étaient liés ou non aux tensions dans la ville en proie à des combats liés à la guerre en Syrie. Mais selon l'enquête préliminaire, menée par l'armée et les FSI, l'assassinat de Bayeh serait le prolongement de l'assassinat du soldat Gebeyli.
Les enquêteurs seraient enclins à conclure, selon l'agence d'information al-Markaziya, que les deux assassinats ont été planifiés et exécutés par un même groupe de salafistes. Selon des sources de sécurité citées par l'agence, le plan approuvé par le gouvernement doit être mis en œuvre « dans les prochaines 24 heures ».

Les principaux points
Le plan prévoirait de neutraliser les groupes fanatiques qui mènent la lutte contre les forces de sécurité, selon un responsable sécuritaire, qui a appelé toutes les parties sur le terrain à collaborer pour optimiser la mise en œuvre du plan. Celui-ci bénéficierait pour la première fois d'une couverture politique intégrale, selon des sources concordantes. Il comporterait en outre quatre points principaux : un déploiement militaire à partir de Baal Mohsen et en direction de Bab el-Tabbané, où une intervention militaire serait également prévue ; la poursuite des éléments armés ; la remise de toutes les armes ; et l'exécution des mandats d'arrêt dont font l'objet les hauts responsables du Parti arabe démocratique, notamment Rifaat et Ali Eid, mais aussi certains cheikhs islamistes. Si par ailleurs des heurts devaient survenir entre l'armée et des groupes de combattants, la décision serait de neutraliser ces groupes.

Le mufti de Tripoli et du Nord, cheikh Malek Chaar, a assuré que « ce plan répond à l'attente des Libanais », alors que le député Mohammad Kabbara l'a qualifié d'« ultime espoir des Tripolitains ». Plus sceptique, le membre du bureau politique du courant du Futur, Moustapha Allouche, a souhaité que ce plan soit « sérieux ». Le secrétaire du Baas, Fayez Chukr, a lui aussi souhaité sa mise en œuvre « sérieuse, efficace et complète, pour protéger le Liban des guerres itinérantes ».

Les violences paraissaient toutefois se renouveler en soirée, avec une résurgence des francs-tireurs sur le rond-point de Malloulé, faisant une nouvelle victime, l'enfant Mariam Kassem, de Baal Mohsen, blessée à la main. Elle a été transportée à l'hôpital al-Salam à Zghorta, alors que les FSI ont veillé à bloquer la route aux passants et à dévier la circulation vers la route maritime.

Sur un autre plan, des jeunes ont bloqué temporairement à l'aide de camions l'autoroute de Beddaoui dans les deux sens, réclamant la libération des deux frères Samir et Moustapha Mehanna, arrêtés la veille à Zahiriyé par l'armée. L'axe qui relie Tripoli au Akkar et aux frontières syriennes a été débloqué après l'intervention de l'armée.

Notons enfin qu'un habitant de Tripoli, dénommé Mohammad Khazné, a été poignardé hier dans l'avant-midi sur la place du Tall, à Tripoli, mais contrairement à ce qui a pu être véhiculé sur la Toile, la victime n'était pas un agent des forces de l'ordre, comme a veillé à le préciser l'Agence nationale d'information (ANI).

Le dernier épisode de violences à Tripoli, qui a duré 13 jours et fait 27 morts, avait éclaté début mars après qu'un sunnite a été abattu par deux inconnus sur une moto. Avant lui, un responsable d'un parti alaouite a été tué de la même façon.


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commentaires (2)

QUI CIBLENT L'ARMÉE ET LES FSI... SI LACHEMENT ?

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 55, le 30 mars 2014

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Commentaires (2)

  • QUI CIBLENT L'ARMÉE ET LES FSI... SI LACHEMENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 55, le 30 mars 2014

  • Triste et inadmissible de viser les soldats symbole de l'unité du pays .

    Sabbagha Antoine

    12 h 43, le 29 mars 2014

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