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À La Une - Crimée

Kiev instaure les visas pour les Russes et quitte la Communauté des États indépendants

L'Ukraine donne trois heures aux autorités de la Crimée pour libérer le chef de sa marine, capturé plus tôt par les forces pro-russes.

L'Ukraine a donné mercredi trois heures aux autorités de la Crimée pour libérer le chef de sa marine, capturé plus tôt par les forces pro-russes lors de l'occupation du QG des forces navales à Sébastopol. AFP PHOTO / FILIPPO MONTEFORTE

Dans une nouvelle réplique au rattachement de la Crimée à la Russie, Kiev a décidé mercredi d'introduire les visas pour les Russes et de sortir de la Communauté des États indépendants (CEI) regroupant onze ex-républiques soviétiques.

Simultanément, dans un climat de tension croissante, Kiev a donné mercredi trois heures aux autorités de la Crimée pour libérer le chef de sa marine, capturé plus tôt par les forces pro-russes lors de l'occupation du QG des forces navales à Sébastopol.

Le président par intérim Olexandre Tourtchinov "a donné au pouvoir autoproclamé de la Crimée trois heures pour libérer tous les otages", dont le commandant de la marine Serguiï Gaïdouk, en menaçant de prendre des "mesures adéquates" de représailles, selon un communiqué. Il s'agit d'otages "militaires et civils", indique-t-il, sans préciser leur nombre ou leur identité. Les bases militaires ukrainiennes en Crimée sont encerclées depuis plusieurs semaines par les forces russes et pro-russes.

Parallèlement, l'Ukraine prépare un plan d'évacuation des militaires et de leurs familles, a indiqué le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andriï Paroubiï.

 

Pas seulement symbolique
C'est aussi M. Paroubiï qui a annoncé que le ministère des Affaires étrangères était chargé d'introduire un régime de visas avec la Russie et que l'Ukraine entamait le processus de sortie de la CEI.

Cette dernière mesure a une importance avant tout symbolique, mais elle signifie aussi que l'Ukraine, grand pays industriel et agricole, s'éloigne encore plus de la zone d'influence russe. En revanche, l'instauration de visas risque - surtout si Moscou répond du tac au tac - de gêner des centaines de milliers d'Ukrainiens qui ont des proches ou vont travailler en Russie.

 

(Lire aussi: Les Tatars de la péninsule, entre bravades et inquiétude)

 

La journée a été marquée par l'occupation sans violence du QG naval et d'une autre base ukrainienne par les forces russes, tandis que les premières conséquences économiques du rattachement à la Russie touchaient la péninsule, et que Moscou promettait un pont pour 3 milliards dollars.

Depuis la veille, la péninsule ukrainienne est considérée par Moscou comme faisant partie de la Russie, après la signature par le président Vladimir Poutine d'un traité historique avec les autorités séparatistes.

 

G7: Exclure la Russie ?
Mercredi matin, les autorités de Kiev, qui ne reconnaissent pas ce qu'elles qualifient d'annexion, ont tenté d'envoyer en Crimée deux ministres, dont celui de la Défense qui se sont heurtés à une fin de non-recevoir des nouvelles autorités de la Crimée.

Sur le plan international, les dirigeants européens, qui se réunissent jeudi et vendredi à Bruxelles, vont chercher à s'entendre sur une riposte crédible à Moscou, mais sans aller jusqu'à des sanctions économiques qui porteraient aussi atteinte à leurs intérêts.

Le G7, dont les dirigeants sont convoqués lundi à la Haye, devraient discuter "de l'exclusion permanente de la Russie" des rangs du G8, a déclaré mercredi le Premier ministre britannique David Cameron.

 

Sur le terrain, les partisans de Moscou, secondés par les soldats russes, sont passés à l'offensive.

Ils ont indiqué s'être emparé mercredi du chef de la marine ukrainienne Serguiï Gaïdouk après avoir saisi le QG des forces navales à Sébastopol. Une agence locale, Kryminform, reprise par plusieurs médias russes, a affirmé qu'il avait été conduit au siège du parquet "pour interrogatoire" sur l'ordre transmis de Kiev autorisant les soldats ukrainiens à utiliser leurs armes.

 

Femmes et enfants devant
Des reporters de l'AFP ont vu les soldats ukrainiens quitter le bâtiment. Un des hommes avait des larmes aux yeux, tandis que le drapeau russe a remplacé le drapeau ukrainien qui flottait habituellement sur le quartier général.

Quelques heures plus tard on apprenait que les forces pro-russes avaient enfoncé avec un tracteur la porte de la base Sud de la marine ukrainienne à Novoozerne, dans l'ouest de la péninsule, pour en prendre le contrôle.

Le commandant adjoint de la base a déclaré à l'AFP par téléphone que les hommes des milices pro-russes étaient entrés les premiers, précédés par un groupe de femmes et d'enfants. Les soldats russes sont arrivés derrière eux.

 

(Reportage : « Nous sommes prisonniers de cette situation politique davantage que de ce port »)

 

Le passage de la Crimée sous le contrôle de la Russie, déjà illustré par l'arrivée du rouble et la "nationalisation" des entreprises publiques ukrainiennes, commence aussi à avoir un impact sur l'économie.

La première banque ukrainienne, PrivatBank, a annoncé mercredi avoir cessé toute opération en Crimée "en raison de l'incertitude sur le statut juridique du système bancaire de la péninsule".

Toutes les agences étaient déjà fermées mercredi et des foules de déposants inquiets se rassemblaient devant d'autres établissements de la région, qui a adopté mardi le rouble comme monnaie officielle, tout en laissant en circulation la hryvnia ukrainienne.

Si le Blitzkrieg institutionnel russe est pratiquement terminé avec l'approbation du rattachement par la Cour constitutionnelle et celle par les deux chambres du Parlement russe ne faisant aucun doute, de nombreux problèmes pratiques restent à régler.

Le plus urgent est celui des bases militaires ukrainiennes.

Le gouvernement de Kiev a donné l'ordre à ses militaires de rester en Crimée. Et il a autorisé officiellement ses soldats encore dans la péninsule à prendre les armes pour se défendre.

 

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