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Liban - La situation

La balle revient dans la cour de Berry et de Joumblatt

Une fois de plus, les tractations pour former le gouvernement sont dans l'impasse. Les causes en sont manifestes et l'impression de déjà-vu prévaut clairement. À chaque fois qu'il est question de répartir les portefeuilles sur les différents acteurs, la même querelle est, en effet, relancée, sur fond de confessionnalisation à outrance du dossier.


Au centre de cette tempête qui finit, comme toujours, par dissimuler, marginaliser ou dénaturer les grands enjeux politiques de la bataille gouvernementale, se tient le chef du CPL, le général Michel Aoun.
Depuis 2008, date à partir de laquelle il participe aux gouvernements de coalition qui se succèdent au Liban, ce dernier ressert invariablement la même recette : partant du principe selon lequel son bloc parlementaire est celui qui pèse le plus lourd parmi les blocs chrétiens, il cherche à imposer à toutes les parties une équation très simple, à savoir que la bonne représentation des chrétiens au sein du gouvernement coïncide avec la part qui revient à son bloc.


En d'autres termes, s'il s'estime mal servi dans le partage de ce qu'on appelait à une certaine époque le « fromage », le général Aoun en tire automatiquement la conclusion que les chrétiens au Liban sont « marginalisés » et cela sans prendre en compte la part qui revient aux autres protagonistes chrétiens, qu'ils soient du 14 Mars ou bien du giron présidentiel.


Cette tactique a jusqu'ici bien fonctionné auprès d'une certaine frange de l'opinion chrétienne et rien ne permet de croire qu'il en serait autrement cette fois-ci, même s'il est difficile à ce stade, en l'absence d'élections législatives, de se faire une idée plus ou moins précise de l'évolution de l'électorat chrétien.
Mais il convient de souligner que l'argumentation aouniste suscite aussi des échos à Bkerké même. Pendant que le ministre sortant de l'Énergie, Gebran Bassil, exposait hier dans le détail cette argumentation au cours d'une conférence de presse, Mgr Boulos Sayah, vicaire patriarcal maronite, mettait en garde sur la LBC – dans une démarche certes moins querelleuse – contre toute « marginalisation » des chrétiens.


Est-ce à dire que le patriarche maronite est d'accord avec le général Aoun sur la répartition des portefeuilles telle qu'elle a été prévue ? On n'en sait rien. Ce que l'on sait, en revanche, d'après des sources proches du dossier gouvernemental, c'est que partant d'une approche plus globale, Mgr Béchara Raï ne serait pas trop enclin à accorder sa bénédiction – ou sa « couverture politique » si l'on préfère – à un cabinet qui ne comprendrait ni le CPL ni les Forces libanaises.


Dans sa conférence de presse, M. Bassil a longuement discouru sur les éléments qui seraient à ses yeux constitutifs d'une « marginalisation » des chrétiens. Il en ressort essentiellement qu'afin d'éviter une telle extrémité, le ministère de l'Énergie et celui des Télécoms devraient rester dans le giron du CPL, que ce dernier devrait en plus obtenir l'un des quatre grands ministères régaliens (Finances, Affaires étrangères, Intérieur, Défense), et qu'en vertu de Taëf (revu et corrigé), ce sont les blocs parlementaires qui doivent nommer leurs ministres respectifs.
Plus spécifiquement, M. Bassil a développé, de façon quelque peu implicite, la théorie suivante au sujet du ministère de l'Énergie : celui-ci étant plutôt charnu en termes d'intérêts financiers, il n'est que justice qu'il continue à faire partie du lot des chrétiens, lesquels ont été depuis Taëf tenus à l'écart des ministères et des fonds juteux.
Enfin, le ministre sortant s'est lancé dans des explications plus ou moins nébuleuses sur le principe de la rotation des portefeuilles, cher au président de la République, Michel Sleiman, et au Premier ministre désigné, Tammam Salam, qu'il a accusés nommément de chercher à « marginaliser » son bloc parlementaire et, par conséquent, les chrétiens.

 

Le Hezbollah dans l'embarras ?
C'est pourtant à ses alliés au sein du 8 Mars, et en particulier au Hezbollah, que le CPL aurait dû s'en prendre dans cette affaire. Depuis le premier jour, M. Salam, soutenu en cela par le chef de l'État, fait ouvertement du principe de l'alternance à la tête des ministères l'une de ses principales conditions. Or on sait par définition que ce principe ne saurait être appliqué sélectivement, que la moindre exception est susceptible d'ouvrir la voie à des contestations partout.


Ce qui s'est passé, c'est que le Hezbollah a accepté cette rotation universelle des ministères apparemment sans s'être concerté sur cette question avec le général Aoun. De fait, certaines sources croient savoir que le chef du CPL est irrité par le comportement de son allié et que ce dernier est aujourd'hui dans l'embarras, ne sachant trancher entre son désir de satisfaire le général et le respect de son engagement sur la base duquel le chef du courant du Futur, Saad Hariri, s'est lui-même prononcé en faveur du gouvernement envisagé.
Mais qu'il s'agisse d'un « oubli », d'une « négligence » ou, comme le croient plutôt nombre d'observateurs, d'une « répartition des rôles » entre le Hezbollah et le général Michel Aoun, une chose paraît certaine : le parti de Dieu a grandement besoin de ce gouvernement.


C'est lui qui avait suggéré au président de la Chambre, Nabih Berry, de s'entendre avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, pour présenter une formule comprenant ce qu'il faut de concessions afin d'entraîner M. Hariri. Pourtant, aujourd'hui, il s'affirme « solidaire » du CPL. Qu'est-ce à dire ? Qu'il irait jusqu'à refuser d'entrer au cabinet si ce dernier s'en excluait ? Il est difficile à ce stade de répondre à cette question.


Mais les prochaines heures devraient apporter des éléments de réponse à cet égard, MM. Berry et Joumblatt étant censés clarifier leur position à présent que leur sauce a tourné. Ils devraient le faire d'autant plus rapidement que, d'une part, le chef de l'État et le Premier ministre désigné se montrent excédés et remettent sur le tapis l'éventualité d'un cabinet « de facto », et que, de l'autre, la pression extérieure s'est fait plus forte.
Car tout autant que le Hezbollah, la communauté internationale a besoin, elle aussi, de ce gouvernement. Les ambassadeurs des grandes puissances au Liban se mobilisent à cette fin, ainsi que le signale notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane. Pour eux, il devient plus qu'urgent de « dissocier » le Liban de la guerre en Syrie.


Les derniers développements survenus sur la scène fondamentaliste sunnite en liaison avec le dossier syrien sont, en effet, inquiétants. Et ils le sont à un point tel que l'ambassadeur d'Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, a cru bon hier de sortir de sa réserve pour stigmatiser l'effacement de Dar el-Fatwa, en tant qu'instance sunnite « modérée », face à ces développements.

 

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Une fois de plus, les tractations pour former le gouvernement sont dans l'impasse. Les causes en sont manifestes et l'impression de déjà-vu prévaut clairement. À chaque fois qu'il est question de répartir les portefeuilles sur les différents acteurs, la même querelle est, en effet, relancée, sur fond de confessionnalisation à outrance du dossier.
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commentaires (4)

Le Hezbollah a agit comme il l'aurai fait a l'encontre de tous les autres partis, avec arrogance et condescendance. Il n'en a que foutre des humeurs de Aoun, la preuve!!! Quand aux explications de Bassil nous nous en passerons car elles sont toutes fallacieuses et surement pas sincères. Les Aounistes ne l'ont jamais été de toute manière. De plus ils demandent un quota de présence au gouvernement qui n'est plus représentatifs et nous comprenons pourquoi ils ont tout fait pour éviter les élections parlementaires. Par contre ils veulent un gouvernement temporaire pour les couvrir et par après ils reprendront la même chanson. Pour finir, ça enrage les Aounistes que les FL qui sont moins représentés au parlement, a tort, aient la possibilité de geler leurs projets et que leurs importance est telles qu'ils les surpassent a tous les niveaux qualitatifs comme quantitatifs résultats a l'appuis!

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 36, le 27 janvier 2014

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Commentaires (4)

  • Le Hezbollah a agit comme il l'aurai fait a l'encontre de tous les autres partis, avec arrogance et condescendance. Il n'en a que foutre des humeurs de Aoun, la preuve!!! Quand aux explications de Bassil nous nous en passerons car elles sont toutes fallacieuses et surement pas sincères. Les Aounistes ne l'ont jamais été de toute manière. De plus ils demandent un quota de présence au gouvernement qui n'est plus représentatifs et nous comprenons pourquoi ils ont tout fait pour éviter les élections parlementaires. Par contre ils veulent un gouvernement temporaire pour les couvrir et par après ils reprendront la même chanson. Pour finir, ça enrage les Aounistes que les FL qui sont moins représentés au parlement, a tort, aient la possibilité de geler leurs projets et que leurs importance est telles qu'ils les surpassent a tous les niveaux qualitatifs comme quantitatifs résultats a l'appuis!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 36, le 27 janvier 2014

  • DANS LA COUR CAMÉLÉO-GOUPILIENNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 35, le 27 janvier 2014

  • La balle, le Grand-Liban, revient dans la cour de récré du Goupil sis Syblîîîne et du Béret alias la Fîîîgue !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 12, le 27 janvier 2014

  • Malgré le fait que "la sauce Berry Joumblatt a tourné" tant de fois, tous les Leila Abdel Latif disent voir naître bientôt le gouvernement Rassembleur Bin Nifaq.

    Halim Abou Chacra

    06 h 15, le 27 janvier 2014

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