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Liban - La situation

Un gouvernement sans Geagea ni Aoun ?

Michel Aoun conférant hier avec Élie Ferzli et Albert Mansour en présence de Gebran Bassil. Photo ANI

Il fallait s'y attendre : à présent qu'une sorte d'entente a été esquissée entre la plupart des protagonistes autour de la structure du prochain gouvernement, la « phase Michel Aoun », celle dans laquelle on s'étripe pour la répartition des portefeuilles, devait inévitablement commencer.


Voici donc le chef du CPL qui refait une entrée tonitruante sur la scène publique après des mois d'absence, de ballottement, d'hésitation et/ou de bégaiement politique au milieu des tempêtes qui secouent le Liban.
En apparence, il s'agit essentiellement pour le général de sauver ce qui peut l'être des positions héritées du cabinet sortant. Naturellement, l'équation ne peut être, en tout état de cause, que perdante, dans la mesure où la part du bloc du Changement et de la Réforme tout entier devrait être ramenée de dix ministères à quatre, dont deux seulement iraient au CPL (le troisième devant revenir au chef des Marada, Sleimane Frangié, et le quatrième au Tachnag).


À en croire des sources centristes, une tentative serait en cours pour chaparder un cinquième ministère. Mais le bloc aouniste se heurterait là à la quadrature du cercle. La part du 8 Mars étant en tout de huit ministères, le bloc aouniste devrait du coup se servir chez ses alliés chiites. On est en droit de se demander si le tandem Hezbollah-Amal serait disposé à faire preuve d'autant de générosité et d'abnégation en acceptant de voir sa propre part réduite à trois ministères (le cas échéant, cela signifierait que sur les cinq ministres chiites que doit compter le gouvernement, deux seraient nommés par des acteurs non chiites, ce qui paraît hautement improbable).


Et ce n'est pas tout. D'après les mêmes sources, les milieux aounistes réclameraient l'un des quatre grands ministères régaliens (Affaires étrangères, Intérieur, Finances ou Défense). Là aussi, un problème d'arithmétique simple se pose puisqu'il est déjà entendu, dans le cadre de l'accord sur la structure des « trois 8 », qu'un de ces ministères devrait être alloué au 14 Mars, un autre au 8 Mars, un troisième au Premier ministre désigné, Tammam Salam, et le quatrième au président de la République, Michel Sleiman.
Rotation oblige, c'est le ministère des Finances qui est censé cette fois-ci revenir à l'alliance du 8 Mars, et l'on parle déjà d'un titulaire chiite proche du président de la Chambre, Nabih Berry. Il s'agirait probablement de Ali Hassan Khalil, ministre sortant de la Santé et véritable bras droit de M. Berry, ou alors de Yassine Jaber, député de Nabatiyé et par ailleurs homme d'affaires connu pour sa modération.

 

(Pour mémoire : Geagea plaide en faveur d'un gouvernement neutre et non partisan)


Enfin, et c'est le plus important aux yeux des aounistes, se pose le problème du sort qui serait réservé au ministère de l'Énergie et de l'Eau et à son titulaire actuel, Gebran Bassil. En vertu du principe de rotation, ce portefeuille devrait traverser la frontière politique pour échoir soit au 14 Mars, soit dans l'escarcelle « centriste » du chef du PSP, Walid Joumblatt (les Travaux publics devant faire le trajet inverse).


On sait toutefois le prix qu'attache le général Aoun à cette question précise, au point d'en faire le paramètre à l'aune duquel se mesure quantitativement et qualitativement la représentation chrétienne. Il n'y a qu'à entendre les déclarations faites ces jours derniers par certains responsables du CPL à ce sujet pour s'en rendre compte une fois de plus.


Aux yeux des aounistes, qui ne rejettent pas dans le principe le fondement de la rotation et qui, dans le même temps, sont en faveur de la tenue de l'élection présidentielle dans les délais, la durée de vie obligatoirement courte du nouveau gouvernement ne justifie pas que l'on retire l'Énergie à M. Bassil, sauf s'il existe des arrière-pensées au sujet du respect de l'échéance présidentielle.


Mais les autres protagonistes, et notamment le chef de l'État et le Premier ministre désigné, ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, la rotation sera appliquée partout ou ne sera pas. D'où le principal nœud qui entrave à l'heure actuelle la formation du cabinet politique.

 

(Pour mémoire : Ni ministre ni même politique, la femme attendra...)


D'après les sources citées plus haut, le tandem chiite aurait demandé aux chefs de l'exécutif un sursis supplémentaire pour tenter de trouver des solutions au problème suscité par le général Aoun.
Mais mis à part le fait qu'il est matériellement difficile de satisfaire les exigences de ce dernier, nombre d'observateurs s'interrogent sur ses véritables motivations. D'aucuns pensent qu'il pourrait être tenté in extremis de rester à l'écart du gouvernement, afin de mieux se préparer à la présidentielle.


Le cas échéant, on pourrait se retrouver face à un exécutif duquel se seraient exclues les deux plus importantes formations chrétiennes : le CPL et les Forces libanaises. Serait-ce assez pour délégitimer ce gouvernement ? Peut-être pas, d'abord parce que les autres mouvances chrétiennes du 14 Mars et du 8 Mars y seraient probablement représentées, ensuite parce que l'opposition du CPL et celle des FL ne naîtraient pas du tout des mêmes motifs.


En tout état de cause, il serait peut-être superflu de parler de légitimité ou non du gouvernement dit de « rassemblement » dans la mesure où rien, à ce stade, n'indique qu'il pourrait rédiger une déclaration ministérielle unifiée et se présenter sur cette base devant la Chambre.


Avec un tel cabinet, la seule chose qui aurait vraiment changé, même s'il implosait dès le début, c'est qu'on ne verrait plus l'actuel titulaire du ministère des Affaires étrangères, Adnane Mansour, parader dans les conférences internationales en portant les couleurs du Hezbollah, des pasdaran et du régime syrien. À sa place, il est aujourd'hui question de Tarek Mitri.
Un vrai « jetlag » en perspective au palais Bustros...

 

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Il fallait s'y attendre : à présent qu'une sorte d'entente a été esquissée entre la plupart des protagonistes autour de la structure du prochain gouvernement, la « phase Michel Aoun », celle dans laquelle on s'étripe pour la répartition des portefeuilles, devait inévitablement commencer.
Voici donc le chef du CPL qui refait une entrée tonitruante sur la scène publique après des...
commentaires (6)

Un gouvernement qui joue du pipo... sans les deux maitres de la stéréo asymétrique...ca serait faire un cadeau inattendu à la girouette...!

M.V.

21 h 28, le 24 janvier 2014

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Commentaires (6)

  • Un gouvernement qui joue du pipo... sans les deux maitres de la stéréo asymétrique...ca serait faire un cadeau inattendu à la girouette...!

    M.V.

    21 h 28, le 24 janvier 2014

  • Il n'est pas conseille de faire SANS le phare AOUN , pour GEAGIX on peut s'en passer allegrement , de toute facon il est tombe tout petit dedans la marmite a petrole .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 34, le 24 janvier 2014

  • Eternellement la même question de partage d'un fromage pourri !

    Halim Abou Chacra

    12 h 10, le 24 janvier 2014

  • Il est grand temps de redonner le ministère des Affaires étrangères aux orthodoxes pour que le Liban soit mieux vu et mieux respecté.

    Sabbagha Antoine

    11 h 23, le 24 janvier 2014

  • Un tel gouvernement ne nous conduira qu'a plus de problèmes. Ils ont essayé par le passé et ça nous a conduit a la guerre de 2006, aux esclandres de 2007 et 2008, au gouvernement Mikati qui a été l'un des pire dans l'histoire du pays et maintenant ils répètent les mêmes erreurs. Heureusement que les FL n'auront pas a se salir dans cette histoire! Que le bon Dieu fasse que nous ayons torts mais j'en doute!

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 41, le 24 janvier 2014

  • Une analyse parfaite qui oublie cependNt les chretiens independNts du 14 Mars Car si eux aussi refusIent de oarticiper....

    Jihad Mouracadeh

    06 h 05, le 24 janvier 2014

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