Ahdab à Hariri : « Les sunnites n’acceptent pas un cabinet » d’humiliation, de soumission et de concessions

L'ancien député Misbah Ahdab a lancé un vibrant appel au chef du courant du Futur, Saad Hariri, l'implorant presque de ne pas prendre part à un gouvernement dans lequel le Hezbollah serait représenté et lui conseillant d'écouter les vœux du public de la révolution du Cèdre, et notamment les sunnites.
M. Ahdab a tenu hier une conférence de presse en sa résidence à Tripoli pour parler de la situation de sécurité dans cette ville et des contacts en cours pour la mise en place d'un nouveau gouvernement.
Au sujet de Tripoli, il a dénoncé le laxisme de l'État face à « une guerre d'usure qui a fait des centaines de tués et de nombreux ravages sans que personne ne sache jamais quand et pourquoi elle commence et quand et pourquoi elle se termine, en dépit des nombreux plans de sécurité exécutés dans la ville ».
Abordant ensuite le dossier gouvernemental, il a estimé que « la question fondamentale reste de déterminer le genre de cabinet que nous souhaitons, surtout que les fils de Tripoli et la communauté sunnite en général sont la cible de la forme la plus abjecte de terrorisme ». « Dans ce pays, certains s'efforcent de ternir notre image, de dynamiter notre histoire, de diaboliser notre communauté, de nous mettre en vis-à-vis avec la légalité, d'hypothéquer notre décision et de nous transformer tous en takfiristes qu'il faut éliminer au profit de "leur" projet expansionniste pour préserver le régime de Bachar el-Assad » en Syrie, a-t-il dit, en allusion au Hezbollah.
« Les fils de Tripoli, de Saïda, de Ersal, de Denniyé, de Minié, du Akkar, de Tarik Jdidé et tous les sunnites du Liban en ont assez de ce qu'ils ont enduré sous le gouvernement Mikati et n'accepteront pas un nouveau gouvernement fait d'humiliation, de soumission, de compromis et de concessions, même si Saad Hariri accepte de lui apporter sa couverture », a martelé M. Ahdab. S'adressant ensuite au chef du courant du Futur, il a déclaré : « Si un règlement au niveau de la région commande la mise en place au Liban d'un gouvernement au sein duquel vous devez siéger aux côtés de ceux qui étaient responsables du 7 Mai, qui avaient foulé aux pieds les accords qu'ils avaient conclus avec vous et qui vous avaient évincés du pouvoir, par la force des chemises noires, vous êtes tenus d'informer l'opinion publique des garanties qu'ils vous auraient présentées pour que vous acceptiez de nouveau de vous associer à eux. »
L'ancien député de Tripoli l'a ensuite interrogé sur le point de savoir comment il peut « renoncer une nouvelle fois aux droits de la communauté sunnite et tenir la main de ceux qui sont jugés pour l'assassinat de Rafic Hariri, sans garanties bien claires ». « Ce que vous êtes en train de faire s'appelle une concession. C'est illogique, inadmissible et ce n'est pas convaincant. Aucun sunnite ne l'acceptera », a-t-il fulminé avant de « conseiller » à M. Hariri d'« écouter les vœux du public de la révolution du Cèdre, de ne pas croire aux promesses de la partie adverse et de ne pas lui donner un quitus gratuitement ». « Nous savons tous qu'ils se retourneront un jour contre vous, à la première occasion qui se présentera devant eux », a conclu M. Ahdab.

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