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À La Une - Syrie

Genève 2 : une "occasion énorme" et de terribles divergences au menu des premières interventions

Séance inaugurale, mercredi 22 janvier 2014, à Montreux, en Suisse, de la conférence Genève 2.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a ouvert mercredi matin la conférence de paix sur la Syrie à Montreux, en Suisse, où des représentants du régime syrien et de l'opposition en exil sont réunis pour la première fois.

"Lavrov et Kerry ont travaillé dur avec moi, ainsi que plusieurs autres partenaires pour nous amener à ce jour", a déclaré M. Ban, ouvrant la séance devant une quarantaine de pays et organisations. La délégation de l'opposition syrienne, arrivée en retard, n'était pas présente quand Ban Ki-moon a ouvert la séance. Le secrétaire général des Nations unies a rappelé "le chemin extrêmement difficile pour arriver" à cette rencontre. "Vous les délégués du gouvernement syrien et de l'opposition voici une occasion énorme", a dit M. Ban à l'attention des représentants syriens.

 

Pour les participants, il s'agit de trouver des solutions avec un objectif clair: enrayer le cycle infernal des violences en Syrie où la guerre civile, entre bombardements, combats et atrocités a fait plus de 130.000 morts et poussé des millions de Syriens à quitter leur maison, leur pays. Rapidement, les divergences extrêmes dans les positions ont été exprimées.

 

Lavrov : des négociations "ni simples ni rapides"
Premier à prendre la parole après Ban Ki-Moon, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné qu'il "faut mettre fin au conflit. Il ne faut pas que cette vague destructrice ébranle la région car le risque que la Syrie se transforme en foyer du terrorisme international est sérieux".

Les négociations entre le régime syrien et l'opposition en exil ne seront "ni simples ni rapides", mais une "responsabilité historique" repose sur leurs épaules, a averti M. Lavrov. "La conférence nous donne une véritable chance, même si elle n'est pas à 100%, de conclure la paix", a-t-il encore indiqué.

Le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov. REUTERS/Jamal Saidi

 

Kerry : Assad ne prendra part au gouvernement de transition
Prenant ensuite la parole, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a lui aussi évoqué des pourparlers qui seront "sans doutes très difficiles". "La seule solution est un gouvernement de transition créé par consentement mutuel. Par consentement mutuel, j'entends que ce gouvernement ne peut pas comprendre quelqu'un soumis à une partie ou à une autre. Bachar el-Assad ne prendra part au gouvernement de transition. Il est impossible, inimaginable que cet homme qui a mené une telle violence contre son propre peuple puisse conserver la légitimité pour gouverner. Cet homme ne peut plus prendre la nation et la région en otages", a-t-il martelé.

"Il n'y a pas non plus de place pour les extrémistes violents qui ont aggravé les souffrances du peuple syrien", a-t-il encore dit.

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. REUTERS/Jamal Saidi

 

Mouallem : "Personne, à part le peuple syrien, ne peut décider qui est président"
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, qui s'exprimait ensuite, a directement répondu à M. Kerry. "Personne M. Kerry, personne, à part le peuple syrien, ne peut décider qui est président", a averti le responsable syrien, soulignant que tout accord serait soumis à un référendum en Syrie.

Au début de son discours de plus de trente minutes, ce qui lui a valu un rappel à l'ordre de la part de M. Ban qui avait indiqué que les interventions ne devaient pas excéder cinq minutes, M. Mouallem s'en étaient pris aux pays du Golfe, en premier lieu l'Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent la rébellion syrienne. "Certains ont tenté de ramener notre république au Moyen-âge", a noté Walid Mouallem. "Il est regrettable pour moi et le peuple syrien que les représentants des Etats dans cette pièce soient assis ici alors qu'ils ont du sang syrien sur les mains, des pays qui ont exporté le terrorisme", a-t-il poursuivi. "Ils ont encouragé et financé le terrorisme, ils n'ont pas regardé devant leur propre porte avant d'agir, et sans honte, ils nous donnent des leçons sur la démocratie, alors qu'ils font un grand bond en arrière", a-t-il encore dit.

"Tant que certains pays appuieront le terrorisme, cette conférence ne pourra être un succès", a-t-il averti.

Le ministre s'en est également pris au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, l'accusant de soutenir activement la rébellion syrienne. "La maison du voisin ne peut brûler sans que votre maison ne soit brûlée", a averti le ministre, dans une mise en garde aux pays voisins de la Syrie.

 

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.  AFP/POOL/GARY CAMERON

 

Il a ensuite souligné l'engagement de la Syrie dans la guerre. "La Syrie, Etat indépendant, fera tout ce qui est en son pouvoir pour continuer de se défendre comme elle l'entend, quelles que soient les déclarations et positions de certains pays. C'est une décision syrienne", a-t-il averti.

 

Le chef de la diplomatie syrienne a également attaqué l'opposition syrienne, soulignant ses divisions et l'accusant de connivence avec Israël. "(Les opposants) ont trahi la Syrie en dehors de la Syrie, ils se sont vendus au plus offrant. Un traître ne peut pas parler au nom du peuple syrien", a-t-il martelé, accusant l'opposition de n'avoir apporté que la "honte" à la Syrie.

 

(Eclairage : L'opposition syrienne plus que jamais divisée)

 

"Nous sommes ici afin de prévenir l'effondrement du Moyen-Orient, pour protéger les chrétiens du Moyen-Orient, pour mettre fin au terrorisme. Le dialogue entre les Syriens est la solution", a encore dit Walid Mouallem lors d'une longue intervention au premier jour de la conférence de Genève 2.

 

Jarba : pour un transfert des prérogatives d'Assad
Est ensuite venu le tour du chef de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, qui a souligné que la révolte ne pouvait rester pacifique, en raison de la violence de la répression opérée par le régime. "Les Syriens ont résisté pendant une année avant d'être obligés de réagir. Combien d'années auraient-il dû attendre, a noté M. Jarba. Se défendre avec des armes nous a été imposé par le régime".

"Dans notre Syrie, nous estimons que tous les Syriens sont victimes d'un homme qui veut rester sur son trône", a-t-il ajouté.

 

(Lire aussi : La TV syrienne diffuse le discours de l'opposition avec des images de "crimes")

 

"Nous sommes engagés dans notre lutte contre le terrorisme", a encore assuré M. Jarba, évoquant les mercenaires du régime et les combattants iraniens et du Hezbollah qui combattent aux côtés des troupes syriennes. "La situation est claire, la révolution fait face au terrorisme d'Assad et au terrorisme qu'Assad a laissé entrer en Syrie. Assad fait entrer les mercenaires tout en prétendant lutter contre le terrorisme", a martelé le leader de l'opposition.

"J'appelle (la délégation du régime) à signer immédiatement le document de Genève I (prévoyant) le transfert des prérogatives d'Assad, y compris celles de l'armée et de la sécurité, à un gouvernement de transition", a enfin lancé  M. Jarba.

Le chef de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba. AFP / UN / JEAN-MARC FERRE

 

Fabius : Le drame syrien ne peut avoir qu'une solution politique
"Le drame syrien ne peut avoir qu'une solution politique, a assuré, de son côté, le ministre français des Affaires étrangères. Nous sommes ici pour faire avancer la paix."  M. Fabius  a appelé, dans ce contexte, à établir un gouvernement de transition doté de toutes les prérogatives. Le ministre a en outre appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture de corridors humanitaires pour faire parvenir l'aide à ceux qui en ont besoin.

"Des combattants étrangers sont impliqués dans la guerre auprès des troupes d'Assad (en allusion au Hezbollah et à l'Iran) et cela met en danger l'unité de la Syrie", a en outre indiqué M. Fabius.

 

Davutoglu : Appliquer Genève 1
Mettant en garde contre un conflit qui menace toute la région, le chef de la diplomatie turque, Ahmed Davutoglu a, de son côté, déclaré :  "Notre but commun est d'appliquer toutes les résolutions de Genève 1, notamment l'établissement d'un gouvernement de transition pour arriver à une Syrie libre, démocratique qui respecte les droits de l'homme et qui vit en paix avec les pays qui l'entourent".

Estimant par ailleurs que la communauté internationale ne doit pas détourner son attention des exactions commises en Syrie, M. Davutoglu a appelé à punir ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité.

 

El-Fayçal : Les circonstances sont propices
Le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud el-Fayçal, a, lui aussi, appelé à l'application des résolutions de Genève 1. "Bachar el-Assad n'a pas sa place dans l'avenir de la Syrie", a-t-il ajouté.

"La crise syrienne est la plus grande tragédie de l'histoire moderne", a estimé le diplomate souadien, dénonçant l'utilisation par le régime syrien d'armes chimiques interdites par la communauté internationale. Et de poursuivre : "Tous nos efforts pour trouver une issue politique à cette crise ont été détruits par l'insistance du régime à recourir à une solution militaire."

Il a en outre appelé au retrait des combattants étrangers aux côtés du régime syrien, citant "les milices du Hezbollah et les combattants des Gardiens de la révolution iranienne". Le ministre saoudien a également appelé à un cessez-le-feu, à l'ouverture de corridors humanitaires et à la libération des personnes détenues par le régime syrien. "Il est temps d'arrêter le bain de sang. Les circonstances sont propices pour ne pas décevoir les Syriens", a-t-il conclu.

 

Résumant l'état d'esprit de nombreux participants à la conférence le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a estimé qu'il ne faut pas s'attendre à un "miracle".
La réunion de Montreux devrait en tout cas aider à préparer la réunion vendredi à l'ONU, à Genève, impliquant uniquement les deux délégations syriennes et l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue Arabe Lakhdar Brahimi.
Ce devrait être le début d'un long processus, de sept à dix jours dans une première étape, selon un membre de la délégation russe cité par l'agence Interfax.

 

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Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a ouvert mercredi matin la conférence de paix sur la Syrie à Montreux, en Suisse, où des représentants du régime syrien et de l'opposition en exil sont réunis pour la première fois.
"Lavrov et Kerry ont travaillé dur avec moi, ainsi que plusieurs autres partenaires pour nous amener à ce jour", a déclaré M. Ban, ouvrant la séance devant...
commentaires (3)

ILS SONT AU 2... ENCORE 998 !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 30, le 23 janvier 2014

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Commentaires (3)

  • ILS SONT AU 2... ENCORE 998 !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 30, le 23 janvier 2014

  • on attendra Genève 30 voir 300 pour y arriver...on comptera les survivants...trop de haine! trop d esprit criminels! La paix il va falloir l imposer Mrs les américains et russes...mais comme ça n a aucun intérêt pour vous...on verra plus tard...n est ce pas...

    CBG

    01 h 57, le 23 janvier 2014

  • Un vrai dialogue de sourds ou rien ne semble fonctionner .

    Sabbagha Antoine

    19 h 26, le 22 janvier 2014

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