Le courant du Futur répond à Raad : Le Hezbollah a montré son vrai visage

« L’exemple le plus frappant d’hystérie politique est sans aucun doute le discours de celui qui veut rompre des cous, couper des mains, renverser des tables et saper la coexistence », a d’abord relevé le député Ammar Houri, dans une déclaration qu’il a faite hier pour répondre à M. Raad. « Cette hystérie politique est sans précédent. Elle reflète l’ampleur de l’impasse intérieure et régionale dans laquelle se débat le Hezbollah après avoir pris le parti d’un régime qui massacre son propre peuple. Elle prouve une nouvelle fois que cette formation a foulé au pied la Constitution et le pacte national, ainsi que l’ensemble des principes qu’elle vantait jusqu’au moment où elle est tombée », a-t-il ajouté, avant de conclure ironiquement : « Que Dieu les guérisse. »

L’idée d’hystérie a été reprise également par son collègue Ghazi Youssef. Dans une déclaration à la Voix du Liban 100.3, le député a expliqué l’escalade verbale de M. Raad par « la nervosité qui tenaille le Hezbollah à cause de son implication en Syrie et de l’implication de l’Iran dans la région ». « Il essaie d’impressionner les Libanais et de faire preuve de condescendance, mais ces derniers ne s’y trompent pas. Ils savent bien qui pratique l’intimidation et feint des victoires, et ne leur souhaite que l’humiliation et l’assujettissement », a-t-il dit.
Parallèlement, le député Samir Jisr a estimé que les propos du chef du bloc parlementaire du Hezbollah s’adressent « en réalité à tout le Liban, à travers le courant du Futur », avant de se dire surpris parce que M. Raad a tenu ce genre de propos à l’occasion de la commémoration de la Achoura.

Lui aussi a essayé d’expliquer les motivations de sa diatribe. Contrairement à son collègue, Ghazi Youssef, il a jugé que la réunion que le courant du Futur et le CPL ont tenue hier pourrait expliquer l’escalade verbale de M. Raad, « qui n’apprécie pas la décision de son allié principal au sein du 8 Mars de s’ouvrir à toutes les parties ». « Mais est-ce que Raad pense réellement qu’il est capable, avec ce discours, de nous effrayer et de nous pousser à changer nos positions ? » s’est interrogé M. Jisr, pendant que le vice-président de la Chambre, Farid Makari, se disait « reconnaissant » pour les propos tenus par M. Raad. « Tout d’abord, ses menaces ne nous effraient pas. Ensuite, il a clairement montré aux Libanais comment réfléchit le Hezbollah, qui pense avoir des droits différents de ceux du reste du peuple, comme celui d’hypothéquer le pouvoir et d’obliger la population à s’incliner devant sa volonté. »
Dans une déclaration à l’agence al-Markaziya, M. Makari a jugé que « si le Hezbollah veut renverser la table – comme l’a déclaré Mohammad Raad –, cela signifie qu’il envisage un nouveau 7 Mai ». « Nous ne le craignons pas », a-t-il martelé, avant d’insister sur le fait que « les principes et les convictions politiques du 14 Mars sont fondés sur des bases nationales et non pas sur des changements régionaux ».

« Le courant du Futur impliqué en Syrie »
Pendant ce temps, le bloc parlementaire de la Résistance, qui tenait sa réunion hebdomadaire en son siège à Haret Hreik, persistait et signait. Dans son communiqué, le bloc, qui a abordé plusieurs questions d’actualité, s’en est pris au courant du Futur qu’il a rendu responsable du chaos prévalant à Tripoli au niveau de la sécurité. Pour le bloc, « c’est la politique de provocation et d’élimination suivie par les dirigeants du courant du Futur et de ceux qui leur sont affiliés au sein du 14 Mars qui est la cause de la situation explosive à Tripoli ». « La couverture que ces dirigeants assurent aux actes des fauteurs de troubles et leur neutralisation de la mission de l’armée sont de nature à aggraver la tension à Tripoli », a averti le bloc de la Résistance, qui a jugé « urgente » la formation d’un gouvernement groupant toutes les parties. « Les tentatives du courant du Futur et de ses alliés au sein du 14 Mars de faire les malins à travers les conditions qu’ils posent ne peuvent pas dissimuler leur objectif réel qui est de maintenir le pays dans une sorte de vide institutionnel en attendant de recevoir les ordres de leurs tuteurs à l’étranger », selon les députés du Hezbollah qui ont considéré que les conditions posées par leurs adversaires « n’ont aucun sens, surtout qu’elles émanent d’un courant impliqué dans la guerre en Syrie et faisant partie des instruments du complot exécuté pour ébranler la stabilité de ce pays et son rôle ».
Le bloc de la Résistance a en outre accusé le courant du Futur de « continuer à soutenir les éléments armés en Syrie ainsi que les terroristes takfiristes dont il justifie les actes qu’il exploite au profit de son programme politique fondé sur l’élimination de l’autre, le monopole du pouvoir, la paralysie de l’État, et la destruction de la coexistence et de la diversité au Liban ».

Dans l’intervention qu’il a faite pour la Achoura dans le village de Adchit, à Nabatiyeh, le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, cheikh Nabil Kaouk, a également accusé le courant du Futur d’être responsable de la situation explosive à Tripoli. Il l’a tenu pour responsable du « siège de Jabal Mohsen, qu’il cautionne, en croyant qu’à travers ses agissements, il poussera le Hezbollah à se retirer de la Syrie ou à changer de position par rapport au régime syrien ». Selon lui, « c’est le désespoir qui pousse le courant du Futur à se comporter de cette manière ».

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