Le Premier ministre sortant recevant les députés de Tripoli, inquiets pour leur ville. Photo Dalati et Nohra
La journée d’hier à Tripoli a été marquée par une série d’incidents violents qui ont fait de nouveaux blessés, dont deux soldats. Ces incidents montrent que la ville n’est pas sortie du cycle de violences qui l’a emportée ces derniers jours, dans la guerre ouverte qui oppose les quartiers rivaux de Jabal Mohsen (alaouite) à Bab el-Tebbaneh (sunnite). Malgré la présence de l’armée, le chaos semble s’être installé dans les différents quartiers et les conflits individuels armés se sont multipliés toute la journée et en soirée.
À l’aube, deux hommes armés ont tiré sur un soldat de l’armée, qui a été légèrement blessé et hospitalisé. Une patrouille était à la recherche des assaillants durant la journée. En soirée, un autre soldat, nommé Ayman Ramadan, a été blessé dans un incident qui a éclaté à Haret Naaman à Kobbé et il a été hospitalisé.
Les francs-tireurs n’ont pas chômé hier dans la capitale du Nord, semant la terreur notamment dans la rue Starco de Bab el-Tebbaneh. Des coups de feu ont également été tirés lorsqu’un incident a éclaté entre des jeunes de la famille Noujoud et d’autres de la famille Samman, près d’un café à Bab el-Ramel. Une patrouille de l’armée a été dépêchée sur les lieux.
Par ailleurs, un jeune homme blessé à la poitrine dans la bataille, Housameddine Abboud, surnommé « Abou Arabi », apparemment un combattant, a été hospitalisé à l’hôpital islamique. Mais, fait étrange, sa famille l’a sorti de l’hôpital, probablement au péril de sa vie, juste après que le personnel lui eut administré les premiers secours. L’équipe médicale n’a pas eu le temps de le faire entrer en salle d’opérations.
Tournée des députés
Les députés de Tripoli ont décidé hier de prendre les devants pour essayer d’éloigner de leur ville le spectre de la guerre. Les députés Mohammad Safadi, Samir el-Jisr, Ahmad Karamé, Mohammad Kabbara, Samer Saadé et Robert Fadel ont été reçus par le président de la République Michel Sleiman, puis par le Premier ministre Nagib Mikati. Ils ont réclamé plus de fermeté dans la gestion des conflits par les forces armées dans la ville.
Également pour réduire les tensions, une grande réunion islamo-chrétienne est prévue prochainement par les forces du 14 Mars dans un hôtel à Tripoli. Cette réunion, selon les informations de l’agence al-Markaziya, devrait rassembler des personnalités politiques et sociales, avec une présence remarquée de militants et d’académiciens de la communauté alaouite. L’objectif : montrer clairement que ce n’est pas cette communauté entière qui est visée par la convocation de l’ancien député Ali Eid, dans le cadre de l’enquête sur les explosions qui avaient eu lieu à Tripoli en été. Cette initiative vise également à contrecarrer le discours du président du Conseil islamique alaouite Assad Assi, qui va dans le sens d’une exacerbation des sentiments communautaires. Toutefois, les pourparlers se poursuivent, entre les composantes du 14 Mars, pour déterminer la date, le lieu, les sujets à débattre, l’identité des intervenants et les recommandations. Il est certain cependant que les FL et les Kataëb seront très présents lors de cet événement, étant donné leur représentativité auprès des chrétiens de la ville, toujours selon al-Markaziya.
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