Le jardin de Sin el-Fil, premier espace de jeu inclusif au Liban

Dans le jardin public de Sin el-Fil, il y avait foule mardi dernier, pour l’inauguration de l’aire de jeux inclusive, destinée à accueillir, ensemble, les enfants à besoins spécifiques et les enfants du quartier. Invités d’honneur, les enfants à besoins spécifiques ont inauguré le chemin aménagé pour eux à l’entrée de ce jardin, désormais accessible aux fauteuils roulants. De même, des rampes ont été installées afin de faciliter l’accès des jeux aux enfants en fauteuils. Face à ces équipements, les enfants trépignaient d’impatience. L’ambiance était à la convivialité et à la bonne humeur.
C’est par l’association Include qu’a été aménagée cette aire de jeux, «dans le but de permettre à des enfants à besoins spécifiques de jouer avec leurs autres camarades dans ce jardin public», explique Nadine Yazbeck Haddad, l’une des fondatrices de l’association.

Le projet a été réalisé en collaboration avec la municipalité de Sin el-Fil, avec l’association Arcenciel et avec le gouvernement espagnol par le biais de la Fondation espagnole pour la promotion sociale de la culture et l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement. L’événement s’est déroulé en présence de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le président de la municipalité de Sin el-Fil, Nabil Kahalé, le chargé de la coopération à l’ambassade d’Espagne, Manuel Duran, le responsable du projet Handicap à Arcenciel, Georges Xanthopoulos, ainsi que la présidente d’Include, Michelle Kosremelli-Asmar. Étaient également présents, des représentants de municipalités, des directeurs d’écoles et d’ONG.

Cette initiative ne se limite pas à l’aménagement de l’aire de jeu, mais elle entend lancer «un message», pour éveiller les Libanais et les sensibiliser à l’inclusion. Mme Kosremelli-Asmar insiste sur l’importance de cette réalisation. «Aménager une aire de jeux adaptée est devenu le rêve de notre association, après avoir été le rêve de Dounia Ghannam-Kadi, l’une des fondatrices d’Include», reconnaît-elle. «Ce rêve devient réalité et vient concrétiser notre mission: celle de sensibiliser la société à l’importance de l’inclusion, principalement au niveau de l’éducation, de l’emploi et des loisirs», poursuit-elle.
Ayman, âgé de 16 ans, souffre depuis la naissance de scoliose et de cyphose. Mais cela ne l’empêche pas d’être comme tous les autres garçons de son âge. Il est en classe de seconde et pratique la natation et le basket. «J’espère que ce projet va inciter les gens à s’ouvrir à la diversité», a-t-il souligné. «Il faut que le Liban soit mieux aménagé et qu’il y ait plus de facilités, parce que nous sommes tous pareils», a-t-il poursuivi.

Quant à Alex, 10 ans, il souffre de problèmes d’audition. Cependant il se sent parfaitement intégré dans sa classe et pratique des activités sportives; comme le tennis et le ping-pong. Il juge important «que tous les enfants puissent jouer ensemble, sans discrimination, en dépit de leurs différences».

De son côté, M. Kahalé observe que «cette expérience est une première pour la municipalité de Sin el-Fil». Une première dont il constate «la réussite» et qui l’encourage «à continuer dans ce sens et à nous associer à la société civile pour développer d’autres projets qui rendent service à notre collectivité». Le président de la municipalité est convaincu que promouvoir l’inclusion signifie «accepter l’autre, s’ouvrir à la diversité et reconnaître à l’autre ses droits à une vie décente».

Fondée en 2010 par quatre femmes personnellement impliquées dans l’intégration des personnes présentant des handicaps et soucieuses de défendre les droits de l’homme, Include envisage d’organiser davantage d’événements. Avec ce même objectif de sensibilisation à l’inclusion sociale. Au menu des activités de l’association en cours de réalisation, l’aménagement d’espaces de loisirs, l’adaptation du matériel pédagogique et le développement d’une base de données liée à l’inclusion au Liban.

Une initiative des plus louables, dans un pays où la majorité, voire la totalité des endroits publics au Liban font abstraction des personnes à besoins spécifiques.

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