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À La Une - France

La gauche française en hypercrise

Les lycéens se mobilisent après l’expulsion de deux des leurs, en situation irrégulière.

Face-à-face tendu hier à Paris entre les lycéens contestataires et la police.  Thomas Samson/AFP

La gauche française traverse une des pires crises politiques depuis son retour au pouvoir en 2012, après l'expulsion controversée d’une jeune Kosovare. La révélation de l’arrestation le 9 octobre en pleine sortie scolaire et l’expulsion le jour même au Kosovo de Leonarda Dibrani, une adolescente de 15 ans scolarisée depuis 4 ans dans l’est de la France et parlant français, a fait voler en éclats la cohésion au sein du camp du président socialiste François Hollande. Ce dernier était déjà en fâcheuse posture après 17 mois d’exercice du pouvoir. Il détient le record historique d’impopularité pour un chef d’État français depuis 1996.


Hier, les lycéens sont entrés dans le débat sur le traitement des étrangers en situation irrégulière. Quelque 2 500 lycéens, selon la police, 7 000 selon leur syndicat FIDL, ont défilé dans Paris pour réclamer le retour de Leonarda Dibrani et de Khatchik Kachatryan, un Arménien de 19 ans, scolarisé dans la capitale et expulsé samedi. « Retour de Khatchik et de Leonarda, leur place est ici », ont clamé les lycéens. Sit-in, établissements bloqués ou entrées filtrées : une vingtaine de lycées publics parisiens sur un total d’une centaine étaient perturbés, selon le rectorat. L’un des manifestants a été interpellé pour jets de projectiles et la police a fait usage de bombes lacrymogènes envers les plus agités. D’autres actions sont prévues aujourd’hui. « Le mot d’ordre, c’est de se mobiliser pour le retour des lycéens expulsés », a expliqué Steven Nassiri, porte-parole du FIDL. « C’est inadmissible que, sous un gouvernement de gauche, on doive montrer ses papiers pour entrer au lycée. Tout le monde a le droit à une éducation », a-t-il ajouté. Dans le reste de la France, des manifestations ont été signalées à Mende (Centre), avec des slogans tel « Leonarda ne va pas en cours, nous non plus », et à Avignon (Sud).


« Majorité gouvernementale à feu et à sang », « appel à la démission » du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, gestion « scandaleuse » et « inhumaine » : la presse, le Parti socialiste, l’opposition à gauche comme à droite, raillaient hier la politique du gouvernement et au premier chef de M. Valls, personnalité politique préférée des Français mais qui cristallise toutes les crispations. Cible de critiques féroces, certains, y compris au sein de son propre parti, l’accusant de mener une politique de droite en matière d’immigration, M. Valls campe sur ses positions tout en clamant bien être « de gauche » et favorable à une « politique d’intégration » des étrangers en France. La politique migratoire « doit être à la fois ferme et respectueuse du droit et des personnes », a-t-il répété hier sur Radio Caraïbes International, alors qu’il était en déplacement dans les Antilles.

 


Le père de Leonarda a menti...
M. Hollande ne s’est pas encore exprimé sur le dossier. Mercredi, le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault a tenté de calmer les esprits en annonçant que Leonarda Dibrani pourrait rentrer en France, si une « faute » des autorités était avérée au terme d’une enquête administrative en cours. Plus profondément, la polémique concentre « tous les malaises accumulés depuis le début du quinquennat sur le terrain des valeurs de la gauche », selon le quotidien Le Figaro.


Installée avec sa famille à Mitrovica, au Kosovo, Leonarda Dibrani multiplie les interviews aux médias français pour raconter son histoire et supplier de revenir en France pour reprendre l’école. Hier, des informations ont commencé à filtrer sur son père, Resat Dibrani, 47 ans, révélant qu’il avait eu des démêlés avec la justice pour des violences sur ses filles et de petits larcins. De plus, il a déclaré avoir menti aux autorités françaises sur l’origine kosovare de sa femme et de ses enfants pour tenter d’obtenir l’asile. « Toute la famille, ma femme et mes enfants, sont nés en Italie. Ils n’ont rien à voir avec le Kosovo », raconte M. Dibrani. « Nous avons demandé l’asile en France et nous ne pouvions pas montrer nos papiers italiens. Nous avons dit que nous avions fui le Kosovo », ajoute-t-il. M. Dibrani dit avoir quitté le Kosovo en 1973 ou 1974 et être prêt éventuellement à y rester, mais pas ses enfants. « Les enfants ont peur parce qu’ils ne connaissent pas la langue, ici. Ils pleurent nuit et jour. Ils disent : Papa, qu’est-ce que tu nous as fait ? Je leur dit que ce n’est pas ma faute mais celle de la France », déclare-t-il.


En outre, selon une source proche du dossier, l’étudiant Khatchik est également connu de la police pour des délits non précisés.

 


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