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Culture - Exposition

La gare de Mar Mikhaël revit le temps d’un week-end sous pinceaux et bombes de peinture

Dans le cadre pittoresque d’une gare désaffectée, près de 20 artistes libanais se sont donné rendez-vous pour coucher, tout le long d’un mur de 150 m, l’expression du temps passé à attendre le train.

Sur un pan du mur, la version libanaise du TGV.  Photo Edwin Harb Kadri

C’est pour mettre l’accent sur l’état déplorable de nos transports en commun qu’Achilea, la toute jeune boîte de production, a mis en place ce projet. Mais aussi pour rappeler qu’il fut un temps où le train sifflait au Liban, reliant la capitale libanaise à sa voisine syrienne. Un clin d’œil aux années glorieuses du pays du Cèdre qui totalisait près de 417 km de voie ferrée et 45 gares à travers le pays.


Au cœur de Mar Mikhaël, l’un des quartiers les plus animés de Beyrouth, de talentueux peintres, tagueurs et graffitistes ont décidé qu’en attendant le train, ils donneraient un peu de couleur aux murs de la gare. Certains, rageurs, ont craché à la face du monde leur colère et leur frustration, leur sentiment de profond désespoir, d’abandon peut-être, représentés par des tons sombres et des personnages grisâtres. On se croirait presque dans une version figée d’un fantastique Tim Burton où l’imaginaire, trop beau pour être vrai, se heurte à la cruelle réalité. Les romantiques se sont laissés transporter par la Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France. Le poétique Blaise Cendrars y relate le voyage d’un jeune homme dans le train allant de Moscou à Kharbine en compagnie de Jehanne qui, au fil des vers et du trajet, se révèle être une prostituée. Les plus excentriques ont opté pour un excès de motifs et de couleurs, comme pour narrer un chaos que l’on connaît trop bien. Les plus nostalgiques ont peint un Liban qui a été celui des tarbouches et des toits de briques, celui des traditions et du folklore. Faire l’aller-retour d’un pan de mur à un autre et s’arrêter sur le mur du rêve, où les plus courageux ont osé vouloir être président de la République, les plus naïfs ont demandé la paix et les plus optimistes ont rêvé d’un train qui se fait toujours attendre.


S’arrêter, le temps de bien observer le travail de cette génération de jeunes talents, se poser sur le banc de son choix, celui à roue ou celui recouvert de lego, la dernière création de Dispatch Beirut, l’ONG qui s’attelle à reconstruire des recoins de la capitale à l’aide de ces petits jouets danois. S’arrêter et tout remettre en question; penser à tout ce temps passé sur les routes à se ruiner la santé jusqu’au dernier nerf, penser à tous ces parcs qui auraient pu fleurir à la place des parkings, penser à cette pauvre couche d’ozone qu’on devrait épargner... et essayer tant bien que mal de se raccrocher à toute lueur d’espoir.

 

Pour mémoire

Gares, trains, wagons, voies ferrées : entre décombres et lumière

 

Bechara rêve d’entendre siffler le train (réservé aux abonnés)

 

C’est pour mettre l’accent sur l’état déplorable de nos transports en commun qu’Achilea, la toute jeune boîte de production, a mis en place ce projet. Mais aussi pour rappeler qu’il fut un temps où le train sifflait au Liban, reliant la capitale libanaise à sa voisine syrienne. Un clin d’œil aux années glorieuses du pays du Cèdre qui totalisait près de 417 km de voie ferrée...

commentaires (1)

Douce nostalgie dans l'espoir de fredonner un jour et j 'entends siffler le train . Nazira.A.Sabbagha

Sabbagha Antoine

15 h 12, le 14 octobre 2013

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Commentaires (1)

  • Douce nostalgie dans l'espoir de fredonner un jour et j 'entends siffler le train . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 12, le 14 octobre 2013

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