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Liban - Coopération

Les forêts ont désormais leurs experts « made in Lebanon »

Grâce à une collaboration avec l’Université de Cordoue (Espagne), dans le cadre d’un programme mis en œuvre par le Centre de recherche appliquée au développement et à l’agroforesterie (DIPA), l’Université libanaise (UL) a instauré un nouveau diplôme en sylviculture.

M. Poyatos, Mme Hernando et Mme Roda au cours de l’interview.

Le Liban est un pays de forêts... ou ce qu’il en reste. Dans tous les cas de figure, former des experts forestiers dans ce pays ne devrait pas être considéré comme un luxe. Or il est surprenant de relever que jusque-là, les nombreuses universités et facultés du Liban ne proposaient pas une telle formation aux étudiants. Ceux qui étaient désireux d’en avoir devaient voyager plus ou moins loin.


Cette lacune a récemment été comblée grâce à une coopération libano-espagnole. Un nouveau diplôme a été mis en place à l’UL par l’intermédiaire d’un programme avec l’Université de Cordoue, une initiative de la Coopération espagnole. De plus amples détails nous sont fournis par Miguel Angel Navarrete Poyatos, ingénieur forestier, coordinateur régional de projets sur le Proche-Orient, rencontré en présence de Milagros Hernando, ambassadrice d’Espagne.


Pourquoi l’intérêt de l’Espagne pour le secteur forestier au Liban? «L’Université de Cordoue travaille dans les pays méditerranéens arabes depuis plusieurs années: au Liban, en Syrie, en Jordanie... explique M. Poyatos. Au Liban, les universités existantes ne proposaient pas de diplômes en génie forestier. Au lieu de concevoir un programme de coopération sur, par exemple, le reboisement ou la gestion hydraulique, nous avons pensé qu’il serait plus important de transférer les connaissances et les technologies. La première étape à entreprendre au Liban devait consister, à notre sens, dans la création de ce diplôme en génie forestier dans une université libanaise, afin de permettre au Liban de former ses propres ingénieurs forestiers.»


Ce diplôme qui fait partie de la faculté d’agronomie de l’Université libanaise (UL) vient donc d’être établi. Les étudiants choisissent, pour les deux dernières années, une des spécialisations en génie forestier: ils suivent des cours sur le reboisement, la lutte contre les feux de forêt, la gestion des ressources hydrauliques, la gestion durable des ressources naturelles, comme les produits non ligneux (qui ne sont pas du bois) par exemple, ou encore les techniques modernes adaptées au génie forestier, à l’instar de la télédétection, les méthodes de recherche et de recensement, la géologie. Ces étudiants sont formés pour être ingénieurs agronomes, mais, dans le cadre de leur spécialisation, ils auront dorénavant l’option du génie forestier.


M. Poyatos précise qu’une seconde phase de ce projet devait être financée par la Coopération espagnole, mais il n’a pas été possible de lever les fonds nécessaires en raison de la situation actuelle en Espagne. «L’équipe de l’Université de Cordoue se trouve toutefois toujours au Liban, poursuit-il. Nous cherchons des fonds, bien sûr, mais pas que ça : nous identifions de nouveaux secteurs de recherche, nous dirigeons des thèses, nous lançons un programme de doctorat entre les deux pays pour permettre un échange d’étudiants entre l’Espagne et le Liban. Nous avons formé les professeurs en vue de ce diplôme. Si nous recherchons des sources de financement auprès de donateurs internationaux, c’est que nous voulons aussi mettre un place un réseau régional de recherche forestière dans les pays méditerranéens, le Liban inclus. Nous avons déjà atteint de bons résultats grâce à cette collaboration fructueuse.»
Suite à ce diplôme mis en place avec l’UL, la partie espagnole est en pourparlers avec d’autres universités qui ont des facultés d’agronomie et qui seraient intéressées à implanter ce même diplôme libano-espagnol chez elles, dans le cadre d’une éventuelle seconde phase du projet.

 


80 % de femmes...
Y a-t-il déjà eu, ou y aura-t-il à l’avenir, une évaluation de l’impact de ce diplôme libanais sur la gestion des forêts sur le terrain? «Cette année, la première promotion d’ingénieurs forestiers libanais sera diplômée, souligne M. Poyatos. Mais il nous faudra du temps pour estimer l’impact réel de cette formation sur le terrain. Nous avons déjà lancé cinq projets de recherche, mais ils ne sont toujours pas en état d’application. Toutefois, ce qu’il faut retenir, c’est qu’à partir de cette année, nous lancerons continuellement de nouvelles promotions d’ingénieurs forestiers sur le marché du travail.»


Quelle différence fera cette formation dans le métier de forestier au Liban? «Plus de connaissances, plus de technicité, répond-il. Au Liban, actuellement, il y a beaucoup de bonne volonté, et les initiatives de reboisement se multiplient. Mais une grande partie des plants meurent prématurément en raison d’un manque de technicité dans les ministères et les ONG. Avec une telle formation, l’approche sera plus scientifique, plus technique.»


Et d’ajouter: «L’évolution est la même dans tous les pays. Je me souviens qu’il y a trente ans, quand j’étais au Pays basque, j’ai été témoin d’une politique de reboisement de terrains dégradés qui a tourné au désastre parce que les méthodes étaient mauvaises, les espèces sélectionnées n’étaient pas les bonnes. Avec le recul, les erreurs ont été analysées. C’est ce genre d’erreurs que la coopération devrait permettre d’éviter, par l’échange d’expériences entre les pays.»


La plupart (80%) des bénéficiaires de ce programme, entre étudiants et professeurs, sont des femmes. Quel rôle jouera donc ce programme dans l’égalité des chances au niveau du marché du travail, dans la lutte contre la discrimination, notamment en zone rurale? «Nous avons constaté que 80% des étudiants de notre première promotion étaient des femmes, confirme M. Poyatos. La plupart des professeurs étaient également des femmes, mais elles n’ont pas été choisies sur un critère de genre, mais plutôt sur leur bagage en foresterie. Pour ce qui est de la création d’emplois, il est clair que les femmes rurales, qui sont souvent à revenus limités, pourront profiter des nouvelles compétences à ce niveau dans le pays.»


Il convient de relever dans ce cadre que la plus grande partie du budget de ce programme a été assurée par l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID), et le reste par l’Université de Cordoue. L’UL a offert des locaux et a signé les contrats avec les professeurs.

 

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Le Liban est un pays de forêts... ou ce qu’il en reste. Dans tous les cas de figure, former des experts forestiers dans ce pays ne devrait pas être considéré comme un luxe. Or il est surprenant de relever que jusque-là, les nombreuses universités et facultés du Liban ne proposaient pas une telle formation aux étudiants. Ceux qui étaient désireux d’en avoir devaient voyager plus ou...
commentaires (2)

çà pousse ,le béton?

GEDEON Christian

13 h 48, le 22 juillet 2013

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Commentaires (2)

  • çà pousse ,le béton?

    GEDEON Christian

    13 h 48, le 22 juillet 2013

  • LE LIBANAIS... MANIAQUE DE LA DÉFORESTATION ! ET DE LA BÉTONISATION !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 56, le 22 juillet 2013

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