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Liban - La situation

Salam fait de la résistance

Le seuil d’intolérance – pour ne pas dire de rupture – semble en passe d’être franchi entre le Premier ministre désigné, Tammam Salam, et le 8 Mars.
M. Salam attendait une réponse de ce camp à la formule des trois tiers qu’il avait envisagée pour son gouvernement de 24 ministres, à savoir huit ministres pour le 14 Mars, huit autres pour le 8 Mars et encore huit pour lui-même et le centre, incarné principalement par le président de la République, Michel Sleiman, et le chef du PSP, Walid Joumblatt.


La réponse a été formulée jeudi par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a dit son attachement à une « participation active » au sein du cabinet, en fonction des « poids » de chacune des composantes. Dans le jargon du 8 Mars, cela traduit une volonté de disposer, d’une façon ou d’une autre, du tiers de blocage. Dans le cas d’un cabinet de 24, il faudrait donc 8 + 1.
La délégation du 8 Mars qui avait été reçue il y a quelques jours par M. Salam avait promis de retourner chez lui avec une réponse définitive aux critères qu’il avait définis, sachant qu’il avait rejeté toutes les tentatives, directes ou indirectes, visant à former quelque chose qui ressemble à un tiers de blocage au sein de son gouvernement.
Les deux Khalil (Ali pour le Hezbollah et Ali Hassan pour Amal), éternels négociateurs, n’avaient pourtant épargné aucun effort pour trouver une formule ou une appellation (« ministre-roi », « ministre-dépôt », etc.) qui serait acceptable par le Premier ministre désigné.


En vain. M. Salam est resté ferme sur ses positions, affirmant que la formule des trois 8 « nets » était non négociable. Le maximum qu’il a concédé était de se présenter lui-même comme un garant pour toutes les parties, de sorte qu’en cas de démission d’une des principales composantes, il présenterait à son tour sa démission.
Mais il a assuré en revanche qu’il n’accorderait le tiers de blocage à personne, parce que l’expérience a montré l’échec des gouvernements formés sur cette base et qui ont été des gouvernements de blocage plutôt que d’action. Et d’ajouter à l’intention des deux Khalil : « J’attends la réponse du 8 Mars le plus tôt possible. Le temps presse et il ne m’est plus possible d’attendre longtemps. »


En fait, ce que s’efforce de faire le Premier ministre désigné, c’est de retourner à l’orthodoxie constitutionnelle en matière de formation du gouvernement. Il rejette ainsi les tentatives de certaines parties d’introduire des concepts nouveaux, telle que la représentation proportionnelle des groupes au sein du gouvernement et encore la prétendue dichotomie entre poids parlementaire et poids populaire.
Pour lui, les mécanismes sont clairs : c’est au Premier ministre désigné qu’il revient de former le gouvernement en concertation avec le chef de l’État et après avoir entendu l’avis des blocs parlementaires. Mais il n’est tenu par aucune condition ou doléance. Certes, il cherche à assurer à son gouvernement la plus large assiette parlementaire, mais cela ne signifie pas que ce sont les autres qui forment le gouvernement.
Pour parvenir à ses objectifs, M. Salam semble prêt à en découdre : il a ainsi affirmé à ses visiteurs qu’il comptait prochainement s’adresser à l’opinion pour l’informer des détails des tractations en vue de la mise en place du gouvernement et qu’il n’avait nullement l’intention de se récuser.


Pour certains de ces visiteurs, les intentions du 8 Mars sont claires : ce camp cherche par tous les moyens à perpétuer la vie du cabinet sortant, parce que cela lui permet de continuer à contrôler les principaux ministères, même dans le cadre de l’expédition des affaires courantes. Voilà pourquoi les concessions faites jusqu’ici par le Premier ministre désigné au 8 Mars, comme par exemple sur la taille du cabinet, ont toujours été accueillies par de nouvelles demandes, de nouvelles conditions. Et ce n’est que le début du processus puisqu’on discute encore de la forme du gouvernement et de sa composition. Qu’en serait-il lorsque viendra le tour de l’attribution des portefeuilles, puis de la bataille prévisible sur la déclaration ministérielle ?
Sur ce dernier point, il est clair que le secrétaire général du Hezbollah a définitivement tourné le dos jeudi à la déclaration de Baabda, appelée pourtant à devenir le credo du prochain gouvernement. Et il a fait de même avec la politique de « distanciation » vis-à-vis de la guerre en Syrie.
Dans certains milieux politiques, on attribue cette radicalisation à un mot d’ordre iranien formulé en riposte au rapprochement américano-russe qui s’est fait visiblement aux dépens de Téhéran.
De tels développements ne peuvent pas ne pas avoir d’incidences sur le contexte libanais.

 

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commentaires (4)

CLASSE, CE TAMMAM BÉÉÉK !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 47, le 12 mai 2013

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Commentaires (4)

  • CLASSE, CE TAMMAM BÉÉÉK !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 47, le 12 mai 2013

  • Salam ....c'est comme la sublime porte...! tout le monde attend l'ouverture ...mais personne n'a vraiment la clef...!

    M.V.

    09 h 43, le 12 mai 2013

  • PAS DE TIERS DE BLOCAGE SOUS QUEL NOM QU'ON VEUILLE LUI DONNER ! ERREUR RÉPÉTÉE NE SERAIT PLUS UNE ERREUR... MAIS... UNE TRAGÉDIE !

    SAKR LOUBNAN

    07 h 21, le 12 mai 2013

  • Attitude negative si les Americains et les Russes se sont entendus aux depens de Teheran. Le regime syrien va bientot tomber. Il ne reste plus que l'Iran et le Hezbollah. Pourront-ils faire face aux Americains, aux Russes, aux Europeens et aux Israeliens? Je suis pour un Liban uni, je respecte toutes les confessions et je suis contre le plan israelo-americain qui consiste a diviser la region. Mais si la donne a change, on cree une guerre regionale, ou pire mondiale, sachant qu'elle est perdue d'avance? Il faut penser aux consequences... Et puis je reproche a Sayyed Hassan Nasrallah - pour qui j'ai une grande admiration - de penser aux interets de l'Iran, de la Syrie et de la Palestine avant ceux du Liban!

    Michele Aoun

    12 h 13, le 11 mai 2013

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