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Liban - Législatives

Loi électorale : des positions toujours aussi éloignées

Les milieux du 14 Mars rejettent catégoriquement la circonscription unique.

La délégation des chrétiens indépendants chez Mgr Audi. Photo Dalati et Nohra

Les positions restent aussi éloignées que jamais sur la loi électorale alors que se rapproche la date à laquelle le collège électoral doit être convoqué en vue des législatives du 9 juin. Dans les milieux du 14 Mars, on souligne la nécessité de respecter les échéances et on rejette totalement la dernière proposition du 8 Mars, la circonscription unique.
L’ancien vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, à qui l’on attribue la paternité de la proposition du Rassemblement orthodoxe, a une fois de plus défendu son projet hier, à l’occasion d’une visite chez le chef du CPL, le général Michel Aoun.
Interrogé par les journalistes sur la position hostile du président de la République, Michel Sleiman, à l’égard de cette proposition, M. Ferzli a laissé entendre que l’attitude du chef de l’État pouvait être le fruit d’un malentendu. « Que le Conseil constitutionnel soit l’arbitre entre nous », a-t-il lancé, dans une allusion à la volonté du président Sleiman d’attaquer la formule « orthodoxe » devant cette instance si elle devenait loi.
« Nous aimons le chef de l’État et nous le respectons. Mais il n’est pas permis que sa position soit utilisée par certains comme une barricade derrière laquelle ils s’abritent pour ouvrir le feu. Je doute que le président veuille servir de barricade pour quiconque », a-t-il encore dit.
En face, Robert Ghanem, président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, et député de la Békaa-Ouest, a prévenu que la date du scrutin était « en danger » de ne pas être respectée si un accord n’était pas conclu d’ici à dix jours.
Pour M. Ghanem, qui avait présidé les travaux de la sous-commission ad hoc sur la loi électorale, « l’un des camps en présence ne souhaite pas qu’il y ait des avancées » vers un compromis sur un projet de loi, et ce camp, c’est celui qui est « représenté par le Hezbollah et par Aoun ».
Le ministre des Affaires sociales, le joumblattiste Waël Bou Faour, qui avait été reçu jeudi par le chef de l’État, Michel Sleiman, au palais de Baabda, a fait état dans le quotidien an-Nahar d’un accord avec le président sur la nécessité du déroulement des élections à la date prévue, ainsi que de la mise en place de l’organisme de supervision des élections, « indépendamment de la loi qui sera en vigueur ».
« Les élections ne doivent pas être otages d’une législation quelconque tant qu’il existe une loi en vigueur », a souligné M. Bou Faour.

 

(Lire aussi : Le projet orthodoxe de nouveau en lice, l'éclairage de Scarlett Haddad)

Les chrétiens indépendants chez Audi
De son côté, une délégation des députés et des responsables chrétiens indépendants du 14 Mars s’est rendue hier chez le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, dans le cadre de la croisade menée par ces personnalités contre la proposition Ferzli. La délégation comprenait le vice-président de la Chambre, Farid Makari, les députés Boutros Harb, Michel Pharaon, Antoine Saad, Fouad Saad, Nicolas Ghosn et Dory Chamoun, ainsi que les anciens parlementaires Camille Ziadé et Salah Honein, et le secrétaire du Renouveau démocratique, Antoine Haddad.
À l’issue des discussions, M. Makari a souligné dans une déclaration la nécessité du déroulement des élections à la date prévue. « Nous rejetons les tentatives, franches ou dissimulées, menées par certaines parties pour obtenir l’ajournement du scrutin », a-t-il dit, ne laissant la porte ouverte que pour un « report technique à durée limitée ».
Selon M. Makari, certaines propositions avancées, comme la circonscription unique, sont de caractère « rédhibitoire et non sérieux » et visent à « exercer un chantage sur le camp souverainiste dans le but de faire sauter les élections ».
Pour sa part, M. Pharaon s’est élevé plus généralement contre « le commerce » auquel se livrent certaines parties sur les « justes doléances chrétiennes ».
Pour le député de Beyrouth I, ces doléances ne sont pas uniquement électorales. « Elles touchent aussi à la conjoncture économique, à la non-application des accords touchant au pacte et des décisions de la conférence de dialogue, à l’accord de Taëf, au compromis de Doha et à la déclaration de Baabda », a-t-il martelé, soulignant que « ce commerce a pour but de tenter d’ajourner les élections ».
Dans les rangs du courant du Futur, le député Ammar Houry a accusé le 8 Mars d’avoir « diabolisé la loi actuelle, c’est-à-dire la loi de Michel Aoun à Doha, pour une raison notoire : parce qu’ils ont perdu les élections ».
Pour M. Houry, le projet « orthodoxe » ne bénéficie plus d’une majorité à la Chambre ni de « quorum national ».
Quant à son collègue Atef Majdalani, il a rejeté tout report du scrutin, même à caractère technique. « Si les élections sont reportées d’un seul jour, elles le seront de plusieurs années », a-t-il prévenu.
Le PNL a constaté, sans émettre de critique à ce sujet, que l’on s’oriente de plus en plus vers le système mixte, majoritaire-proportionnelle. Il a appelé à des efforts soutenus afin de parvenir, dans ce cadre, à un accord sur la part de la majoritaire et celle de la proportionnelle ainsi que sur le nombre de circonscriptions.
« La nécessité du déroulement des élections dans les délais prévus impose que l’on tranche rapidement ces deux points », poursuit le PNL, tout en rappelant sa préférence initiale pour la majoritaire uninominale et en exprimant son « rejet catégorique » de la circonscription unique.
Par ailleurs, un dirigeant du 14 Mars cité par le journal koweïtien as-Siassa estime que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a porté « le coup de grâce » aux élections législatives lors de sa dernière prestation télévisée, d’abord en proposant la formule de la circonscription unique puis en se livrant à une « hausse des enchères » en matière de sécurité.
Cette source note que la circonscription unique n’a jamais été une proposition sérieuse en vue de la loi électorale. Elle a toujours servi d’« épouvantail » que certaines parties ressortaient au besoin pour faire peur aux chrétiens.
Or, ajoute encore ce responsable, qui n’est pas nommé, le secrétaire général du Hezbollah a « lancé sa bombe » après avoir constaté que « la manœuvre du projet dit “orthodoxe” a fait long feu » et alors que le président de la Chambre, Nabih Berry, annonçait le retrait de sa proposition mixte. Cela veut dire qu’on cherche à coincer tout le monde et à rendre impossible tout accord sur une nouvelle formule, estime-t-il. 

 

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