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Économie - Liban - Social

La grille des salaires lundi au Parlement, les organismes économiques menacent...

À quelques jours de la grève générale prévue mardi par le comité de coordination syndicale, le Premier ministre, Nagib Mikati, a annoncé hier que la grille des salaires allait sans doute être transmise lundi au Parlement pour adoption finale. « Trahis, embobinés, scandalisés », c’est en des termes très durs que les organismes économiques ont réagi à cette annonce, menaçant également de faire monter le ton.

Chammas : Le coût d’une grève générale est de loin inférieur aux coûts qui vont être provoqués par l’adoption désordonnée de la grille des salaires. Photo Marisol Rifaï

« Le gouvernement devrait se réunir lundi en une séance extraordinaire pour clore le dossier de la grille des salaires après en avoir assuré les sources de financement, pour ensuite le transmettre au Parlement », a affirmé hier le Premier ministre, Nagib Mikati.


De son côté, le ministre des Finances, Mohammad Safadi, avait indiqué plus tôt dans la matinée que son ministère avait présenté une proposition de financement de la grille « qui n’a toujours pas été approuvée par le Conseil des ministres ».


Cette annonce n’a toutefois pas réussi à apaiser les syndicats qui, à l’appel du comité de coordination syndicale, ont affirmé hier maintenir la grève générale prévue mardi prochain. « Les grèves sont devenues à la mode », a déclaré le ministre de l’Économie, Nicolas Nahas, au quotidien al-Joumhouria, publié vendredi. Le ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, a de son côté affirmé que la demande des syndicats concernant le transfert de la nouvelle échelle des salaires était « juste ». « Le retard souligne l’échec du gouvernement à régler la crise touchant le secteur public », a-t-il indiqué au journal as-Safir.

Les organismes économiques se disent « trahis » par Mikati
« C’est un véritable coup de Jarnac », a affirmé le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, à L’Orient-Le Jour, suite à la réunion d’urgence qu’il a tenue avec le président des organismes économiques, Adnane Kassar, le président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB), Mohammad Choucair, et le président de la Chambre de commerce internationale, Wajih Bizri. « Nous avons été embobinés par le Premier ministre, toutes les réunions qu’on a tenues avec lui n’ont servi strictement à rien », s’est indigné M. Chammas. Selon lui, M. Mikati s’était engagé à recueillir l’aval des organismes économiques sur la grille et son financement avant de transférer le projet de loi au Parlement.


La première condition sur laquelle les instances économiques ne veulent pas négocier concerne le financement de la grille « qui ne doit en aucun cas être synonyme de nouveaux impôts ou taxes ». « Or les sources de financement proposées par le Premier ministre, à savoir l’augmentation du coefficient d’exploitation foncière et hausse sélective des tarifs d’électricité, provoquent une levée de boucliers au sein même de son gouvernement », a affirmé le président de l’ACB, qui se dit inquiet que la solution fiscale finisse par l’emporter.
Quant à la deuxième condition préconisée par les organismes économiques, celle de mettre en place un paquet législatif pour revigorer la réforme administrative et accompagner la grille des salaires, « elle a également été jetée aux oubliettes », a regretté M. Chammas.


« C’est donc un goût amer qu’il nous reste des nombreuses discussions avec le Premier ministre et une crainte de voir les secteurs économiques, financiers et bancaires s’écrouler, s’est inquiété M. Chammas, déjà que le déficit budgétaire prévu pour 2013 est 5 250 milliards de livres, et cela avant d’y inclure la grille des salaires. »
Pour lui, « les intérêts économiques et financiers du pays ont clairement été écartés au profit de considérations politiques ». « Le gouvernement cède face à la menace de la rue et c’est inadmissible, sachant par ailleurs que le coût d’une grève générale est de loin inférieur aux coûts qui vont être provoqués par l’adoption désordonnée de la grille des salaires », a-t-il ajouté.


Aujourd’hui même, une réunion exceptionnelle est prévue à 8 heures avec tous les représentants des organismes économiques, « qui vont publier un communiqué très dur à l’égard de la décision du Premier ministre », a conclu le président de l’ACB.

 

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