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Nos Lecteurs ont la Parole

Arbitrage présidentiel

Christian JEANBART
Suite à l’assassinat du général Wissam el-Hassan, nombreux sont ceux qui ont réclamé le départ du gouvernement. Ne cherchant pas à s’imposer mais appréhendant le vide, plutôt que de démissionner, le président Mikati a eu pour premier réflexe le fait de s’en remettre à l’arbitrage du chef de l’État. Il s’était alors contenté de lui proposer sa démission sans aller plus loin. Le président Sleiman l’a d’ailleurs prié à juste titre de surseoir à cette mesure le temps d’entamer les consultations, notamment avec les membres du comité de dialogue.
Au même moment, en dépit de l’insatisfaction populaire, les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU mettaient en garde, à l’unanimité, les autorités libanaises contre un vide de l’exécutif. Certains d’entre eux toutefois admettront ultérieurement la nécessité du changement. Au demeurant, le chef du gouvernement – qui n’entend pas les choses de la même oreille que l’opposition et dont le premier geste était principalement destiné à contenir la foule – est revenu sur sa décision, nuançant ainsi sa position initiale de manière assez consistante.
Il y a donc d’un côté une grogne populaire contre le gouvernement et, d’un autre, les conséquences désastreuses du vide si le Premier ministre décidait carrément de présenter sa démission. Pendant ce temps, le président de la République poursuit sans répit ses consultations en vue de mettre en place dans les meilleurs délais une nouvelle équipe
pour l’exécutif.
Et revoilà une circonstance de plus qui montre à quel point il est nécessaire, dans certaines situations, d’assurer une transition salutaire sans risque de se précipiter vers l’inconnu ; car le temps de former un nouveau cabinet qui ne suscite aucune objection significative de part et d’autre peut s’avérer long, et donc déboucher sur une crise en bonne et due forme qui, avec le temps, deviendrait de plus en plus difficile à gérer.
Il est par conséquent essentiel d’avoir un mécanisme à cet effet, prêt à l’emploi pour parer à toute urgence et à toute éventualité, et validé par les textes constitutionnels. Mais à qui peut-on donner ce pouvoir si ce n’est au président de la République en personne. N’est-il donc pas grand temps de lui ouvrir la possibilité de former tout au moins un gouvernement de transition, pour pouvoir exercer encore plus efficacement son rôle d’arbitre, surtout quand le paysage politique annonce la tempête et dévoile un besoin pressant d’en anticiper les dégâts ?
Ce recours, quand il sera possible, aura un double intérêt : premièrement, il contribuera à calmer rapidement la colère des contestataires et, deuxièmement, il permettra à la magistrature suprême de consacrer le temps qu’il faut pour entreprendre, hors de toute pression, les consultations d’usage avant la formation d’un gouvernement permanent sans que l’une ou l’autre des parties ne se sente lésée.

Christian JEANBART
Suite à l’assassinat du général Wissam el-Hassan, nombreux sont ceux qui ont réclamé le départ du gouvernement. Ne cherchant pas à s’imposer mais appréhendant le vide, plutôt que de démissionner, le président Mikati a eu pour premier réflexe le fait de s’en remettre à l’arbitrage du chef de l’État. Il s’était alors contenté de lui proposer sa démission sans...
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