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Liban

Rokon Abadi à l’USJ : « Il n’y a pas de véritable opposition en Iran »

Le département d'histoire de la faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Saint-Joseph et la revue « Magazine » ont organisé une rencontre débat avec l'ambassadeur d'Iran, Ghadanfar Rokon Abadi, au campus des sciences humaines de l'université. Au programme : la politique étrangère de l'Iran, sa politique régionale et ses relations « spéciales » avec le Liban.
Cette rencontre s'est présentée « sous forme de cours magistral », a confié le doyen de la faculté, Jarjoura Hardane. Les étudiants ont posé leurs questions à l'ambassadeur, en présence d'un public informé.
Le rédacteur en chef de Magazine, Paul Khalifeh, modérateur de session, a noté : « L'Iran est une des forces majeures du Moyen-Orient. Se situant aux confins de l'ex-URSS, il se trouve aujourd'hui au cœur des événements qui secouent la région. Ses ambitions sont claires : il compte mener à fin son programme nucléaire et apporte un soutien absolu à la résistance palestinienne. L'Iran ne cache pas aussi son intérêt de plus en plus prononcé pour la politique des pays arabes. »
Après cette brève présentation, l'ambassadeur a pris la parole : « La politique de la République islamique iranienne a été introduite par l'ayatollah Khomeyni lors de la révolution islamique de 1979. Mais même si l'État est théocratique, le système a une dimension représentative. Un processus électoral permet l'élection du président de la République, des députés et des membres de l'Assemblée des experts. La politique de la révolution islamique est soutenue par la quasi-totalité (98 %) de la population iranienne. Le régime est farouchement défendu par les jeunes qui constituent la majorité de la population en Iran. Pour les jeunes, « ce bond en avant » est dû à l'observance des principes de la révolution », a-t-il affirmé.

Politique étrangère
Pour l'ambassadeur Rokon Abadi, la mission de l'Iran est de « défendre tous les peuples opprimés ». Concernant les ingérences iraniennes dans les pays du Golfe, et en réponse à la question d'un étudiant qui lui demandait si l'on pouvait parler « d'un nouvel empire perse qui aurait des visées sur la région », le diplomate a assuré que « la politique iranienne est de ne pas nous mêler des affaires intérieures des pays ».
Réagissant ensuite aux accusations d'espionnage et à la volonté de Téhéran d'exporter la révolution vers les pays du Golfe, M. Rokon Abadi a affirmé : « Nous ne pouvons que défendre les droits naturels des opprimés du Bahreïn. Il faut y protéger les minorités. »
« Et le jihad ? » lui demande l'étudiant. « Son principe moteur, répond l'ambassadeur, c'est la défense du pays contre les visées impérialistes des États-Unis, des sionistes et de la communauté internationale. »
Pour M. Rokon Abadi, « l'Iran vit dans une sorte d'autarcie, mais il a des relations diplomatiques avec tous les pays sauf certains qui entretiennent des relations avec Israël. L'Égypte en était un. Lors du blocus de Gaza, un navire iranien de ravitaillement a été envoyé aux habitants de ce territoire. Les Égyptiens n'ont cependant pas permis à ce navire de passer par le canal de Suez. Les vivres ne sont donc pas arrivés aux habitants de Gaza. Comment voulez-vous alors qu'on ait des relations diplomatiques avec l'Égypte ? Avec la fin du régime Moubarak, la donne a changé. L'Iran reconsidérera ses relations avec l'Égypte de la révolution ».

Le « réveil arabe »
Évoquant le « réveil arabe », M. Rokon Abadi a poursuivi : « La révolution égyptienne est la révolution des jeunes. Les intellectuels n'ont fait que les suivre. Mais en Syrie, le cas n'est pas le même. Pour réussir, une révolution a besoin de deux conditions : premièrement, une prédisposition mentale à la révolte et des conditions économiques déplorables. Ces deux paramètres ne sont pas réunis en Syrie. Et contrairement à l'Égypte, la Syrie n'entretient pas de relations diplomatiques avec Israël. »
Pour ce qui concerne Bahreïn, l'ambassadeur a dit : « Nous ne demandons pas la chute de régime, mais une réforme juste. »
Comme les étudiants soulignaient la contradiction flagrante entre la politique intérieure iranienne répressive et son soutien aux révoltes dans d'autres pays (Égypte, Bahreïn), le diplomate a rétorqué qu'il n'y avait pas de répression en Iran « pour la simple raison qu'il n'y a pas de véritable opposition ».
« Les minorités chrétiennes, juives et sunnites y sont même protégées », a-t-il ajouté.

L'Iran et le Liban
Le troisième et dernier volet concernait les relations entre l'Iran et le Liban. L'ambassadeur a commencé par évoquer les aides iraniennes au Liban dans les secteurs de l'eau et de l'électricité (6 000 mégawatt passant par la Turquie et la Syrie). « L'Iran compte aussi offrir à l'État libanais un avion et un navire de guerre, ainsi que des bus et des minibus. Après la guerre de 2006, l'Iran a aussi offert des aides à la reconstruction », a-t-il dit.
La question du Hezbollah a été éludée et M. Rokon Abadi en a parlé de façon évasive, à la grande déception du public : « Nous ne voulons pas intervenir dans les affaires intérieures des pays, mais nous croyons au "caractère sacré" des armes contre Israël. Nous saluons les exploits héroïques des résistants. Nous sommes prêts aussi à fournir des armes à l'armée libanaise. Le Hezbollah est un partenaire, et non un organe greffé sur le tissu social libanais. Il est nécessaire à son équation politique. Le système démocratique libanais doit être, selon nous, fondé sur la "démocratie du nombre" qui respecte et représente toutes les minorités. Pour ce qui concerne par ailleurs la question du tribunal international qui enquête sur le meurtre de Rafic Hariri, nous en redoutons la politisation qui finirait par semer la discorde à l'intérieur du paysage politique local et régional. »
Cette rencontre s'est présentée « sous forme de cours magistral », a confié le doyen de la faculté, Jarjoura Hardane. Les étudiants ont posé leurs questions à l'ambassadeur, en présence d'un public informé.Le rédacteur en chef de Magazine, Paul Khalifeh, modérateur de session, a noté : « L'Iran est une des forces majeures du Moyen-Orient. Se situant aux confins de l'ex-URSS, il...
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