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Liban

Au Metn, sur cinquante municipalités, une dizaine de batailles politiques

Entre appartenance politique et allégeance familiale, les électeurs du Metn ont choisi hier leurs représentants aux conseils municipaux.

Dans la plupart des villages du Metn où l'on s'est livré des batailles sans merci - purement politiques - lors des élections législatives, la tendance était hier à des batailles de clans et de familles. Uniquement dans une dizaine de localités du caza, qui compte cinquante municipalités, on livrait des batailles politiques, où pesait également le poids des familles.
Hier, trois facteurs essentiels étaient à retenir au Metn :
Premièrement, à Antélias-Naccache, Zalka-Amaret Chalhoub et Sin el-Fil, le vote arménien, notamment celui du Tachnag, devait faire pencher la balance en faveur de l'une des listes en lice soutenue par le parti. En journée, beaucoup ignoraient si le Tachnag allait soutenir le CPL ou l'ancien ministre Michel Murr ou allait diviser ses voix entre ses deux alliés. Sur le terrain, les scrutateurs du Tachnag ne donnaient aucune information aux journalistes, ne fût-ce que le nombre des électeurs arméniens, et les invitaient à se rendre au quartier général du parti, à Bourj-Hammoud. Dans cette localité, fief des Arméniens du Liban, une liste avait été élue d'office la semaine dernière...
Deuxième paramètre : le CPL avait choisi de mener la bataille avec son allié, le PSNS, dans les localités où il s'attendait, à tort ou à raison, à percer. C'était le cas d'Antélias, de Sin el-Fil, de Zalka-Amaret Chalhoub, de Beit Chabab, de Aïntoura el-Metn, et de Mazraet-
Yachouh. Dans les autres localités, il s'était allié soit aux Forces du 14 Mars, soit aux familles.
Troisièmement : il fallait aussi compter avec le panachage des listes ; lors des élections municipales, où tout le monde se connaît, on vote toujours pour ses connaissances et ses proches à moins que l'on soit véritablement politiquement engagé.
À Antélias-Naccache, où l'on devait choisir quinze membres au conseil municipal, deux listes s'affrontaient : l'une, présidée par Élie Abou Jaoudé, était soutenue par Michel Murr, les Kataëb, les FL et Nassib Lahoud, et l'autre, présidée par Joseph Safi, était soutenue par le CPL, le PSNS et le Tachnag.
À Kornet Chehwan, trois listes, dont l'une complète, s'affrontaient. La bataille était familiale par excellence. Par exemple, deux frères se livraient bataille, l'un en tant que candidat indépendant et l'autre dans une liste incomplète. À retenir également dans cette petite municipalité, qui compte douze membres, la présence de sept candidates femmes, dont l'une, Nada Zaarour, présidait une liste.

Beit-Chabab et Aïntoura
C'est une bataille politique que l'on se livrait à Beit Chabab-Chaouiyé-Enaitra. Trois listes s'affrontaient, l'une était soutenue par les Forces du 14 Mars, notamment les Kataëb et les Forces libanaises, l'autre par le député Michel Murr et présidée par l'actuel président du conseil municipal Élias Achkar, et une troisième soutenue par le CPL et le PSNS.
Les Kataëb et les alliés de Michel Murr ont essayé jusqu'à vendredi soir de parvenir à un consensus. En vain.
Ainsi donc, pour la première fois depuis douze ans, la localité était témoin d'élections municipales. Lors des deux derniers tours des municipales, en 1998 et en 2004, le village était parvenu à un consensus.
Youssef Achkar, responsable du parti Kataëb au village, explique que Beit Chabab compte environ 3 000 électeurs - se présentant aux urnes - et jamais l'alliance avec Michel Murr dans la localité n'a fait gagner au parti un important nombre de voix. « Lors des élections législatives de 2005, Pierre Gemayel (au nom des Forces du 14 Mars qui menaient la bataille contre le CPL, le PSNS et Michel Murr) avait remporté 1 300 votes, soit presque la moitié des électeurs et la liste du 14 Mars avait eu presque le même nombre de voix lors des législatives de 2009, et ce en ayant Murr pour allié », explique-t-il.
Pour mieux sceller son alliance avec le CPL, le PSNS a fermé hier sa permanence à Beit Chabab. Les délégués du parti se sont installés, pour gérer les élections, à la permanence du CPL du village. Ici, partisans PSNS et CPL mettent l'accent sur les points communs et les visions communes entre les deux partis, notamment en ce qui concerne l'idée qu'ils ont des alliances chrétiennes au Moyen-Orient. Fouad Nakhlé, responsable du CPL à Beit Chabab, souligne que « même si les membres de la liste qu'il soutient ne siègeront pas à la municipalité, le CPL a gagné à Beit Chabab car il a pu mener la bataille avec ses véritables alliés du PSNS avec qui il a déjà mené deux élections législatives ».
Dans les bureaux de vote, beaucoup d'électeurs de Beit Chabab reconnaissent que la bataille est politique par excellence, malgré la présence des indépendants et des familles. Ici, même si l'on a soif de projets de développement, on vote selon ses convictions partisanes.
Le même cas de figure se présentait à Mazraet-
Yachouh où trois listes étaient en lice. Et c'est presque cette même atmosphère qui régnait à Aïntoura el-Metn, le village le plus élevé du caza. Ici, malgré les influences des familles, on votait selon son appartenance politique. Ainsi, dans ce village perché du Metn, deux listes s'affrontaient : l'une était soutenue par Michel Murr, le CPL et le PSNS et regroupait une majorité de candidats appartenant à la famille Azar, et l'autre était soutenue par les Kataëb et regroupait une majorité de candidats de la famille Hajj (ces deux familles étant les plus importantes du village). Cette dernière liste était également soutenue par des membres de la famille Azar ayant des affinités avec les Forces du 14 Mars ou voulant s'affirmer contre les alliés de Michel Murr au village.
Le même cas de figure se présentait à Baskinta où les Forces du 14 Mars se sont opposées à l'alliance du CPL et du PSNS.

Dhour Choueir et Beit Méry
À Dhour Choueir-Aïn el-Sindyaneh, deux listes regroupant des membres du PSNS s'affrontaient. L'une, présidée par Élias Abou Saab, était soutenue par le CPL et la branche du PSNS relevant de Georges Abdelmassih, et l'autre, présidée par l'actuel président du conseil municipal Naïm Sawaya, était soutenue par la branche du PSNS relevant de Assaad Hardane, majoritaire à Dhour Choueir. L'ancien ministre Michel Murr a choisi d'opter pour la neutralité dans ce village.
C'est une bataille d'une autre dimension que livraient les habitants de Beit Méry. Ici les familles et les partis de la localité se sont alliés contre le député Ghassan Moukheiber. Ainsi le CPL, les Kataëb, le PNL, le Bloc national, le PSNS et des indépendants représentant toutes les familles de la localité se sont regroupés pour faire face à la liste soutenue par l'actuel député du Metn et qui représente également des familles du village.
Ici, l'on explique que même si la majorité des habitants de Beit Méry votent pour l'enfant du pays, Ghassan Moukheiber, durant les législatives, elle peut avoir d'autres options pour les municipales.
Antoun Maroun, actuel président du conseil municipal, qui était soutenu il y a six ans par Ghassan Moukheiber et qui se présente aujourd'hui sur la liste qui tient tête au député, explique : « Nous voulions parvenir à un consensus et épargner au village une telle bataille, mais notre député a voulu nommer à la liste de coalition neuf personnes qui lui sont proches sur les quinze membres du conseil municipal. Nous avons donc décidé d'agir en conséquence. »

Retour au littoral
À Dekwané, deux listes étaient en lice, l'une présidée par Antoine Chakhtoura et soutenue par Michel Murr, le CPL et les Forces Libanaises, et l'autre présidée par Joseph Michel Bou Abboud et présentant des candidats Kataëb.
À Zalka-Amaret Chalhoub, deux listes s'affrontaient, l'une soutenue par Michel Murr, les Kataëb et les Forces libanaises, et l'autre par le CPL et le PSNS. Jacques Abou Jaoudé, dont le frère Georges Abou Jaoudé se présente en tant que candidat indépendant aux élections, souligne que le CPL n'a pas respecté les équilibres familiaux à Zalka-Amaret Chalhoub, ce qui n'est pas le cas de la liste présidée par Michel Murr, alias « le Shérif ».
Zalka compte également des électeurs arméniens. Ils sont 300 à se présenter généralement aux urnes. Le nom de leur candidat figurait sur les deux listes opposées.
La localité compte également des électeurs chiites originaires de la Békaa, qui votent tous pour le CPL.
L'alliance entre le chef du CPL Michel Aoun et la communauté chiite du Metn s'est également illustrée dans la municipalité de Bsalim-Mezher-Majzoub, où un candidat chiite figurait sur la liste soutenue par le parti.
À Sin el-Fil, témoin d'une rude bataille, les électeurs chiites de la localité, qui sont environ 300, affirmaient « être aounistes jusqu'aux os ». La bataille était menée entre deux listes, l'une incomplète de 17 candidats présidée par Abdo Chaoul soutenue par le CPL, le Tachnag et la communauté chiite, et l'autre complète de 18 membres était présidée par l'actuel président du conseil municipal Nabil Kahalé, soutenue par les Forces libanaises, les Kataëb, le PNL et le Henchag.
La communauté arménienne, qui compte environ 500 électeurs se présentant aux urnes, était représentée par deux candidats, l'un du Tachnag sur la liste du CPL et l'autre du Henchag sur la liste de Nabil Kahalé et de la coalition du 14 Mars.
Fin de journée à Sin el-Fil : un électeur désabusé s'assoit sur une chaise en plastique et soupire. « Regardez le CPL, partout où il se présente, ses listes sont présentées comme celles du changement. Quel changement veut-il opérer à Sin el-Fil ? Nabil Kahalé est apprécié de tous. Il a construit un jardin public et des trottoirs, il veille personnellement à ce que les rues de la localité soient éclairées la nuit. Quels changements veut opérer le CPL chez nous ? Détruire les trottoirs, saccager le jardin public et nous plonger dans le noir ? »...
Dans la plupart des villages du Metn où l'on s'est livré des batailles sans merci - purement politiques - lors des élections législatives, la tendance était hier à des batailles de clans et de familles. Uniquement dans une dizaine de localités du caza, qui compte cinquante municipalités, on livrait des batailles politiques, où pesait...
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